« Le Premier ministre nous met dans l’incertitude, parce qu’à 6 mois de la fin du mandat du Président de la République, il n’a pas des moyens financiers pour organiser les élections, alors qu’il est nommé Premier ministre depuis 2012 », a-t-il affirmé au cours d’une séance plénière présidée par le speaker de la Chambre haute, Kengo wa Dondo.
« Nous lui avons donné des ressources de 240 millions USD chaque année dans le budget pour les élections », a rappelé le sénateur Djoli.
Il a notamment accusé le chef du gouvernement d’ « être le responsable de toute les difficultés, de toute la tension actuelle et d’éventuel glissement » dans le pays.
« L’argent, il (le Premier ministre) l’a mis ailleurs. C’est un détournement. Donc, il y a un refus manifeste d’organiser les élections pour créer intentionnellement une crise », a précisé l’ancien vice-président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Le Premier ministre, qui est très à l’aise dans la gouvernance économique, est très surpris par les effets de la situation économique, a-t-il expliqué en substance.
« La situation nous amène dans un Etat particulier », a confié Jacques Djoli qui s’est même posé la question de savoir comment le Premier ministre entend respecter le délai légal du processus électoral qui lui demande de donner des moyens à la CENI avant 90 jours pour la tenue des élections.
« Le Premier ministre doit répondre à tout moment. C’est un honneur. C’est une charge publique. Il doit assumer la responsabilité en matière politique, économique et sociale », a-t-il souligné.
D’après le sénateur Djoli, Matata Ponyo se considère, dans un gouvernement de la législature, lui-même comme « le pilier à la fois financier et économique » face aux défis de la « crise structurelle » d’une économie de vulnérabilité.
« Nous étions dans une économie extravertie à cause de la fragilité d’une croissance virtuelle et fausse, basée sur l’exploitation des matières premières », a-t-il soutenu à la prestigieuse tribune du Sénat.
Jacques Djoli est convaincu que le Premier ministre a « une approche purement comptable : ce sont les outils monétaires et budgétaires qu’il utilise ».
« C’est une fausse vulnérabilité. C’est l’indiscipline en matière financière avec les dépassements budgétaires de 400%. Où est votre orthodoxie, Monsieur le Premier ministre », a interrogé ce brillant avocat du droit public congolais.
L’ancien vice président de la CENI a dénoncé le comportement politique du Premier ministre Matata qui « gère le gouvernement comme une boutique ».
« Le Premier ministre gère-t-il ? Ou c’est le gouvernement parallèle qui gère ? », a interrogé Jacques Djoli, également professeur ordinaire à la Faculté de droit de l’Université de Kinshasa.
Le sénateur a également insisté sur la sanction que le Premier ministre a prise contre l’ancien directeur général révoqué de la GECAMINES.
Il a par ailleurs appelé le chef du gouvernement à pouvoir sauver la BIAC, pour qu’elle cesse de faire l’objet d’un « problème des règlements de compte » et d’éviter que la compagnie de transport aérien Congo Airways soit un starstime initié avec les 10 millions USD pris à l’ex-ONATRA ».
L’hostilité de Matata aux missions d’enquête dénoncée par Patrick Sessanga
Dans une intervention remarquable au débat parlementaire, le sénateur Patrick Sessanga a dénoncé, en des termes sévères, l’hostilité du Premier ministre Matata Ponyo aux missions d’enquête autorisées par la Chambre haute.
« Vous êtes hostile aux contrôles et aux enquêtes. La mission d’enquête sur les comptes ouverts par le gouvernement, en violation des lois, n’a pas abouti. Vous avez interdit aux agents des banques (commerciales) de mettre les documents à la disposition de la mission », a-t-il expliqué devant les sénateurs.
« La loi ne permet pas au gouvernement d’ouvrir les comptes dans les banques privées (commerciales) » a rappelé le sénateur Sessanga, en présence du Premier ministre dans l’hémicycle.
Il s’est posé la question de savoir pourquoi le Premier ministre sollicite l’accompagnement du Sénat, sans comprendre sa crainte au sujet de la mission d’enquête dépêchée pour auditer les comptes ouverts à ce sujet.
Le gouvernement n’a pas une politique salariale « pour rassurer la vie et l’avenir de ceux qui travaillent dans la police, l’armée, l’enseignement et le secteur médical », a-t-il martelé.
Patrick Sessanga a notamment demandé au Premier ministre de situer le niveau de la pression fiscale, après le colloque sur le coulage des recettes organisé par le gouvernement et de donner, en termes chiffrés, « le potentiel fiscal de notre pays en 2015 ».
Le sénateur s’est encore demandé pourquoi le Premier ministre Matata n’a pas donné l’argent à la CENI pour organiser les élections.
Le sénateur Léopold Ndolela a évoqué, quant à lui, le problème de la dette intérieure à l’échelle national.
Il a demandé au Premier ministre de fixer la Chambre haute sur la politique du gouvernement en matière de la dette intérieure, qui « subit la réduction drastique ».
De son côté, la sénatrice Bernadette Nkoyi Mafuta a mis un accent particulier sur la problématique de la salubrité dans la ville de Kinshasa, qui bénéficie d’une enveloppe globale de 1,4 million USD pour les 24 communes.
« Pourquoi vous ne faites pas confiance au gouverneur de la ville de Kinshasa pour appuyer la salubrité dans la capitale congolaise ? », a interrogé Bernadette Nkoyi, gouverneur intérimaire de cette juridiction administrative, après la chute du régime dirigé par le Maréchal Mobutu.
[JFK]