samedi , 7 novembre 2020
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Hand shake between presidents Dos SANTOS and "Joseph KABILA".
Hand shake between presidents Dos SANTOS and "Joseph KABILA".

Luanda : soutien mitigé à «KABILA»

Mercredi à Luanda, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont fait qu’entériner ce qui se disait déjà tout bas. A l’unanimité, derrière l’hôte du sommet, le président angolais, ils ont presqu’apporté leur soutien à Kabila, promettant même, selon certaines indiscrétions, de déployer dans les tout prochains jours en RDC, une force régionale pour « garantir » la paix en RDC. Dans la majorité présidentielle, on a vite crié à la victoire, estimant que le sommet de Luanda avait donné son feu vert pour la mise en œuvre de l’accord politique convenu, le 18 octobre 2016, à la cité de l’Union africaine. Nenni ! En effet, Luanda est resté évasif quant à son soutien à Joseph Kabila, dans son mécanisme de sortie de crise en RDC. Les points 22, 23 et 24 de la déclaration du Luanda, dans sa partie consacrée à la RDC, en disent long. A l’instar d’autres acteurs de la communauté internationale, en l’occurrence les Etats-Unis et l’Union européenne, qui insistent sur l’impératif de respecter la Constitution de la RDC et de la résolution 2277 du Conseil de sécurité, le sommet de Luanda a embouché quasiment la même trompette. Ainsi, dans on point 21, la déclaration de Luanda « demande à toutes les parties de ne chercher des solutions à la crise politique que par des moyens pacifiques qui soient conformes à la Constitution de la RDC et à la Résolution 2277 du Conseil de sécurité ».

Tout en prenant distance sur certains points, notamment ceux consacrés au respect de la Constitution et de la Résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations, le sommet de Luanda s’est presque rangé derrière le chef de l’Etat, Joseph Kabila. Mais, ce soutien est mitigé. Hormis le président angolais Jose Eduardo dos Santos qui s’est montré acquis à la dynamique tracée dans l’accord politique de la cité de l’UA, la déclaration finale relève la nécessité pour toutes les parties prenantes à la crise congolaise de « respecter les principes, idéaux et aspirations du peuple congolais ». Ce qui se résume en un seul mot : l’alternance démocratique. Bref, Kabila n’est pas sorti totalement gagnant à Luanda.

Fini le sommet de Luanda.C’est au Centre de conventions de Talatona à Luanda que s’est ouverte mercredi la 7ème réunion de haut niveau du mécanisme régional de surveillance de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région des Grands Lacs. Le sommet de Luanda n’a pas dérogé à la règle. Le contraire aurait d’ailleurs étonné.

A l’initiative du président de l’Angola, Jose Eduardo dos Santos, un sommet spécial de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) s’est penché donc, hier mercredi, sur la situation politique qui prévaut autant qu’en RDC que dans d’autres pays des Grands Lacs.

Ainsi, une semaine après la signature à Kinshasa, sous le regard amusé du facilitateur, Edem Kodjo, de l’accord politique sanctionnant la fin du dialogue politique national de la cité de l’Union africaine, le chef de l’Etat est allé à la rencontre de ses pairs à Luanda. En fait, Luanda s’est invité dans la crise préélectorale qui prévaut chez son voisin.

La grande coalition

Mercredi à Luanda, les chefs d’Etat et de gouvernement n’ont fait qu’entériner ce qui se disait déjà tout bas. A l’unanimité, derrière l’hôte du sommet, le président angolais, ils ont presqu’apporté leur soutien à Kabila, promettant même, selon certaines indiscrétions, de déployer dans les tout prochains jours en RDC, une force régionale pour « garantir » la paix en RDC.

Dans la majorité présidentielle, on a vite crié à la victoire, estimant que le sommet de Luanda avait donné son feu vert pour la mise en œuvre de l’accord politique convenu, le 18 octobre 2016, à la cité de l’Union africaine. Nenni ! En effet, Luanda est resté évasif quant à son soutien à Joseph Kabila, dans son mécanisme de sortie de crise en RDC. Les points 22, 23 et 24 de la déclaration du Luanda, dans sa partie consacrée à la RDC, en disent long.

A l’instar d’autres acteurs de la communauté internationale, en l’occurrence les Etats-Unis et l’Union européenne, qui insistent sur l’impératif de respecter la Constitution de la RDC et de la résolution 2277 du Conseil de sécurité, le sommet de Luanda a embouché quasiment la même trompette. Ainsi, dans on point 21, la déclaration de Luanda « demande à toutes les parties de ne chercher des solutions à la crise politique que par des moyens pacifiques qui soient conformes à la Constitution de la RDC et à la Résolution 2277 du Conseil de sécurité ».

Plus loin, à son point 23, la déclaration rappelle, conformément aux recommandations formulées les 30 et 31 août 2016 à Swaziland au sommet de la SADC, la nécessité pour toutes les parties prenantes à la crise congolaise de é »respecter les principes, idéaux et aspirations du peuple congolais qui sont consacrées dans la Constitution ». Or, conformément à la Constitution de 2006, les aspirations profondes du peuple se résument dans l’alternance démocratique. Et rien d’autre. Dans des termes polis, les chefs d’Etat ont rappelé Joseph Kabila à l’ordre. L’a-t-on compris de la même manière dans sa famille politique ?  Apparemment, on est loin de ce cas de figure. Car, à Luanda, tout ne s’est pas décidé en faveur de Kabila. Dans la région, il fait l’objet de divergences majeures entre les ses homologues.

Dos Santos a fait son choix

Dans tous les cas, hôte du sommet, José Eduardo dos Santos a soutenu totalement le projet de mise en place d’un gouvernement de transition convenu dans l’accord politique du 18 octobre 2016. Relayé par plusieurs medias, dont l’Angop, agence officielle de l’Angola, il a estimé que la création d’un tel exécutif mettrait fin à un « climat de contestation » qui règne dans ce pays. Une rhétorique qui rompt avec la réalité sur le terrain.

Par ailleurs, le discours d’ouverture du président angolais a été un plaidoyer pour la paix en RDC. « C’est seulement avec la paix et la stabilité qu’il est possible de réaliser en RD Congo, un processus électoral sérieux, honnête et crédible pour le peuple qui votera comme pour la communauté Internationale qui témoignera le processus », a-t-il déclaré.

Aussi le président angolais a-t-il appelé les non-participants au Dialogue de la cité de l’UA, particulièrement ceux de l’Opposition radicale, à un peu plus de patience et de retenue jusqu’à la présidentielle reportée en avril 2018. « Pour ceux qui veulent arriver au pouvoir, il est important de savoir qu’ils peuvent le faire démocratiquement, en respectant la loi et la volonté souveraine des électeurs », a déclaré Jose Eduardo dos Santos, ajoutant qu’ « il vaut mieux attendre quelques mois de plus pour le faire dans de bonnes conditions de sécurité et de tranquillité plutôt que de se lancer sur les chemins incertains de la violence ».

A ceux qui se sont mis à l’écart de l’accord politique de la cité de l’UA, le président angolais a prévenu : « Il est préférable et plus facile d’arriver au pouvoir dans la paix et dans l’ordre plutôt que de prendre en charge un pays dévasté ».

Luanda, et après…

Après l’accord politique de la cité de l’UA, le sommet de Luanda est venu réconforter la position du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Mais, pour l’instant, rien n’est encore acquis. La famille politique du chef de l’Etat ferait une grave erreur de tomber subitement dans le triomphalisme. Le chemin pour une transition est encore tortueux.

Car, de retour de Luanda, Joseph Kabila, pourrait, fort de l’appui de ses pairs de la région, se lancer dans une chasse à l’homme pour taire définitivement l’Opposition. Il s’est déjà lancé sur cette voie par l’incarcération de certains ténors de l’Opposition, notamment le secrétaire général adjoint et porte-parole de l’Opposition, Bruno Tshibala. D’autres opposants devraient certainement allonger cette liste. Mais, ce n’est pas de cette manière qu’il étouffera les aspirations profondes du peuple congolais qui lui ont été rappelées mercredi à Luanda.

La prochaine manœuvre de Kabila aura pour objectif de déstabiliser complètement l’Opposition. Il le fera soit par la voie d’emprisonnement de fait, soit par le débauchage. Les leaders politiques et sociaux, qui ont décidé de s’écarter de l’accord politique de la cité de l’UA, devraient s’armer de courage et d’abnégation pour résister. Luanda n’a pas tu tous les espoirs.

Il y a des questions qui persistent. Est-ce que la communauté internationale va se dédire par rapport à la position qu’elle a toujours affichée jusqu’alors ? Quelle sera la réaction du peuple congolais ?

Autant d’inconnues qui jonchent le chemin de la transition que se sont accordé jusqu’en avril 2016 les délégués au Dialogue de la cité de l’Union africaine.

En encadré, l’extrait de la déclaration de Luanda consacré à la République démocratique du Congo.

Extraits de la Déclaration de Luanda

22. Ont condamné les violences intervenues les 19 et 20 septembre 2016 en RDC et demandé à toutes les parties de ne chercher des solutions à la crise politique que par des moyens pacifiques, qui soient conformes à la Constitution de la RDC et à la résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité. Ils sont dits favorables aux mesures qui sont prises dans le cadre de la facilitation de l’Union africaine menée par M. Edem Kodjo, avec l’appui du Groupe international de soutien ainsi qu’aux efforts déployés par S.E. le Président de l’Angola, M. José Eduardo dos Santos (Président en exercice de la CIRGL, et par S.E. le Président de la République du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso.

23. Ont pris note avec satisfaction de ce que les représentants au Sommet de la SADC, qui s’est tenu au Swaziland les 30 et 31 août 2016, ont engagé toutes les parties prenantes représentant la RDC à participer au dialogue national et à arrêter une feuille de route assortie de mesures concrètes destinées à garantir la tenue d’élections; et ont demandé à nouveau à toutes les parties prenantes de respecter les principes, idéaux et aspirations du peuple congolais, qui sont consacrés dans la Constitution, ainsi que les principes et lignes directrices de la SADC et de l’Union africaine régissant les élections démocratiques, conformément à la résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité.

24. Ont félicité le Président Joseph Kabila Kabange d’avoir convoqué le dialogue national; ont remercié toutes les parties prenantes qui y ont pris part; se sont félicités de la signature, le 18 octobre 2016, de l’Accord politique global relatif à l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes en République démocratique du Congo; ont pris note avec satisfaction des mesures prises jusqu’à présent par le Gouvernement pour renforcer la confiance; et ont engagé ce dernier, ainsi que les autres parties prenantes, à prendre de nouvelles mesures en ce sens.

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