samedi , 7 novembre 2020
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Xi Jinping : Pouvoir à vie

Le Parti communiste chinois (PCC) vient d’appeler à modifier la Constitution pour y supprimer la limite de deux mandats présidentiels de cinq ans. Cela permettrait à M. Xi, arrivé à la tête de l’Etat en 2013, d’y rester au-delà de 2023. « Il a désormais énormément de pouvoir. Mais on ne sait pas vraiment comment il compte l’utiliser », résume Kerry Brown, directeur de l’Institut Lau China au King’s College de Londres. « Si c’est pour répondre aux défis auxquels la Chine est confrontée, alors c’est positif. Sinon, cela risque d’être extrêmement problématique ».

En Chine, le président Xi Jinping décrochera dans quelques jours le feu vert pour se maintenir au pouvoir à vie: un possible facteur d’inquiétude pour le reste du monde, même si l’impact sur les relations avec l’Occident restent difficiles à prédire, selon des analystes.

Le Parti communiste chinois (PCC) vient d’appeler à modifier la Constitution pour y supprimer la limite de deux mandats présidentiels de cinq ans. Cela permettrait à M. Xi, arrivé à la tête de l’Etat en 2013, d’y rester au-delà de 2023.

« Il a désormais énormément de pouvoir. Mais on ne sait pas vraiment comment il compte l’utiliser », résume Kerry Brown, directeur de l’Institut Lau China au King’s College de Londres.

« Si c’est pour répondre aux défis auxquels la Chine est confrontée, alors c’est positif. Sinon, cela risque d’être extrêmement problématique ».

La montée en puissance de Pékin suscite parfois l’appréhension, en raison de ses revendications en mer de Chine méridionale, de l’ouverture en 2017 de sa première base militaire à l’étranger (à Djibouti), ou encore de son influence grandissante en Occident.

Xi Jinping a initié l’un des plus grands programmes d’infrastructures et de commerce de l’histoire: les « Nouvelles routes de la soie ». Un projet de 1.000 milliards de dollars qui suscite un grand intérêt — mais aussi la suspicion sur les intentions chinoises.

En Chine, la perspective d’une présidence illimitée de Xi Jinping a été célébrée par la presse officielle comme un gage de « stabilité ».

« S’il dirige le pays pendant une très longue période, les relations avec l’étranger seront stables et prévisibles », argumente Wu Xinbo, expert de la politique américaine à l’université de Fudan, à Shanghai.

Une bonne chose

L’abrogation de la limite de mandats sera très probablement adoptée par l’Assemblée nationale populaire (ANP), le parlement chinois soumis au PCC, dont la session annuelle débute lundi.

En Russie, où le président Vladimir Poutine est ancré au sommet de l’Etat depuis 17 ans, les réactions ont été globalement positives, selon Alexander Gabuev, expert de l’Institut Carnegie à Moscou.

Si des observateurs locaux ont affiché leur inquiétude face à un possible retour de l’autoritarisme en Chine, le Kremlin estime que le « maintien au pouvoir de Xi au-delà de 2023 est une bonne chose », notamment à l’heure où « les relations avec l’Occident se dégradent toujours plus chaque mois », estime M. Gabuev.

Depuis l’élection à la présidence américaine de Donald Trump, Pékin tente de combler le vide laissé par Washington après son retrait de traités commerciaux et de l’accord de Paris sur le climat.

« Mais obtenir d’un organe législatif totalement inféodé au régime l’autorisation de devenir autocrate à vie n’est pas de nature à forcer le respect des dirigeants de pays démocratiques », estime Orville Schell, de l’institut Asia Society basé à New York.

Un Xi Jinping surpuissant pourrait être ainsi mal perçu en Australie, en Nouvelle Zélande ou aux Etats-Unis, où l’influence croissante de Pékin inquiète déjà de nombreux parlementaires.

Un dictateur ?

La Maison Blanche, interrogée sur le sujet, a botté en touche, notant que la décision « revient à la Chine ».

Le président chinois se montrera probablement plus ferme en matière de politique étrangère, prédit Bonnie Glaser, analyste au Centre pour les études stratégiques et internationales à Washington.

Avec son pouvoir incontesté, Xi Jinping devrait de plus en plus être entouré de courtisans qui n’oseront pas émettre d’opinion dissonante.

« C’est peu probable qu’il bénéficie d’avis et de conseils équilibrés et objectifs. Il pourrait être victime d’un excès de confiance », s’inquiète Mme Glaser.

Cela pourrait notamment déboucher sur une affirmation « encore plus forte » des prétentions territoriales de Pékin face à ses voisins dans les mers de Chine méridionale (Vietnam, Philippines, Malaisie) et orientale (Japon), estime-t-elle.

La prolongation de mandat « suscite encore davantage d’inquiétudes sur la Chine et ses intentions à l’étranger », souligne Eric Hundman, spécialiste des relations internationales à l’Université de New York à Shanghai.

« Tout le monde va interpréter cela comme la mutation de Xi en dictateur. Ce qui rend la Chine bien plus effrayante. »

[Afp]

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