samedi , 7 novembre 2020
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Etats-Unis : Victoire surprise de démocrates dans l’Alabama

Les Noirs d’Alabama –et de tout le pays– se sont mobilisés massivement pour élire un démocrate au Sénat dans cet Etat du Sud encore marqué par le racisme. Le parti démocrate entend reproduire la recette au niveau national.

Jamais depuis un quart de siècle les électeurs n’avaient élu de sénateur démocrate ici, mais Doug Jones, ancien procureur fédéral de 63 ans, a réussi cet exploit au terme d’une campagne fastidieuse de porte-à-porte et de contacts dans la communauté noire.

Le résultat était visible mardi devant les bureaux de vote de Montgomery, Selma et Birmingham, avec de nombreux habitants noirs venus voter « pour le changement ». Selon les sondages de sorties d’urnes, 96% d’entre eux ont voté démocrate. Ils représentaient mardi 29% des votants, alors qu’ils comptaient pour 23% des électeurs inscrits actifs.

Dans les derniers jours de campagne, l’équipe de Doug Jones a déployé sur le terrain le charismatique sénateur noir du New Jersey Corey Booker, l’ancien gouverneur noir du Massachusetts Deval Patrick, ou encore l’ancienne star de basket Charles Barkley. Barack Obama a aussi enregistré un message à destination des électeurs.

Des bénévoles venus du New Jersey, de Floride et d’ailleurs étaient également venus prêter main forte, certaines femmes portant le bonnet rose « pussy hat » de la Marche des femmes organisée à Washington après l’investiture de Donald Trump en janvier.

Un appui extérieur indispensable pour un parti moribond localement, dont l’infrastructure de terrain avait quasi-disparu. « Le parti démocrate en Alabama ne fonctionne plus depuis des années », confirme à l’AFP Richard Mauk, président de la section du parti dans le comté de Jefferson.

Melanie Jeffcoat, une bénévole blanche de Birmingham, a passé son dimanche à arpenter les rues pour rappeler aux électeurs de voter, et assurait qu’elle n’avait « jamais vu autant d’enthousiasme pour un candidat depuis Obama ». A posteriori, la militante exagérait à peine, tant certains quartiers ont vu un afflux de voix.

La participation était initialement prévue autour de 20 ou 25% – elle a finalement été d’environ 35%, selon les autorités locales.

Démocrates revigorés

« Doug Jones a gagné grâce à la participation », a estimé Keith Ellison, représentant démocrate. « Participation des Noirs, participation générale. Tout vient de l’organisation de terrain ».

Le président du parti démocrate, Tom Perez, a pris l’exemple du comté Lee, nommé en l’honneur du général confédéré Robert Lee, symbole de l’époque de l’esclavage. Donald Trump l’avait remporté l’an dernier… et Doug Jones y a battu son adversaire, le républicain Roy Moore, de 17 points.

« Les Noirs sont la colonne vertébrale du parti démocrate », a-t-il dit sur CNN mercredi. « Quand le parti démocrate s’implique tôt, on y arrive doucement mais sûrement ».

Il y a un vieux débat au parti démocrate, relancé après la défaite d’Hillary Clinton à la présidentielle: faut-il concentrer les investissements dans les régions gagnables, en laissant tomber les bastions républicains considérés comme imprenables, c’est-à-dire tout le centre des Etats-Unis et les zones rurales ?

Hillary Clinton a elle-même estimé que si les démocrates pouvaient l’emporter dans un terrain aussi peu favorable que l’Alabama, le parti pouvait absolument être compétitif « partout ».

L’autre versant de ce débat a été relancé par Charles Barkley, le joueur de basket. Il met en garde le parti démocrate qui, selon lui, « prend le vote noir et le vote des pauvres pour acquis depuis longtemps ». « Il est temps qu’ils se bougent les fesses et commencent à améliorer la vie des Noirs et des pauvres », a-t-il lancé.

La performance de l’Alabama ne doit toutefois pas tout aux Noirs.

Le démocrate a profité de la personnalité très controversée du candidat républicain, Roy Moore, un ancien magistrat ultra-conservateur qui dans le dernier mois de campagne a été accusé d’attouchements sur des mineures.

Les républicains des banlieues huppées ont voté en nombre soit pour un candidat tiers, soit pour le démocrate – une tendance notamment observée en Virginie le mois dernier, où certaines positions extrêmes du candidat républicain ont rebuté certains.

« Une partie conséquente des républicains a décidé en conscience de perdre l’élection », dit à l’AFP Marty Connors, ancien président du parti républicain de l’Alabama.

Selon lui, les démocrates ont simplement profité du fait que le candidat adverse « traînait une tonne de casseroles derrière lui ».

[Afp]

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