L’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’Homme « Convention pour le respect des droits de l’Homme (CRDH) » juge négatif le bilan du couvre-feu, instauré pendant deux semaines à Butembo, dans la province du Nord-Kivu. Pour rappel, le maire de cette ville l’a instauré pour la sécuriser contre les incursions des rebelles ADF présumés ainsi que des bandits armés.
Jugeant le résultat, Jean-Paul Paluku, président de la CRDH, a déclaré le samedi 3 septembre 2016 : « Le bilan de ce couvre-feu est largement négatif parce que le pouvoir public n’est pas en mesure de nous dire combien de bandits urbains qu’il a pu arrêter, combien des égorgeurs présumés de la population qu’il a pu arrêter, à part certains leaders d’opinion, notamment les membres de la Société civile, les acteurs des droits de l’Homme, les membres des mouvements des jeunes dans la ville de Butembo et certains musiciens locaux qui ont été arrêtés par le service de sécurité ».
Pour lui, il est nécessaire que les responsables politiques associent la population dans la prise de décisions sur les questions sécuritaires. Il a renchéri : « Les responsables du pouvoir travaillent pour le peuple et ils doivent chaque fois associer la population dans la prise des décisions, même pour les questions sécuritaires, parce que la population est partout au même moment ».
Le maire soutient le contraire
Pour sa part, le maire de la ville de Butembo estime que le bilan du couvre-feu est positif. Il affirme que la population vaque librement à ses occupations et les pouvoirs publics continuent à renforcer la sécurité dans la ville.
Il sied de rappeler que ce couvre-feu a été instauré suite à une vive tension qui a régné le dimanche 21 août 2016 dans la ville de Butembo entre des policiers et des jeunes manifestants. Cela, après que la police ait interpellé treize personnes transportant des haches et machettes dans leurs bagages. Ces personnes étaient à bord d’un véhicule en provenance de Masisi, un territoire du Nord-Kivu, et se dirigeaient vers Bunia, chef-lieu de la province de l’Ituri.
Selon des sources locales, un groupe de jeunes de Butembo, informés de cette interpellation, a tenté de s’attaquer aux prévenus; avant que la police ne les dispersent par des tirs de sommation. Un des manifestants a été blessé par balles, ont fait savoir les mêmes sources.
Pris de colère, les manifestants ont alors barricadé toutes les grandes artères de Butembo en brûlant des pneus aux différents ronds-points de la ville. Ils se sont ensuite dirigés vers la résidence du maire de Butembo; avant d’être de nouveau dispersés par les éléments de la police et de l’armée.