samedi , 7 novembre 2020
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Lutumba Simaro : Un cursus marqué par des chefs-d’œuvre

Qui d’équilibré oserait introduire une fausse note dans le concert de louanges à l’artiste musicien Lutumba Simarro ? L’immense compositeur de talent octogénaire mérite mille fois le flot d’hommages qui déferlent sur lui dans la foulée de ses soixante ans de carrière musicale. Un cursus marqué par des chefs-d’œuvre. Du monumental « Mabele » à « Maya », en passant notamment par « Kadima », « Verre cassé ». En plus, Lutumba aura réussi à se faire « panthéonisé » de son vivant. Vœu qu’il formulait déjà non sans pertinence et raison dans sa chanson culte « Mabele ».

Pas un détail dans un pays où le génie, la bravoure, le héroïsme sont des valeurs d’outre-tombe. Résultat : les hommes d’exception ne sont reconnus, célébrés qu’à titre posthume. De quoi faire se retourner les Kallé Jeef, Nico Kassanda, Mikanza Mobyem… dans leurs tombes. Chapeau tout de même au compositeur de « Maya » qui aura fait bouger les lignes. Désormais, il y a une jurisprudence Lutumba.

Pour méritoire qu’il soit, l’hommage national au compagnon de Franco Luambo Makiadi sonne quelque part comme une symphonie inachevée. Car, les cracks qui honorent et font la fierté de ce pays ne se recrutent pas uniquement dans le monde des artistes.

En sport, il est des légendes qui ont porté haut dans le firmament l’étendard du Congo-Zaïre. En particulier, en football et en basket féminin. Tels les derniers des Mohicans, quelques spécimens de ces sportifs hors normes arpentent les rues de Kinshasa ou de Lubumbashi, souvent dans l’indifférence générale. En attendant… la « béatification » posthume.

Outre le sport, la RDC compte des génies notamment dans le domaine scientifique. Des savants, des chercheurs de renom, des médecins, des ingénieurs, des professeurs… que l’Afrique nous envie. Quel sort le pays leur réserve ? Ceux-ci n’ont même pas la chance d’un hommage autre que corporatiste à leur mort.

A l’heure du nivellement par le bas et de la théâtralisation de l’espace public et donc du bling bling, les héros dans l’ombre vivent, mieux survivent et meurent. Sans tambour ni trompette. Ils n’ont que les mouches pour les pleurer. Comme l’a chanté in tempore non suspecto Lutumba dans une de ses œuvres.

L’avenue Mushie porte désormais le nom du poète Lutumba Simaro

L’avenue Mushie dans la commune de Lingwala, à Kinshasa, ne s’appellera plus comme telle. Cette célèbre artère porte désormais le nom du poète Lutumba Simaro. Ainsi en a décidé l’Hôtel de ville de Kinshasa. La débaptisation de cette avenue coïncide avec le 80ème anniversaire de cet artiste, célébré hier lundi 19 mars.

Trois concerts marqueront les festivités de 80 ans d’âge de Lutumba Simaro Masiya. L’artiste-musicien s’est d’abord produit hier lundi 19 mars au Dancing bar 1, 2, 3 chez Mama Kulutu, où lui et Luambo Makiadi ont fait la pluie et le beau temps.

Ensuite le président de Bana Ok donnera un concert le jeudi 22 mars sur rue Kamina numéro 24 au quartier Yolo-Nord. Et le vendredi 23 mars ce sera le tour la salle ShowBuzz, sur l’avenue Colonel Mondjiba, à Ngaliema, qui aura le privilège de recevoir l’artiste, dont les années ont été marquées par plus de 60 ans de carrière artistique de manière ininterrompue.

Mais en attendant ces productions scéniques, le bien heureux est comblé de cadeaux. Le chef de l’Etat a été le premier à ouvrir le bal en envoyant à l’artiste un message, par l’entremise de son directeur de cabinet. Il s’en est suivi les présents de plusieurs cadres, mandataires publics, fanatiques et autres admirateurs qui ne cessent de défiler à Lingwala, en son domicile, en vue d’honorer l’artiste.

Ce qui flatte non seulement son épouse Kelani, mais également ses voisins du quartier qui voient, à travers ces nombreux gestes, une marque de reconnaissance de tout un pays, à l’égard de celui qui a honoré la culture congolaise pendant 60 ans.

« J’ai accompli ma mission. Que les autres suivent mes pas et qu’ils n’empruntent pas des voies immorales. Je me considère comme un professeur de musique. Ce que je demande aux jeunes, c’est de bannir des insanités dans les chansons et dans la danse ». « Nous ne devons pas imiter aveuglement les cultures des autres. On doit être capable d’enseigner à travers la musique », a prôné le sage Simaro Lutumba, hier à un groupe de jeunes, venu féliciter ce baobab de la musique congolaise.

[avec José NAWEJ, R.M.]

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