samedi , 7 novembre 2020
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Moise Katumbi lors d'une conclave en Afrique du Sud.
Moise Katumbi lors d'une conclave en Afrique du Sud.

Moïse KATUMBI : La fin d’une aventure présidentielle ?

Mauvaise nouvelle pour les soutiens de Katumbi à quelque 9 mois de la présidentielle. Le Procureur général de la République vient d’ouvrir une information judiciaire à charge de Moïse Katumbi Chapwe pour usurpation présumée de nationalité. Le président de la plateforme « Ensemble pour le changement » doit répondre de ces nouvelles incriminations devant les magistrats déjà désignés, apprend-t-on des mêmes sources. Cette information fait suite à la série de révélations sur la double nationalité que Katumbi aurait détenue concurremment avec celle congolaise, laquelle est une et exclusive. Les chefs coutumiers du haut-katanga se veulent formels : « Moïse Katumbi est descendant de la lignée de nos ancêtres ». Dans sa tourmente, Moïse Katumbi peut compter sur le soutien des chefs coutumiers du Haut-Katanga. Ces derniers ont fait une déclaration dans laquelle ils soulignent que le Chairman est de la lignée royale chez les Bayeke.

Dans le lot de ces révélations, Jeune Afrique, dans son édition du 22 mars 2018, confirme la nationalité italienne de Moïse Katumbi. Selon le magazine panafricain, le nom du richissime homme d’affaires congolais figure bel et bien dans le registre de l’état-civil de la mairie de San Vito dei Normanni, une petite ville dans le sud de l’Italie, sous le nom de Moïse Katumbi d’Agnano… L’ancien gouverneur du Katanga a acquis la nationalité italienne le 3 octobre 2000, avant d’y renoncer le 13 janvier 2017. Autre détail livré par le magazine panafricain, « l’homme figurant dans le registre est né le 28 décembre 1964″, tout comme l’ancien gouverneur du Katanga.

Si devenir italien n’implique pas nécessairement le reniement ou la perte de sa nationalité d’origine, cela n’est pas le cas pour la RD Congo où la législation qui y est en vigueur ne l’autorise pas. La Constitution de 2006 interdit expressément, en son article 10, la double nationalité :  » La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec une autre.  » En ayant donc acquis la nationalité italienne, Moïse Katumbi a perdu ipso facto sa nationalité congolaise.

Sans préjuger de la suite de cette affaire, les spécialistes parlent déjà de faux et usage de faux. Car pendant les 17 ans durant lesquels il détenait la nationalité italienne, Moïse Katumbi ne pouvait pas exercer des fonctions d’Etat en RD Congo. Ces techniciens du droit font le parallèle avec le cas Chalupa. C’est de tout ça que le chairman Katumbi devra répondre devant les juges. Mais Moïse Katumbi est présumé innocent, au nom du sacro-saint principe de présomption d’innocence. Il lui appartient de présenter ses moyens de défense devant la justice.

Cet énième ennui judiciaire survient quelques jours après que l’opposant a lancé le 12 mars dernier en Afrique du sud, sa plateforme électorale  » Ensemble pour le changement « , avec pour objectif de briguer la magistrature suprême.

Selon les spécialistes du droit, Moïse Katumbi ne pourra pas concourir au scrutin prévu le 23 décembre prochain tant qu’il n’a pas fait les démarches administratives pour recouvrer sa nationalité d’origine. En tout cas l’histoire ne dit pas que l’homme d’affaires, après avoir renoncé à la nationalité italienne, a entrepris une demande formelle dans ce sens.

Les adversaires de Katumbi estiment que le contexte électoral ne met pas entre parenthèses le primat de la loi.

Le respect de la loi électorale est même un paramètre essentiel de l’engagement pour des élections apaisées. Les candidats au sommet de l’Etat ne doivent faire l’objet d’aucun doute juridique sur leur nationalité… Et donc pour eux, attirer l’attention de l’opinion et des électeurs sur cette exigence légale n’est pas une manoeuvre pour écarter un concurrent.

Moïse Katumbi n’est pas la première personnalité politique congolaise à être confrontée au problème de la double nationalité. Avant lui, nombre d’acteurs sur la scène politique ont fait cette amère expérience.

Passé dans l’opposition en septembre 2015, après avoir démissionné de ses fonctions de gouverneur et quitté le parti présidentiel, M. Katumbi, bientôt 54 ans, est l’une des grandes figures de ces dix dernières années du landernau politique congolais.

[Didier KEBONGO]

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