samedi , 7 novembre 2020
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Photo de John Numbi, l'homme qui a tue Floribert Chebeya
John Numbi Banza Tambo, le suspect numéro un de la mort de Floribert Chebeya and Fidel Bazana.

Floribert CHEBEYA : Une affaire qui dérange «Joseph KABILA»

« L’assassinat de Floribert Chebeya était planifié, une préméditation manifeste», a réaffirmé la sœur ainée du défunt, Mme Adélaïde Tshebeya. « On n’oubliera pas Chebeya qui travaillait pour l’humanité », a-t-elle dit, ajoutant que la reprise du procès en appel viserait à alléger les peines des 5 policiers détenus actuellement à la prison centrale de Makala et condamnés par la Cour Militaire de la Gombe. Le délégué de la Nouvelle Société civile, Robert Kabekala a évoqué les possibilités d’octroyer un prix Chebeya aux défenseurs des droits de l’homme. Cinq années après la découverte du corps sans vie de Floribert Chebeya, le 2 juin 2010 à Kinshasa, de nombreuses zones d’ombre subsistent sur les circonstances et les commanditaires de l’assassinat du militant congolais des droits humains. Retour sur les grandes dates d’un scandale qui n’a pas fini d’éclabousser le règne du président Joseph Kabila.

Rétrospective sur les grandes dates de l’affaire Chebeya
Disparition

Floribert Chebeya, président de la Voix des sans voix, ONG congolaise des droits humains, a rendez-vous le 1er juin 2010 à l’Inspection générale de la police. Il s’y rend avec Fidèle Bazana, son chauffeur. Et depuis, plus rien. Les deux hommes sont portés disparus…

2 juin 2010, Découverte macabre

Au lendemain de sa disparition, Floribert Chebeya est retrouvé mort sur la banquette arrière de sa petite Mazda grise, dans le quartier Mitendi, à Kinshasa. Il a une petite plaie au-dessus d’un œil, le cou gonflé, le nez et les oreilles ensanglantés.

2 juin 2010, Témoignage

« Je lui ai conseillé plusieurs fois de quitter le pays, pour se protéger. Mais il refusait, disait que c’était lâche. »

3 juin 2010, Premiers éléments d’enquête

La police annonce avoir trouvé des « ongles, des mèches de femmes et un paquet de préservatifs » dans la voiture de Floribert Chebeya.

5 juin 2010, Suspension

« Pour permettre un déroulement serein de l’enquête diligentée sur la mort de Floribert Chebeya », le général John Numbi est suspendu de ses fonctions d’inspecteur général de la police. C’est avec lui que le défenseur des droits humains avait rendez-vous le jour de sa disparition.

11 juin 2010, Autopsie

L’autopsie sur le corps de Chebeya effectuée à Kinshasa avec l’assistance d’experts néerlandais, ne parvient pas à déterminer les causes du décès du défenseur des droits humains.

23 juin 2010, Dossier transféré à la justice militaire

Le Parquet général de la République transfère le dossier à l’auditorat militaire, compétent, selon lui, pour poursuivre l’enquête. Mais à son niveau, le procureur général privilégie l’hypothèse du meurtre à celle de l’assassinat.

26 juin 2010, Inhumation

Cinq jours après son assassinat, Floribert Chebeya est enterré à Kinshasa. Mais le corps de son chauffeur, Fidèle Bazana, est toujours introuvable.

12 novembre 2010, Procès

Cinq mois après les faits, le procès s’ouvre devant la Cour militaire de la Gombe, à Kinshasa. À la barre, huit policiers dont le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police. Le général Numbi lui sera entendu comme « renseignant ».

16 mars 2011, Bazana déclaré mort

Plus de 9 mois après sa disparition, Fidèle Bazana, le chauffeur de Floribert Chebeya, est déclaré mort par l’état-civil. Sa femme exige alors de l’État congolais qu’il lui restitue le corps de son mari.

23 juin 2011, Verdict

Cinq des huit policiers poursuivis sont condamnés : Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police, écope de la peine capitale et est renvoyé de la police. Il en est de même de trois autres policiers qui sont en fuite. Une peine de prison à vie est également prononcée contre le dernier condamé. La partie civile interjette appel.

15 juillet 2011, Réaction

Thierry Michel, réalisateur belge, explique à Jeune Afrique que « le procès Chebeya a été exemplaire, mais justice n’a pas été rendue ».

22 février 2012, Sortie du film

« L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? » sort en salles en Belgique. Un film qui se veut « à la fois la chronique d’un procès exceptionnel et un passionnant thriller politique ».

1 mars 2012, John Numbi attaque Thierry Michel

Le général John Numbi saisit la justice belge pour faire interdire la diffusion de l’affiche du film « Affaire Chebeya, crime d’État ».

3 avril 2012, Annie Chebeya : « Je ne lâcherai rien »

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Annie Chebeya, épouse du militant des droits humains, regrette que malgré la plainte déposée contre le général John Numbi, ce dernier ne soit pas toujours jugé.

25 octobre 2012, Matata Ponyo : « Nous ne devons pas verser dans le sensationnel »

Augustin Matata Ponyo, le Premier ministre congolais, accorde une interview à RFI sur l’affaire Chebeya.

7 mai 2013, Haute cour militaire « incompétente »

Saisie en tant que juridiction d’appel, la Haute cour militaire se déclare incompétente pour instruire des questions procédurales et décide de saisir la Cour suprême de justice.

2 juin 2014, La justice sénégalaise saisie

La FIDH et les familles des victimes déposent plainte avec constitution de partie civile devant la justice sénégalaise sur la base de la loi sénégalaise dite de « compétence extra-territoriale ».

26 août 2014, Information judiciaire ouverte au Sénégal

La justice sénégalaise entend, pour la première fois, les parties civiles, et ouvre une information judiciaire dans l’affaire Chebeya.

8 janvier 2015, Inculpation d’un suspect important au Sénégal

Paul Mwilambwe, policier congolais qui était en charge de la sécurité du bureau du général John Numbi, chef de la police en RDC au moment de l’assassinat de Floribert Chebeya en 2010, est inculpé et placé sous contrôle judiciaire au Sénégal où il s’était réfugié.

21 avril 2015, Reprise du procès en RDC

Après deux ans d’interruption, le procès en appel reprend devant la Haute cour militaire.

1 juin 2015, Poursuite de la procédure au Sénégal

Le fils de Fidèle Bazana, chauffeur de Floribert Chebeya, est entendu par le juge d’instruction sénégalais.

Un fervent défenseur des droits de l’homme

L’ancien directeur exécutif de l’ONGDH La Voix des Sans Voix (VSV), Floribert Chebeya Bahizire, est « un fervent défenseur des droits de l’homme que le pays n’oubliera jamais », a affirmé lundi 1er juin 2015 à Kinshasa le conseiller du ministre de la Justice et des Droits humains, Samuel Mbemba Kabuya.

Intervenant aux pieds de la tombe de Floribert Chebeya au cimetière Mbeseke Mfuti pour célébrer le cinquième anniversaire de l’assassinat des deux défenseurs des droits humains en présence d’une crème de diplomates accrédités et d’un représentant du directeur du Bureau Conjoint des Nations Unies des droits de l’homme (BCNUDH), Mbemba Kabuya a présenté l’illustre disparu comme « un grand homme » qui « mérite donc les hommages de tout le pays ».

Les circonstances de la mort de Chebeya et de son compagnon de lutte Fidèle Bazana « ont été reconnues et confirmées par le pouvoir judiciaire comme un assassinat », a souligné le représentant du ministre de la Justice et Droits Humains.

« J’interviens au nom du ministre de la Justice et Droits Humains. (…) Je confirme que le ministère de la Justice est un partenaire des défenseurs des droits de l’homme et suit de près le procès en cours », a précisé le conseiller du ministre Thambwe Mwamba.

Une minute de silence a été observée le même jour devant la tombe de Floribert Chebeya pour honorer la mémoire des illustres disparus.

La date du 1er juin est « une occasion pour raviver la mémoire de l’opinion publique et rappeler la nécessité de la poursuite de la lutte, pour que justice soit effectivement rendue à Floribert Chebeya et Fidèle Bazara », a indiqué le directeur exécutif de la VSV, Dolly Ibefo.

« Les parties civiles, qui ont interjeté appel à la Haute Cour Militaire, n’ont aucune garantie de la manifestation de la vérité dans cette affaire avec tout récemment la décision ou mieux la stratégie de disjoindre les poursuites contre les prévenus présents et ceux prétendument en fuite », a-t- il souligné.

« La disjonction des poursuites prouve à suffisance combien les autorités Rdcongolaises tiennent coûte que coûte à l’étouffement de la vérité corroborant ainsi la thèse de crime d’Etat ciblé en planifie », a-t-il soutenu.

Octroyer un prix Chebeya aux défenseurs des droits de l’homme
« L’assassinat de Floribert Chebeya était planifié, une préméditation manifeste», a réaffirmé la sœur ainée du défunt, Mme Adélaïde Tshebeya. « On n’oubliera pas Chebeya qui travaillait pour l’humanité », a-t-elle dit, ajoutant que la reprise du procès en appel viserait à alléger les peines des 5 policiers détenus actuellement à la prison centrale de Makala et condamnés par la Cour Militaire de la Gombe.

Le délégué de la Nouvelle Société civile, Robert Kabekala a évoqué les possibilités d’octroyer un prix Chebeya aux défenseurs des droits de l’homme.

Le représentant du RENADHOC, Franck Citende a exprimé la volonté de son institution de réactiver le combat pour asseoir le respect de la dignité humaine dans le pays.

« Nous continuons à nous battre, pour que les criminels et les commanditaires de ce double assassinat soient arrêtés et jugés », a-t-il fait savoir.

La cérémonie du recueillement autour de la tombe de Chebeya a été également ponctuée des gerbes de fleurs déposées par les représentants des Pays – Bas, du Centre Carter, de la MONUSCO, du RENADHOC et de la VSV.

Cet article a été lu 5028 fois – 04/06/2016

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