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Une rue a Beni, Nord-Kivu, RDC.
Une rue a Beni, Nord-Kivu, RDC.

Beni : « Joseph KABILA », complice et coupable

Dans une lettre ouverte adressé a Joseph Kabila, les coordinations de la société civile de Beni, Butembo et Lubero au Nord-Kivu confirment que plus de 1000 personnes ont été tuées dans ces trois territoires depuis le mois d’octobre 2014. « Après analyse, notre constat a été que le contexte est vraiment précaire : plus de 1116 personnes tuées en espace d’une année et demi, à partir du 2 octobre. Plus de 1470 personnes kidnappées, plus de 1000 maisons incendiées et beaucoup de déplacés de guerre de Miriki à Eringeti », détaille le président de la société civile de Beni, Teddy Kataliko. Le gouvernement congolais est complice et coupable des atrocités qui se passent à Beni, selon les observateurs.

Les coordinations de la société civile de Beni, Butembo et Lubero au Nord-Kivu ont adressé une lettre ouverte au chef de l’Etat Joseph Kabila sur les massacres des civils dans cette province de l’Est de la RDC.

Selon le président de la société civile de Beni, Teddy Kataliko, plus de 1 000 personnes ont été tuées dans ces trois territoires depuis le mois d’octobre 2014.

« Après analyse, notre constat a été que le contexte est vraiment précaire : plus de 1116 personnes tuées en espace d’une année et demi, à partir du 2 octobre. Plus de 1470 personnes kidnappées, plus de 1000 maisons incendiées et beaucoup de déplacés de guerre de Miriki à Eringeti », détaille-t-il.

La société civile de Beni, Butembo et Lubero demande au président de la République « d’assumer son pouvoir régalien comme Commandant suprême des forces armées de la République ».

Elle plaide pour l’évaluation de l’opération Sokoka 1 ainsi que des opérations conjointes menées par l’armée congolaise et la Monusco.

« Est-ce qu’il y a moyen qu’on évalue les opérations militaires en cours, mais aussi la force d’intervention de la Monusco pour savoir où en est-on, qu’est ce qui a été fait et qu’est ce qui n’a pas été fait », s’interroge Teddy Kataliko.

La partie du Nord de la province du Nord-Kivu a connu plusieurs massacres des civils depuis plus d’une année. Des massacres attribués généralement aux rebelles ougandais des ADF.

Les massacres recensés ces derniers jours ont soulevé des mouvements de protestation sur le web.

Sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Twitter, les hashtag #‎JesuisBeni et #‎JusticeforBeni ont été créés pour dénoncer la mollesse des autorités congolaises face à ce que certains internautes qualifient de «massacre en silence de la population à Beni».

Les Forces armées de la RDC ont quant à elles lancé samedi 14 mai dans la matinée une nouvelle opération militaire dénommée « Usalama » contre les rebelles ougandais des ADF dans le territoire de Beni.

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SOCIETE CIVILE FORCES VIVES DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, SOCIETE CIVILE DU NORD-KIVU COORDINATIONS TERRITORIALES DE BENI ET DE LUBERO ET URBAINES DE BENI ET DE BUTEMBO

Contacts: +243 994 009 193, +243 998 549 136,

+243 994 307 066

Mails: societecivilebeni@gmail.com, socivbeni@yahoo.fr, societecivilebbo@gmail.com

Beni, le 14 mai 2016

LETTRE OUVERTE

Adressée à Son Excellence Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo, (Avec nos hommages les plus déférents)

Concerne : Situation sécuritaire préoccupante dans la région

Excellence,

Nous, membres des Forces vives des Territoires de Beni et de Lubero et des Villes de Beni et de Butembo, réunis à BENI en Assemblée Générale Extraordinaire ce Samedi 14 mai 2016, avons l’honneur de vous faire part des conclusions de notre rencontre.

En effet, nous avons passé en revue la situation socio- sécuritaire de notre région et avons constaté ce qui suit :

– Plus de 1116 personnes tuées sauvagement entre Octobre 2014 et Mai 2016, soit une moyenne de 60 personnes tuées par mois, ou encore une moyenne de 2 personnes tuées par jour ;

– Plus de 1470 personnes enlevées et portées disparues ;

– Plus de 1750 maisons incendiées avec, parfois, des personnes et biens calcinés ;

– Au moins 13 Centres de Santé incendiés parfois avec des malades et du personnel soignant à l’intérieur ;

– Plus de 27 Ecoles détruites, d’autres abandonnées, d’autres encore occupées soit par des déplacés, soit par des dépendants des militaires, soit par des groupes armés ;

– Plusieurs villages entièrement occupés par les groupes armés : c’est le cas des villages de Kyuto, Katundula, Ivimbo, Mwekwe, Mukeberwa, Fungulamacho, etc en Territoire de LUBERO. Plus grave encore, à Kyuto, les FDLR ont procédé à l’installation de leur chef coutumier et se sont même arrogé le pouvoir de créer et de percevoir des taxes et redevances coutumières. En Territoire de BENI, les villages de Kamungu, Maisafi, Pkwele, Kakuka, Eringeti, Tigwe, Kokola, Linzosisene, Opira, Totolito, Mamundioma, Kinziki, Vemba, Tipiomba, Masulukwede, Kadou, Kididiwe et Munzambayi sont sous menace permanente d’occupation.

– Plusieurs femmes et enfants violés ;

– Plus de 34.297 ménages en déplacement forcé et dispersés ;

– Plusieurs cas d’enfants en état d’abandon scolaire ;

– De nouvelles incursions des forces et groupes armés venant de l’étranger sur le sol congolais entrant par la Chefferie des Bashu et les Secteurs de Rwenzori, de Beni-Mbau en Territoire de BENI ainsi que par la Chefferie des Batangi en Territoire de LUBERO ;

– Des pillages systématiques des ressources naturelles et destructions méchantes des biens de la population ;

– Des déplacements collectifs et suspects des populations mono-ethniques et monolingues d’origine indéterminée avec une intension à peine voilée d’occupation des terres et de balkanisation;

– La connivence de certains Commandants et Eléments d’Unités FARDC avec les forces négatives et avec certains déserteurs qu’ils sont censés combattre ;

Excellence,

Face à ces multiples faits et violations des droits humains de nombreuses questions nous hantent :

– Pourquoi le Gouvernement congolais et la Communauté internationale hésitent-ils de qualifier les massacres ciblés de Beni et de Lubero de crime de Génocide ?

– Pourquoi le Gouvernement central ne fait-il pas de la restauration de la sécurité en Territoires de BENI et de LUBERO et en Villes de BENI et de BUTEMBO une priorité comme ce fut le cas des BUNDU DIA KONGO, des ENYELES et du M23 ?

– Le Gouvernement congolais constate-t-il, comme la population, l’inefficacité de la MONUSCO avec sa Brigade d’intervention sur terrain ?

Avec cette fréquence accrue des tueries, nous craignons que la population de BENI et de LUBERO ne soit vouée à la disparition et que cette partie ne soit occupée par cette population aux origines inconnues, ouvrant ainsi la porte à la balkanisation effective.

Excellence,

Pour éviter de se trouver devant un fait accomplit et d’être assimilé aux autres complices de cette situation, les forces vives des Territoires de BENI et de LUBERO et des Villes de BUTEMBO et de BENI recommandent vivement ce qui suit :

 Au Président de la République

1. En tant que garant de l’intégrité territoriale, de l’indépendance nationale, de la sécurité des personnes et des biens, du fonctionnement régulier des Institutions et en tant que Commandant Suprême des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, de déplacer l’Etat Major Général de Kinshasa au Nord- Kivu, en vue de suivre de près la situation ci-haut décrite ;

2. D’interdire aux militaires le commerce et l’exploitation des ressources naturelles au détriment de leur mission première ;

3. D’instruire toute la chaine administrative de cesser de culpabiliser les populations locales – cela nous tue doublement – et d’assumer leur responsabilité en identifiant et en poursuivant les coupables ;

 Au Gouvernement Central

1. De relever tous les militaires des Unités issues du brassage et dumixage notamment les ex-CNDP, les ex-M23, et les autres mouvements politico-militaires qui ont œuvré au Nord-Kivu depuis 1998 à nos jours, présentement en action dans les opérations SOKOLA 1 ou USALAMA ;

2. D’accorderauxmortsdesTerritoiresdeBENIetdeLUBERO,desVillesdeBENIet de BUTEMBO la même attention que celle accordée aux autres ;

3. D’accélérer le processus de rapatriement des rebelles Rwandais FDLR et leurs dépendants où qu’ils soient dans leur pays d’origine ;

4. De faire le suivi, à travers l’organe approprié, des éléments ex-M23 se trouvant dans les pays voisins notamment en Ouganda et au Rwanda ;

5. D’abandonner le langage de présomption qui évoque régulièrement les «présumés ADF/NALU » et de dire clairement l’identité des tueurs. Les capturés peuvent être mis en contribution pour cela.

 Aux Parlementaires nationaux

1. Aux Députés de maintenir la décision de se retirer de leur hémicycle, et aux Sénateurs de leur emboiter les pas, aussi longtemps que les solutions pour la paix et la sécurité ne sont pas trouvées.

2. Spécifiquement aux Elus des entités affectées par les massacres, de regagner leurs fiefs électoraux pour concertation avec les forces vives ; Au Gouverneur et au Gouvernement provincial du Nord-Kivu

1. De venir justifier et expliquer aux Forces vives l’origine et le mobile du déplacement collectif des populations Rwandophones d’autant plus que les massacres que nous déplorons correspondent au moment de leur arrivée dans les entités en proie aux tueries.

 Aux Députés provinciaux élus des Territoires de BENI et de LUBERO, des Villes de BENI et de BUTEMBO

1. De regagner leurs fiefs électoraux pour concertation avec les ForcesVives;

 Aux Autorités locales

1. De cesser de duper la population par des propos qui viennent de leur hiérarchie car « mieux vaut obéir à sa conscience qu’aux lois injustes ».

2. De laisser aux medias ainsi qu’aux acteurs de la Société civile le droit à la liberté d’expression garanti par la constitution.

 A la Communauté Internationale

1. De déclarer comme crime de génocide les massacres ciblés des Territoires de BENI et de LUBERO et des Villes de BENI et de BUTEMBO et de diligenter une enquête internationale indépendante en vue d’identifier les auteurs et de les juger ;

2. D’évaluer les actions de la MONUSCO avec sa Brigade d’Intervention et de rendre public le rapport d’évaluation. Nous réclamons une opération du genre ARTEMIS pour mettre fin à ces massacres odieux ;

3. D’exiger du Rwanda et de l’Ouganda de cesser tout soutien aux Génocidaires opérant en Territoires de BENI et de LUBERO et en villes de BENI et de BUTEMBO.

Excellence,

En plus de ces recommandations, l’urgence de la situation dicte aux Forces vives des Territoires de BENI et de LUBERO et des Villes de BENI et de BUTEMBO les actions suivantes :

1. L’observation par toute la population des Territoires de BENI et de LUBERO et des Villes de BENI et de BUTEMBO de trois journées villes mortes à partir du Mercredi 18 mai au Vendredi 20 mai 2016 en mémoire de 1116 personnes tuées sauvagement dans la région ;

2. La suspension par la population de tout payement des taxes et impôts jusqu’au rétablissement de la paix et la sécurité (cessation des massacres) ;

3. Le déboisement par la population du Parc National des Virunga, des réserves et des forêts environnantes qui servent de cachette aux tueurs – malgré les recommandations pertinentes de la COP 21 – si le Gouvernement Congolais et la Communauté Internationale ne s’empressent pas à anéantir les génocidaires ;

4. Lerefusdel’aidehumanitairecarnousnevoulonsquelapaix;

5. La mobilisation de la population pour une assistance en vivres et non vivres au bénéfice des rescapésconformément aux programmes indiqués par les Coordinations de la Société civile respectives ;

6. L’appel à la solidarité d’autres Provinces, de la diaspora congolaise et d’autres personnes de bonne volonté en faveur des rescapés des massacres et d’autres populations vulnérables ;

7. L’interdiction de toute circulation de véhicules et aéronefs de la MONUSCO et des ONG Internationales jusqu’à la restauration effective de la paix.

Dans l’espoir que le contenu de cette lettre retiendra votre meilleure attention, nous vous prions d’agréer, Excellence, l’expression de nos sentiments patriotiques.

Pour les Coordinations Territoriales de Beni et Lubero et Urbaines de Beni et Butembo

Les Participants ( Liste en Annexe)

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