samedi , 7 novembre 2020
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Elections municipales : Le président vénézuélien en position de force

Le triomphe du camp du président vénézuélien Nicolas Maduro aux municipales de dimanche lui ouvre la voie à un nouveau mandat en 2018, d’autant qu’il a exclu les principaux partis d’opposition de la présidentielle, au grand dam des Etats-Unis. « La tentative de Maduro d’exclure les partis d’opposition de l’élection présidentielle est une nouvelle mesure extrême pour fermer l’espace démocratique au Venezuela et consolider le pouvoir de sa dictature autoritaire », a dénoncé lundi le département d’Etat américain.

Alors que le pays est au bord de la faillite, le chavisme (du nom du défunt Hugo Chavez, président de 1999 à 2013) a raflé 308 des 335 mairies, contre 242 précédemment, a annoncé le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV).

Lors de ce scrutin traditionnellement peu populaire, la participation a été de 47,32%, selon le Conseil national électoral (CNE).

« A présent, préparons-nous pour de grandes victoires en 2018! », a lancé dans la nuit de dimanche à lundi le dirigeant socialiste devant ses partisans.

Le Venezuela, riche en pétrole, fait face à de graves difficultés pour rembourser dans les temps à la fois sa dette souveraine évaluée à 150 milliards de dollars et celle du groupe public pétrolier PDVSA, qui en représente à elle seule 30%.

Vendredi, le pays a de nouveau été déclaré en défaut de paiement sur deux remboursements d’emprunts obligataires par l’agence de notation S&P Global Ratings.

Maduro a annoncé dimanche que les principaux partis d’opposition seraient exclus du scrutin présidentiel: « Tout parti qui n’a pas participé aujourd’hui et qui a appelé au boycott des élections ne peut plus participer », a-t-il déclaré, affirmant qu’il s’agissait là d’un « critère de l’Assemblée nationale constituante », intégralement composée de partisans du chef de l’Etat.

Lors d’une réunion lundi au Vatican, Julio Borges, le chef du Parlement, contrôlé par l’opposition mais privé de l’essentiel de ses pouvoirs par l’Assemblée constituante, a exigé des garanties « qui rendent viables des élections présidentielles justes ».

Mains libres

Craignant des fraudes, les trois principaux partis d’opposition, ceux de Henrique Capriles, Leopoldo Lopez et Henry Ramos Allup, avaient refusé de présenter des candidats aux municipales.

Plus divisés et affaiblis que jamais, les adversaires du président se voient désormais privés du scrutin présidentiel, programmé pour décembre 2018 mais qui sera sans doute avancé au premier trimestre selon nombre d’analystes.

Le résultat de dimanche « complique terriblement la capacité à se battre et de mobilisation de l’opposition, ce dont le chavisme saura surement profiter », a estimé l’analyste Luis Vicente Leon.

Le chef de l’Etat va « avancer le plus possible l’élection présidentielle pour éviter que l’opposition se regroupe », a ajouté l’expert électoral Eugenio Martinez.

Le vice-président Tareck El Aissami avait annoncé il y a quelques jours que M. Maduro, élu en 2013, briguerait un second mandat l’an prochain, malgré une popularité en berne et le contexte de crise.

Le pays a été ébranlé par la chute des cours du pétrole qui le prive de liquidités, ce qui se traduit par de graves pénuries d’aliments et de médicaments, ainsi qu’une hyper-inflation, évaluée à plus de 2.300% en 2018 par le FMI.

Mal-être

Deux ans après sa victoire historique aux législatives, où elle avait remporté pour la première fois depuis 1999 la majorité au Parlement, l’opposition se déchire entre partisans du dialogue et adeptes d’une ligne plus dure.

La coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD) peine à se remettre de sa gifle électorale aux régionales d’octobre, largement remportées par le camp présidentiel malgré les accusations de fraudes.

Six mois après une vague de manifestations qui exigeaient son départ et inquiétaient la communauté internationale par leur violence (125 morts), Nicolas Maduro semble avoir repris le contrôle de la situation et renforcé son hégémonie sur le pays.

Selon l’analyste Luis Vicente Leon, le « principal problème » de l’opposition est son absence de leader « qui la motive, qui lui permette de se réorganiser et de faire revivre l’espoir ».

Dans les rues de Caracas, le mal-être des électeurs était perceptible. « Les gens ne veulent pas voter car ils sont fatigués. Malheureusement, l’opposition n’a pas fait ce qu’il fallait », témoignait ainsi Freddy Rincon, 45 ans.

[Afp]

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