samedi , 7 novembre 2020
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Développement : La RDC et ses créanciers vautours

On nous dit qu’il ne peut y avoir de développement économique et social en RDC sans le FMI, la Banque mondiale, le Club de Paris… Faux. En près de 60 ans de partenariat avec ces créanciers (vautours), la RDC est toujours dans une situation économique et sociale catastrophique. Sa population est aujourd’hui plus pauvre qu’elle ne l’était il y a 60 ans. On nous dit que sans le FMI et autres créanciers, le progrès économique et social de la RDC est une utopie, la RDC ne disposant d’aucun moyen pour financer son plan de développement économique et social. Faux à nouveau. D’une part, les richesses de la RDC enrichissent en ce moment des individus à travers le monde et financent le développement de nombreux États (voyous). D’autre part, il ne vous a pas échappé que les grandes puissances s’y livrent une guerre pour le contrôle de ses immenses ressources.

La dette, un instrument de développement socio-économique de la RDC ?

Demandez un audit de la dette publique congolaise et vous verrez en effet que l’ancien stock de la dette publique congolaise n’a jamais servi au développement économique et social de la RDC. Loin d’être un instrument de développement et de bien-être, il est non seulement l’instrument par lequel tout un peuple est maintenu dans une misère indescriptible mais aussi l’instrument par lequel s’opère la confiscation de la souveraineté politique de la RDC et des États du Sud en général.

En effet, l’ancien stock de la dette publique congolaise, contractée à votre nom et aux noms des générations à venir, a principalement servi à garantir des conditions de vie confortables à votre élite politique et à leurs intermédiaires occidentaux. Cette dette publique, dont une fraction importante n’a jamais été encaissée par l’État congolais, sera néanmoins remboursée jusqu’au dernier centime par vous, vos enfants ainsi que les générations à venir.

NON à une nouvelle dette publique

Au nom d’un renversement paradigmatique, je préconise le rejet de tout programme économique dont le financement repose sur une nouvelle dette publique.

Accordée à des conditions très strictes, la dette publique enlève aux Congolais la dignité et confisque le contrôle de leurs immenses ressources (sol et sous-sol). Dès l’instant où votre élite politique s’engage pour une nouvelle dette publique, les créanciers deviennent de facto les véritables maîtres de vos ressources en confisquant le pouvoir et la souveraineté politique en tant qu’attribut essentiel d’un État.

Avec des ressources aussi importantes, comment est-ce possible qu’un fonctionnaire congolais soit payé moins que l’équivalent de 100 USD par mois ?

Le sigle COPIREP en RDC (Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’État) ne signifie sans doute pas grand-chose pour beaucoup d’entre vous. Sachez que c’est par cet organisme que les créanciers exercent un contrôle sur les immenses ressources de l’État congolais. Lors d’un entretien, un expert belge m’a confié que le COPIREP était quasi « un État » dans l’État (congolais).

Refusez tout plan ou programme économique qui céderait aux créanciers (vautours) le contrôle de vos immenses ressources ainsi que la souveraineté politique de l’Etat congolais.

Voilà pourquoi je propose un modèle (programme) de développement économique et social qui sera financé sur fonds propres de l’État congolais.

Du point de vue des mécanismes économiques, ce modèle repose sur la spécialisation des provinces de la RDC dans les domaines où elles sont les plus performantes et l’échange (commerce) entre ces différentes provinces.

Dans cette perspective et outre son rôle de régulateur et d’arbitre, l’État devra jouer un véritable rôle d’acteur économique en investissant une partie de ses revenus dans le développement d’un tissu industriel moderne et performant, en soutenant le développement des PME et en mettant à disposition conseils et appui techniques.

D’un point de vue financier ou budgétaire, ce modèle sera financé par un fonds d’investissement créé (et alimenté annuellement) par l’État central et les provinces de la RDC. Un comité de pilotage au sein duquel les provinces seront représentées, sera créé pour porter ce modèle de développement et de transformation de la RDC. Quatre-vingt pour cent de ce fonds d’investissement sera annuellement (et à tour de rôle) reversé aux provinces afin de leur permettre de financer leurs plans de développement dont les priorités seront définies au niveau local par la population.

Avec ce modèle, aucune province ne sera en retard de développement par rapport aux autres provinces. Le progrès et la transformation progressive de la RDC qui en découlera (à coup sûr) provoquera un développement harmonieux d’ici 20 ans grâce à un marché intérieur performant.

Les grands projets à caractère national ou dont l’intérêt touche plusieurs provinces, resteront sous la responsabilité de l’État central. L’ouverture économique au monde extérieur permettra à la RDC de doper son économie et de créer de la richesse grâce aux exportations (dans le cadre d’un marché africain ou panafricain).

Ce modèle économique basé sur la spécialisation et l’échange a déjà été expérimenté à l’échelle mondiale. Il suffit de le ramener à un niveau plus réduit, le niveau national.

Ce modèle a pour objectif de libérer la RDC du joug de ses créanciers et, à terme, lui restituer sa dignité et son indépendance politique.

En effet, dans l’état actuel des choses, l’État congolais ne dispose que d’un contrôle très limité sur ses immenses ressources.

Les premiers fruits, d’ici 20 ans

Ce modèle demandera à tous les Congolais de se retrousser sérieusement les manches. C’est dans la durée (d’ici 20 ans) que les Congolais récolteront les premiers fruits de ce modèle révolutionnaire de développement économique et social :

  • un enseignement de qualité ;
  • des soins de santé accessibles à tous ;
  • une vraie politique sociale ;
  • des infrastructures dignes d’un pays moderne ;
  • un revenu correct à tous les travailleurs ;
  • une allocation inconditionnelle à tous ceux qui n’auront pas trouvé un travail, afin de permettre à tout un chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine.
[© Seva-Ndibeshe, Diplômé en science politique et études européennes]

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