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Barack OBAMA - President américain
Barack OBAMA - President américain

RDC, éviter un chaos après le 19 décembre

Les pressions américaines visent personnellement le président Kabila et lider maximo de l’UDPS et du « Rassemblement » Etienne Tshisekedi. Au nom de l’apaisement, si les deux se cabrent, il est à craindre que les foudres américaines s’abattent sur eux. Dans une déclaration du Département d’Etat américain, les États-Unis ont invité instamment le « Rassemblement » de l’Opposition à éviter « la rhétorique incendiaire » pendant cette période où il faut rechercher la concorde en vue d’organiser des élections apaisées in fine et surtout en vue d’assurer un passage pacifique de la date du 19 décembre 2016 qui marque la fin constitutionnelle du deuxième et dernier mandat du président Kabila. Dans un langage sans équivoque, Washington invite le président Kabila à s’engager clairement qu’il ne briguerait pas un troisième mandat et ne ferait pas le coup de la modification de la Constitution pour s’assurer le maintien à son poste contrairement aux dispositions constitutionnelles qui lui interdisent de se représenter à la prochaine présidentielle.

L’avènement de Donald Trump à la Maison Blanche ne changera rien à la politique africaine des Etats-Unis. Cela au nom de la continuité de l’Etat. Pour le cas précis de la RDC, Washington a mis en garde Joseph Kabila et Etienne Tshisekedi. C’est ce qui ressort d’une déclaration du Département d’Etat, datée du 22 novembre, qui exhorte les deux protagonistes à s’allier à l’initiative de la Cenco en vue de « tracer un nouveau chemin pacifique pour l’avenir de leur pays ».

La nomination de Samy Badibanga au poste de Premier ministre, en vertu de l’accord politique du 18 octobre 2016 n’a pas réellement résolu le problème. Elle n’est pas non plus une alternative pour une sortie de crise préélectorale. A Washington, l’on reste convaincu de la nécessité, avec les facilités de la Cenco, d’un dialogue « entre l’opposition politique et le gouvernement de la RDC afin de parvenir à un consensus vers des élections crédibles et en temps voulu ». En effet, « Les États-Unis reconnaissent que les prochaines semaines seront essentielles pour déterminer si la République démocratique du Congo poursuit une voie de principes démocratiques et de compromis ou risque de retourner à la violence et à l’instabilité ».

C’est l’essentiel de la déclaration faite, hier mardi, par le département d’Etat américain, traduite de l’anglais par l’ambassade des Etats-Unis en RDC. Concernant la RDC, les Etats-Unis ne transigent pas sur le principe qu’ils ont toujours défendu, à savoir l’alternance démocratique au terme du deuxième et dernier mandat du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Que comprendre ? Tout simplement ceci que l’élection le 8 novembre du Républicain Donald Trump ne devait pas désorienter la politique africaine des Etats-Unis.

Ce qui est vrai c’est que la communauté internationale s’est engagée dès le début pour une transition pacifique en RDC tout en respectant les prescrits constitutionnels qui interdisent au président Kabila de briguer un troisième mandat à la tête du pays. Celle-ci prévenait contre une modification malicieuse de la Constitution ou l’octroi d’un nouveau mandat par voie de glissement du cycle électoral. Les Etats-Unis constituent le fer de lance de cet appel au respect de la Constitution et de ses dispositions pertinentes qui organisent l’alternance.

Dans son premier discours à Accra (Ghana) en 2009, Barack Obama soulignait que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais de fortes institutions ». Six ans après, soit en 2015, c’est à Addis-Abeba au siège de l’Union africaine que Barack Obama a récidivé : « Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de se retirer une fois leur mandat terminé. Laissez-moi être honnête avec vous. Je comprends ! Je suis privilégié de servir comme président. J’adore mon travail mais notre Constitution ne me permet pas de me présenter à nouveau. Je pense que je suis un bon président ! Si je me représentais, je pense même que je pourrais gagner ! Mais je ne peux pas… Personne n’est au-dessus de la loi, même le président. Je vais être honnête avec vous, j’ai une vie après la présidence ! ».

Cette déclaration a été accueillie par des rires et des applaudissements nourris de la salle. Les interlocuteurs de Barack Obama estimaient que « lorsqu’un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde ».

Depuis 2009 à Accra jusqu’en 2015 à Addis-Abeba, les Etats-Unis ont gardé une constance dans leur politique africaine. Ce n’est pas évident que ça change avec Donald Trump. Cette nouvelle déclaration du département d’Etat américain en est une belle illustration.

Washington cible les coupables

Les pressions américaines visent personnellement le président Kabila et lider maximo de l’UDPS et du « Rassemblement » Etienne Tshisekedi. Au nom de l’apaisement, si les deux se cabrent, il est à craindre que les foudres américaines s’abattent sur eux.

Dans une déclaration du Département d’Etat américain, les États-Unis ont invité instamment le « Rassemblement » de l’Opposition à éviter « la rhétorique incendiaire » pendant cette période où il faut rechercher la concorde en vue d’organiser des élections apaisées in fine et surtout en vue d’assurer un passage pacifique de la date du 19 décembre 2016 qui marque la fin constitutionnelle du deuxième et dernier mandat du président Kabila.

Dans un langage sans équivoque, Washington invite le président Kabila à s’engager clairement qu’il ne briguerait pas un troisième mandat et ne ferait pas le coup de la modification de la Constitution pour s’assurer le maintien à son poste contrairement aux dispositions constitutionnelles qui lui interdisent de se représenter à la prochaine présidentielle.

A cette préoccupation, le président Kabila s’était empressé de répondre devant la nation à travers le congrès qu’il respecterait la Constitution dans son intégralité d’autant plus que la loi fondamentale avait tout réglé sur le sort des institutions et de leurs animateurs. Au décryptage, cela fait plus de confusion que d’éclairages. Cette affirmation peut dire que le président Kabila s’est engagé à respecter l’article 220. L’autre interprétation que l’on est droit d’avancer sans être rationnellement accusé de procès d’intention au regard du parcours du chef de l’Etat est qu’il peut se prévaloir d’une modification de la Constitution qui est tout aussi compris dans le registre de respect dû à cette loi-mère qui prévoit des mécanismes de sa révision. « C’est aussi respecter la Constitution dans son intégralité », avait laissé entendre en son temps un cadre de la MP.

Les Etats-Unis, qui soutiennent la médiation de la Cenco en vue d’un réel compromis avec les acteurs susceptibles d’embraser le pays après le 19 décembre 2016, font de fortes pressions et menacent les uns et les autres. Le président Kabila (MP) et Etienne Tshisekedi (Rassemblement) sont invités chacun à mettre de l’eau dans leur vin. Il s’agit, en ce qui les concerne, d’éviter d’appeler le peuple à la confrontation, à la violence. « Nous exhortons la coalition du Rassemblement sous la direction d’Étienne Tshisekedi à faire des propositions constructives et pratiques et à s’abstenir de rhétorique incendiaire ou des actions incompatibles avec les normes démocratiques », lit-on dans cette déclaration.

En application de l’accord du 18 octobre, le chef de l’Etat a nommé le chef du groupe parlementaire UDPS à l’Assemblée nationale, le député Samy Badibanga, radié de l’UDPS après avoir accepté de siéger à la Chambre basse se mettant en contradiction avec le mot d’ordre du parti donné par son président Etienne Tshisekedi. Pour confirmer que l’UDPS ne soutient pas ce transfuge, le « Rassemblement » continue d’exiger le départ du président Kabila du pouvoir au terme de son mandat le 20 décembre 2016.

Pour les États-Unis, les prochaines semaines seront essentielles pour déterminer si la RDC « poursuit une voie de principes démocratiques et de compromis ou risque de retourner à la violence et à l’instabilité ».

Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration du Département d’Etat américain.

Les États-Unis appuient les efforts continus en vue d’un accord plus inclusif en RDC

Les États-Unis reconnaissent que les prochaines semaines seront essentielles pour déterminer si la République démocratique du Congo poursuit une voie de principes démocratiques et de compromis ou risque de retourner à la violence et à l’instabilité.

Nous soulignons notre soutien aux discussions facilitées par la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) entre l’opposition politique et le gouvernement de la RDC afin de parvenir à un consensus vers des élections crédibles et en temps voulu. Le succès de ces discussions, s’appuyant sur et renforçant l’accord du 18 octobre facilité par l’Union africaine, dépendra de la participation de bonne foi, des engagements sérieux et des concessions tangibles de la part de l’opposition politique et du gouvernement de la RDC.

Nous demandons instamment au gouvernement de la RDC et à l’opposition de travailler avec la CENCO pour répondre aux préoccupations qui subsistent, y compris le calendrier des élections présidentielles de 2017, des garanties que le président Kabila ne cherchera pas à briguer un autre mandat et que la Constitution ne sera pas modifiée pour permettre une indépendance accrue du leadership de la commission électorale nationale (CENI), un gouvernement de transition inclusif et un solide comité de surveillance indépendant.

Nous exhortons la coalition du Rassemblement sous la direction d’Etienne Tshisekedi à faire des propositions constructives et pratiques et à s’abstenir de rhétorique incendiaire ou des actions incompatibles avec les normes démocratiques. Pour sa part, le gouvernement de la RDC devrait saisir l’opportunité offerte par la récente nomination du Premier ministre Samy Badibanga afin de renforcer la confiance de toutes les parties prenantes et de s’acquitter de sa responsabilité de respecter et de protéger les droits fondamentaux de tous les Congolais, notamment les libertés d’expression et de réunion ainsi que le droit d’accès à l’information.

En travaillant ensemble, le gouvernement, l’opposition et le peuple congolais peuvent tracer un nouveau chemin pacifique pour l’avenir de leur pays, mais le temps presse pour parvenir à un consensus. Les États-Unis sont prêts à aider les Congolais à relever ce défi important.

Kinshasa, le 22 novembre 2016

Ambassade des Etats-Unis en RDC

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