L’accord, qui n’était pas acquis car plusieurs Etats membres étaient réservés sur l’idée de compromettre leurs bonnes relations avec Moscou, a été acquis au cours d’un dîner de travail.
La Première ministre britannique Theresa May a pu compter sur l’engagement du président français Emmanuel Macron et de la chancelière allemande Angela Merkel. Les trois dirigeants se sont entretenus pendant une vingtaine de minutes avant le dîner.
« L’incident de Salisbury s’inscrit dans le cadre des attaques menées par la Russie contre l’Europe », avait déclaré Mme May à son arrivée à Bruxelles. « La menace russe ne respecte pas les frontières », avait-elle insisté.
L’objectif des trois dirigeants était de durcir le projet de déclaration des 28 qui stipulait seulement que « les Etats membres prennent très au sérieux l’évaluation du gouvernement britannique selon laquelle il est très probable que la Fédération de Russie est responsable ».
– Solidarité sans faille –
Cette condamnation — dans laquelle les 28 déclarent que l’implication de la Russie est la « seule explication plausible » pour l’attaque chimique de Salisbury — permet aux dirigeants de l’UE d’afficher une solidarité sans faille avec le Royaume-Uni et d’adresser un message fort et dissuasif à la Russie.
La condamnation des Européens est un moyen de faire comprendre à Moscou qu’une telle opération — le recours présumé à un agent neurotoxique de fabrication militaire — ne restera pas impunie, a expliqué à l’AFP un responsable européen.
Certains dirigeants européens envisagent des sanctions nationales. La présidente lituanienne Daria Grybauskaité a annoncé réfléchir à expulser des diplomates russes.
La France s’est également dite prête à « de possibles mesures, décidées sur base nationale, en concertation avec d’autres pays européens », a indiqué l’Elysée.
Londres a expulsé 23 diplomates russes, présentés comme des agents du renseignement « non déclarés », pour sanctionner Moscou, et a annoncé qu’aucun membre du gouvernement ne se rendrait en Russie pour suivre les rencontres de la coupe du monde de football en juin et juillet.
La Russie a répliqué par l’annonce de l’expulsion d’un nombre équivalent de diplomates britanniques et de la cessation des activités du British Council en Russie.
A Moscou, le président Vladimir Poutine a réuni jeudi le Conseil de sécurité russe au sein duquel siègent le Premier ministre Dmitri Medvedev et tous les responsables de la sécurité, pour « un échange de points de vue sur la politique inamicale et provocatrice de la Grande-Bretagne à l’égard de la Russie », a indiqué le Kremlin.
Un juge britannique a autorisé jeudi des prélèvements de sang sur Sergueï Skripal et sa fille pour les transmettre aux experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Le policier britannique qui avait été contaminé après avoir porté secours à Sergueï Skripal et à sa fille a pu sortir de l’hôpital jeudi.
– Commerce, Brexit et zone euro –
Les dirigeants européens n’ont pas discuté jeudi de nouvelles sanctions contre Moscou. Mais cette position pourrait changer d’ici à la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE le 16 avril à Luxembourg si de nouveaux éléments permettant d’impliquer la Russie sont apportés. Un juge britannique a annoncé jeudi avoir autorisé des prélèvements de sang sur l’ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia pour les transmettre aux experts de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Ces prélèvements doivent permettre à l’OIAC de procéder à ses propres analyses de la substance utilisée au moment de l’empoisonnement et de confirmer s’il s’agit d’un agent neurotoxique de la famille « Novitchok », comme le soutient le gouvernement britannique.
La seconde journée du sommet, vendredi, sera consacrée à une discussion à 27, sans Theresa May, sur la future relation post-Brexit avec le Royaume-Uni.
Elle sera suivie, en format encore plus réduit, par un débat entre les 19 pays membre de la zone euro sur l’avenir de l’Union économique et monétaire (UEM).
[Afp]