samedi , 7 novembre 2020
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Procédure de révocation : Les roumains sont descendues dans la rue pour exprimer leur soutien à la cheffe du DNA

Le ministre roumain de la Justice Tudorel Toader a lancé jeudi une « procédure de révocation » de la cheffe du parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi. Environ 2.000 personnes, selon les médias, sont descendues dans la rue à Bucarest et dans d’autres grandes villes aussitôt après l’annonce du ministre pour exprimer leur soutien à Mme Kovesi, devenue le symbole de la lutte anticorruption dans le pays. Les partis d’opposition de centre droit ont pour leur part demandé la démission de M. Toader, l’accusant de s’être « placé du côté des délinquants ». Dans un rapport d’une trentaine de pages, M. Toader a en outre reproché à Mme Kovesi, dont le mandat court jusqu’en avril 2019, d’avoir un « comportement autoritaire », de s’être impliquée dans des enquêtes menées par des subordonnés, mais aussi d’avoir « critiqué des projets de loi sur la justice » dans des interviews aux médias internationaux. Ces critiques « ont affecté de manière irrémédiable l’image de la Roumanie », a-t-il lancé.

Le ministre roumain de la Justice Tudorel Toader a lancé jeudi une « procédure de révocation » de la cheffe du parquet anticorruption (DNA) Laura Codruta Kovesi, portant à son comble la tension entre la majorité de gauche et le pouvoir judiciaire.

Lors d’une conférence de presse, le ministre a accusé Mme Kovesi, 44 ans, l’une des personnalités les plus populaires de Roumanie, d’avoir « enfreint » la Constitution et « nui à l’image » du pays à l’étranger.

« La lutte anticorruption ne peut masquer des comportements non constitutionnels, illégaux, diffamatoires à l’adresse de responsables d’institutions publiques », a affirmé M. Toader, évoquant des « faits intolérables ».

« Je déclenche la procédure de révocation de la cheffe du DNA », a annoncé ce ministre sans étiquette du gouvernement à majorité sociale-démocrate (PSD).

Selon la loi, il appartient toutefois au président de centre droit Klaus Iohannis, à couteaux tirés avec le gouvernement, de trancher sur un limogeage de cette magistrate en poste depuis 2013.

M. Iohannis, qui a toujours pris la défense de Mme Kovesi, a rapidement réagi, rappelant dans un communiqué s’être « à plusieurs reprises déclaré content de l’activité du DNA et de sa direction, un point de vue qu'(il) maintient ».

Environ 2.000 personnes, selon les médias, sont descendues dans la rue à Bucarest et dans d’autres grandes villes aussitôt après l’annonce du ministre pour exprimer leur soutien à Mme Kovesi, devenue le symbole de la lutte anticorruption dans le pays.

Les partis d’opposition de centre droit ont pour leur part demandé la démission de M. Toader, l’accusant de s’être « placé du côté des délinquants ».

Le PSD s’est en revanche félicité de la décision du ministre, « basée sur des arguments clairs et solides ».

Attaque

Dans un rapport d’une trentaine de pages, M. Toader a en outre reproché à Mme Kovesi, dont le mandat court jusqu’en avril 2019, d’avoir un « comportement autoritaire », de s’être impliquée dans des enquêtes menées par des subordonnés, mais aussi d’avoir « critiqué des projets de loi sur la justice » dans des interviews aux médias internationaux.

Ces critiques « ont affecté de manière irrémédiable l’image de la Roumanie », a-t-il lancé.

M. Toader faisait référence à une réforme de la justice, adoptée fin 2017 par le parlement et critiquée par la Commission européenne ainsi que par plusieurs chancelleries occidentales, qui craignent qu’elle porte atteinte à l’indépendance des magistrats. Plusieurs articles de ce projet de loi ont été déclarés non constitutionnels.

Le Groupe d’Etats contre la corruption (Greco), un organe du Conseil de l’Europe, qui a mené à Bucarest une évaluation de cette réforme, a une nouvelle fois souligné jeudi que les procureurs doivent « jouir d’indépendance et d’autonomie et agir en déhors de toute ingérence ».

Mme Kovesi avait déploré la semaine dernière l' »attaque » visant l’institution judiciaire, lancée par des « personnes inculpées ou condamnées » qui veulent, selon elle, décrédibiliser le DNA. Elle avait assuré avoir « toujours respecté la loi ».

Les magistrats du DNA ont poursuivi ces dernières années des centaines d’élus locaux et nationaux, s’attirant en retour l’inimitié de la classe politique et des accusations d’abus de pouvoir.

Depuis leur retour aux affaires en décembre 2016, les sociaux-démocrates, dont plusieurs élus sont visés par la justice, ont tenté d’assouplir la législation anticorruption, déclenchant une vague de contestation sans précédent depuis la chute du régime communiste fin 1989.

[Afp]

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