samedi , 7 novembre 2020
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Muhindo AKILI MUNDOSI alias MUNODS - le boucher de Beni.
Gen. Muhindo AKILI MUNDOSI alias MUNDOS

RDC : Génocide permanent à Beni

Le génocide de Beni, en particulier et celui des Congolais(es), en général, ne peut pas être facilement compris en marge de  »la guerre par morceaux » mené par  »les maîtres du monde » et leurs alliés du monde unipolaire. Nous sommes là, en face d’une guerre transnationale dont les objectifs demeurent les mêmes. Fondée sur le racisme, le mépris des gens, l’instinct de domination et la thanatophobie, elle nous joue des tours quand, grâce au viol de l’imaginaire qu’elle facilité (dans la mesure où elle se mène sur le temps long), elle reconvertit les pyromanes permanents en pompiers momentanés. Elle efface de la mémoire des plus naïfs d’entre nous, des ignorants et des opportunistes ses causes matérielles, les identités de ses acteurs pléniers et leur rôle dans  »ses morceaux » sous d’autres cieux. En Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Yougoslavie, en Ukraine, etc.

Depuis le coup d’ Etat mené contre Milton Obote en Ouganda en 1986, la sous-région des Grands Lacs Africains connaît  »un génocide permanent ». Ce génocide fait partie de ce que le Pape François appelle  »guerre par morceaux ». Depuis les années 1914, le monde est en  »guerre par morceaux ». Ces  »’morceaux » sont des moments d’intensification d’une même guerre : la guerre pour l’argent, pour l’or, pour le pétrole, pour le gaz.Bref, une guerre aux dimensions racistes très prononcées menées pour l’accaparement des matières premières stratégiques et contribuant à la promotion d’un monde unipolaire dominé par les  »maîtres du monde » et leurs alliés. Elle a comme soubassement l’instinct de domination, le mépris des gens et la thanatophilie (une attirance délirante pour la mort).

Analysée de manière isolée dans un monde où les alliances avec les terroristes se font et se défont, où Mme Clinton rigole après l’assassinat de Kadhafi (en disant ; «Nous sommes venus, nous l’avons vu et nous l’avons tué ») sans être inquiétée par la justice, où Jean-Pierre Chevènement affirme qu’ils ont détruit la Libye (http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2014/08/06/25002-20140806ARTFIG00095-jean-pierre-chevenement-nous-avons-detruit-la-libye.php), la guerre contre le Congo-Kinshasa peut paraître comme étant unique en son genre. Non. C’est la même  »guerre par morceaux »). Le morceau de 1940-1945 a fait plus de 25.000.000 de morts en Russie.

Au cours de ce  »morceau », les Russes étaient tués, chassés de leurs terres, de leurs riches terres afin que  »les colons » s’en emparent. (Lire R. CHARVIN, Faut-il détester la Russie ? Vers une nouvelle guerre froide, 2016).

 »Le morceau  » du Congo-Kinshasa nous joue des tours. Elle joue sur  »l’effacement de la mémoire collective » de ses causes matérielles, de ses acteurs pléniers et de ses acteurs apparents. Il profite du rejet du livre, des idéologues et des témoins historiques de sa sauvagerie. Ce rejet fait au profit de la vidéosphère conduit à  »la défaite de la raison »’, au viol de l’imaginaire et au larbinisme. Le retournement opéré par les acteurs pléniers de ce  »morceau » est souvent fondé par la culture du déni et du mensonge. Pyromanes agissant au cœur d’un Etat profond transnational pour l’extermination des Congolais(es), ils se font photographier avec plusieurs compatriotes comme pompiers. Soufflant le chaud et le froid, ils arrivent, sur le temps assez long, à effacer de la mémoire collective congolaise leur responsabilité dans le génocide permanent qu’ils imposent au Congo-Kinshasa par leurs proxys interposés.

Lavés de leur responsabilité historique, ils peuvent jouer plus ou moins à visage découvert tout en versant des larmes de crocodiles sur le génocide congolais. Leurs proxys peuvent aussi sortir de l’ombre et se rencontrer au grand jour. La preuve est là. JOKA,  »Cheval de Troie » de Kagame le rencontre de plus en plus devant les journalistes. Il peut changer de discours sur les FDLR sans peur d’être contredit. Il peut, avec Kaguta Museveni, parler du M23 en faisant comme si ce mouvement ne participait pas de l’infiltration des institutions congolaises comme ses devanciers que sont le CNDP , le RCD et l’AFDL. Il peut parler des FDLR en faisant comme si les Congolais(es) avaient oublié qu’il y en a eues de recyclées au Rwanda et utilisées au Congo-Kinshasa dans  »la chasse aux matières premières stratégiques ». Mais aussi dans l’exacerbation de la haine ethnique entre les populations congolaises et les Hutu.

Au sujet des accusations répétées des FDLR, voici une déclaration faite en 2004 et que JOKA semble avoir oublié lors de sa dernière rencontre avec Kagame. « Depuis quelques jours, les forces armées du Rwanda ont violé notre territoire en traversant la frontière par plusieurs entrées, dans la province du Nord-Kivu. Pour justifier leur aventure criminelle les responsables rwandais avancent comme prétexte de la chasse aux groupes armés rwandais sur le territoire de la République Démocratique du Congo. Chers compatriotes, je voudrais vous rappeler que ce problème des groupes armées, qui n’a pas été créé par le peuple congolais, a servi de prétexte à la guerre que le Rwanda a menée contre notre pays depuis 1998 et qui a contribué à déstabiliser dangereusement la région des Grands Lacs. » (C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, 2009, p.162). JOKA, en disant lors de la dernière rencontre avec Kagame que le problème des FDLR qu’ils combattent ensemble semble avoir oublié que c’est  »un prétexte » pour  »une aventure criminelle de prédation et de déstabilisation ». Kokamwa !

Comment peut-il justifier  »ce déni historique »  appuyé par les rapports de l’ONU de 2001, 2002, 2003, 2006, 2010, etc. ?  »Mvula wakaleja kalume kwabo ».  »La pluie (congolaise) » aurait-elle indiqué à JOKA l’itinéraire à suivre pour la suite des événements ? L’histoire nous le dira.

En attendant, effacer cette histoire pour revenir au prétexte des FDLR est une entreprise qui réussit dans les cœurs et les esprits où l’amnésie est en train de s’installer et de créer  »un espace mental illusoire » où la lutte pour les terres, les eaux et les forêts congolaises est remplacée par celle pour la démocratie et les droits de l’homme soutenue de façon rhétorique par les pyromanes cachant les profits qu’ils tirent de la déstabilisation des Grands Lacs par leurs proxys ougando-rwandais sous le faux registre des ADF/NALU. (Pourtant, ceux-ci ne parlent pas le kinyarwanda et ne boivent pas la bière comme l’a relevé une enquête pointant du doigt les infiltrés de l’armée congolaise.)

Comment ces proxys font-ils pour tuer pendant si longtemps ? De quels appuis bénéficient-ils ?

Lambert Mende avait répondu à ces questions le 24 mars 2016 lors d’un point de presse. Il avait dit que les grandes puissances ont travaillé main dans la main avec des groupes criminels pour tuer les paisibles citoyens congolais au cours de cette  »guerre par morceaux ». Il est curieux qu’il puisse, actuellement, parler des djihadistes et appeler ces mêmes grandes puissances au secours. Curieux !.

Le génocide de Beni et les massacres extrajudiciaires de Tshimbulu révèlent plus ou moins la nature de l’Etat profond transnational menant la guerre à travers le monde depuis la nuit des temps. Il est une coalition de services secrets des grandes puissances et de leurs proxys, des entreprises multinationales et de leurs conseils d’administration ainsi que de certaines banques qui leur sont liées comme  »blanchisserie ». Cet Etat transnational utilise souvent les responsables officiels des Etats, les ONG et les experts comme ses  »petites mains ». Telle est la pieuvre aux multiples têtes face à laquelle le Congo-Kinshasa est confronté/ Elle neutralise, jusqu’à ce jour, la justice internationale.

Confrontée à la résistance de certains Etats du Sud et du Moyen-Orient, elle recourt aux service des escadrons de la mort.

Comment faut-il procéder pour lui faire face ? Le regarder en face et l’analyser à partir de la base, des collectifs citoyens. Lui trouver une réplique au niveau local, national, régional, africain et international. (Lire notre livre A quand le Congo ?, 2016) Rompre avec les circuits aliénants dont elle se sert. Le cas de la Banque mondiale et du FMI est le plus éloquent.

Connaître cette pieuvre aide à bien l’affronter. L’Iran, la Syrie et plusieurs pays de l’Amérique Latine ont remporté certaines petites victoires sur elle. Le connaître, c’est aussi savoir qu’elle ne recule jamais sincèrement comme dirait Frantz Fanon ; elle ne se convertit pas. Elle lutte sur le temps long. Les pays qui ne sont pas préparés à l’affronter sur le temps long capitulent. Le Cuba, le Vietnam, la Russie et la Chine savent ce que cela signifie que de lutter contre cette pieuvre.

Stratégiquement, ces pays constituent un ensemble d’alliés à apprivoiser sur le temps long pour renouer avec le respect du droit international et la Charte de l’ONU et refonder l’Etat congolais de demain sur l’égale souveraineté, la réciprocité et la non-ingérence dans les affaires intérieures.

Prendre les pyromanes pour les pompiers promeut le racisme, le mépris, l’esprit de domination, la bourgeoisie compradore, la perte de la mémoire collective, le viol de l’imaginaire et la larbinisme.

De ce point de vue, les Nande, malgré certaines trahisons internes, font peur aux agents de l’Etat transnational. Ils sont très avancés du point de vue organisationnel. Ce n’est pas un hasard que l’un de leurs chefs, le Père Vincent Machozi a été tué.Le génocide perpétuel qu’ils vivent ne les a pas coupés de leur culture et tradition ancestrales. Ils font peur. Ils risquent de contaminer les Congolais(es) victimes du viol de l’imaginaire et de participer activement à la refondation d’un grand pays au cœur de l’Afrique.

Tel est, à notre avis, l’un des motifs supplémentaires pour lesquels ils sont dans la ligne de mire de l’Etat transnational ensauvagés. Pour cause. Sa guerre par morceaux tient aussi à couper les gens de leur identité, de leurs cultures et de leurs traditions pour en faire des consommateurs impulsifs sur le marché néolibéral mondialisé (Lire PH. DE VILLIERS, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, 2015). Ils en sont, contre vents et marées, à leur neuvième conférence de Kyghanda Yira (.http://benilubero.com/proces-verbal-et-declaration-final-de-la-conference-manguredjipa-2016/) Ils sont capables de se rencontrer et de travailler pendant toute une semaine comme une entité culturelle et socio-économique dans un Etat failli.. Ils font peur. Ils pourraient faire tâche d’huile.

[Mbelu Babanya Kabudi]

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