samedi , 7 novembre 2020
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Déstabilisation du Burundi : L’implication du Rwanda

Même les opérations et grands secrets de grands services et armées occidentaux sont connus. Les manigances du Rwanda qui recrute, forme et fait infiltrer des Burundais en RDC pour les envoyer ensuite déstabiliser le régime Nkurunziza n’ont pas échappé à la maxime qui veut qu’il n’y ait pas de secrets au monde. Les preuves sont suffisantes et les conclusions formelles : le Rwanda, qui exécute un plan impérialiste, cherche à faire porter à la RDC le chapeau de la déstabilisation du Burundi.

L’infiltration présumée en RDC des rebelles burundais en provenance du Rwanda, tel est, en substance, ce qu’il sied de retenir de la note confidentielle émanant d’un groupe d’enquêteurs indépendants et transmis au Conseil de sécurité de l’ONU en confirmation des conclusions des enquêtes des services congolais réalisées et publiées en janvier dernier. Selon RFI qui livre l’information, la note qui a fuité met directement en cause des militaires rwandais dans l’entraînement de ces Burundais dont certains sont mineurs d’après ce rapport.

Les Burundais infiltrés en territoire congolais, au Nord comme au Sud-Kivu, se recrutent parmi les éléments du putschiste Godefroid Niyombare qui, en mai dernier a tenté de renverser le régime de Pierre Nkurunziza. Tentative qui n’a pas abouti et qui a été désapprouvée, du moins très apparemment, par les USA et les capitales africaines. Ils sont aussi recrutés parmi les éléments burundais de l’ex-M23 et parmi le peuple burundais.

Le feuilleton s’ouvre avec une première arrestation avec l’interpellation de quatre individus suspects dans un quartier d’Uvira, le 28 août 2015. Les services de sécurité congolais ont alors la surprise de découvrir des cartes d’électeurs congolaises flambant neuves. Les postes frontières sont alors alertées au point que de nouveaux coups de filet sont réalisés en début septembre 2015. Selon les services congolais, il y a eu ensuite arrestations de 24 individus dont 6 mineurs, majoritairement originaires de Kirundo qui sont passés par les camps de réfugiés de Gashora ou de Mahama avant d’être envoyés dans deux camps
d’entrainement au Rwanda, Nyungwe et Higitumu. Ces deux camps peuvent être localisés sur une carte à s’en tenir aux services congolais.

Après moult prises, enquêtes et analyses, on en est venu à plusieurs évidences. D’abord, celle qui veut que ces cartes d’électeurs ne peuvent se retrouver entre les mains de ces infiltrés burundais que parce que le M23 pendant la guerre au Nord-Kivu, avait emporté cartes vierges et matériels électoraux au Rwanda dans sa fuite face aux FARDC. De là, le M23 qui a le soutien du Rwanda, utilise ces cartes et matériels pour remettre des cartes d’électeurs congolais aux gens qu’il veut faire passer pour des Congolais. Les témoignages des infiltrés capturés l’attestent. Ensuite, il y a la trouvaille parmi les Burundais infiltrés et arrêtés en septembre 2015, de trois individus qui appartenaient au M23. Tel est, principalement, le cas du Capitaine Rugamba Adalbert qui s’était rebellé avec Sultani Makenga, le Chef d’Etat-major du M23.

L’implication du Rwanda

A en croire RFI qui cite les services congolais, il n’est pas de doute que le Rwanda est impliqué dans la création de nouveaux groupes rebelles burundais. Outre le lien avec le M23, le passage dans des camps de réfugiés, ou même d’entrainement au Rwanda, il existe d’autres éléments concordants.
Un autre élément qui renforce la conviction est le réseau d’infiltration au Congo mis sur pied par les services de renseignements militaires rwandais, les DMI. Les prisonniers ont cité des officiers rwandais de l’armée et de la police rwandaises. Ce serait également l’armée rwandaise qui serait, selon les services congolais cités par la RFI, impliquée dans le convoyage de ces infiltrés vers la frontière jusqu’à la rivière de la Ruzizi.

D’après la source française, le dernier élément qui, selon les services congolais, irait dans le sens de l’implication du Rwanda, est la participation jusqu’à sa mort du chef de milice congolais, Bede Rusagara, dans l’infiltration de ces éléments burundais au Congo. Ses liens, à s’en tenir à la RFI, avec Kigali remonteraient au temps du RCD, auraient été attestés par le passé par le groupe d’experts des Nations unies. Le chef de milice congolais Bede Rusagara a été tué au cours d’un accrochage avec des militaires venus l’arrêter dans un quartier d’Uvira le 29 septembre dernier, révèle le média français.

La lecture géopolitique

Luc Michel avait dévoilé que : « « … c’est la volonté de l’Administration Obama de changer le régime politique du Burundi et de renverser le président actuel. Volonté directement affirmée lors du Sommet Usa-African Leaders en Août 2014 à Washington. Et qui concerne 13 pays africains (dont la Guinée Equatoriale, la RDC et le Cameroun). Washington a pris en main les oppositions de ces 13 Pays, dont celle du Burundi, finançant, achetant, organisant des gens qui ont choisi de devenir des fantoches et des mercenaires. En particulier, elle a organisé des groupes de jeunesse, sur le modèle développé depuis 15 ans en Europe, en Asie et en Afrique maintenant, par le Groupe International CANVAS/OTPOR, financé par Söros et la NED, la vitrine légale de la CIA. Soros qui est l’organisateur et le financier, pour le compte de l’Administration Obama, des groupes comme le Balais Citoyen (Burkinabe) et ses nouveaux petits frères de RDC, du Sénégal ou … du Burundi. Et dont l’International Crisis Group (ICG), ONG partisane dont Söros lui-même est administrateur, intervient constamment sur le dossier burundais dans les médias occidentaux, justifiant le coup d’état du jour au nom de « la logique de réconciliation »…». (Ndlr)
De là à comprendre que ce qui se passe au Burundi n’a rien de normal ou d’authentiquement ou spontanément burundais. Le survol des éléments du mécanisme de domination impérialiste dévoile que pour satisfaire ses visées géopolitiques, l’Etat-esclave ou client octroie des bases militaires, facilite la traversée de son territoire, sert de base arrière pour la sécurisation ou l’insécurisation d’autres Etats-poubelles à l’Etat-patron. Cela conduit l’Etat-client à rétribuer son patron en lui laissant la libre disposition de son sol ou de son espace maritime…(Ndlr). La conclusion qu’on en tire est telle que les USA qui ne veulent pas de Pierre Nkurunziza à la tête du Burundi se sert du Rwanda pour l’en déchoir, même s’il n’est pas exclu, ainsi que l’ont démontré beaucoup d’auteurs et analystes, que Paul Kagame, le Président rwandais a des motivations ethniques dans son implication dans le dossier burundais. Paul Kagamé verrait de mauvais œil qu’un sang mêlé comme Pierre Nkurunziza préside à la destinée du Burundi et s’activerait pour qu’un tutsi de lignée pure y règne.

En janvier dernier, RFI évoquait déjà l’existence d’une trentaine de Burundais, présumés infiltrés, détenus par les services congolais de renseignement militaire dans le Sud-Kivu. Ils disaient avoir été formés militairement au Rwanda voisin.

Aujourd’hui, poursuit le média du pentagone, les experts mandatés par le Conseil de sécurité confirment ces faits sur la foi de témoignages recueillis auprès de 18 d’entre eux dans le territoire frontalier d’Uvira. Tous, dont six mineurs, disent avoir été recrutés dans le camp de réfugiés de Mahama, dans l’Est du Rwanda en mai et juin 2015. Mais d’après les enquêteurs internationaux, ils circulaient avec des papiers d’identité congolais.

Ils disent, au sujet de l’entraînement militaire, avoir reçu avec 400 autres recrues, un entraînement militaire de deux mois dans un camp en forêt rwandaise. Tactique, maniement de fusils d’assaut, de mitraillettes ou encore idéologie auraient fait partie de la formation de certains. D’autres parlent d’entraînements à l’usage de grenades, de lance-roquettes et de mines. Une formation assurée en partie par des militaires rwandais selon ces témoignages.

Le rôle présumé du Rwanda dans la formation de ces nouveaux groupes rebelles burundais, dévoile RFI, avait déjà été pointé par les services de renseignements militaires congolais. Mais c’est la première fois que cette implication présumée est mentionnée dans un rapport international.

[Samy BOSONGO]

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