samedi , 7 novembre 2020
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Poutine : Preuve de mépris envers les russes

« Poutine ne mène pas une campagne électorale. Il remplit ses obligations présidentielles et cela constitue sa campagne », résume le politologue Andreï Kolesnikov, du centre Carnegie. « C’est le seul candidat sans programme. C’est très alarmant, c’est une preuve de mépris envers son peuple ». L’issue du scrutin, dont le principal opposant Alexeï Navalny a été écarté en raison de condamnations judiciaires, fait peu de doute: sauf énorme surprise, Vladimir Poutine sera réélu pour un mandat courant jusqu’en 2024, près d’un quart de siècle après avoir été désigné successeur de Boris Eltsine. Il est crédité de plus de 71,5% d’intentions de vote par un sondage publié mercredi par l’institut VTsIOM proche du gouvernement. C’est plus que son score de 2012 (63,6%) et très loin devant ses concurrents.

Sans programme, sans débat et sans opposant de poids, Vladimir Poutine se contente de faire campagne a minima pour remporter la présidentielle du 18 mars et s’offrir un 4e mandat.

Dans une usine de Rostov-sur-le-Don (sud), en réunion avec des scientifiques à Novossibirsk (Sibérie) ou commémorant la victoire soviétique face à l’Allemagne nazie à Volgograd (sud)… l’homme fort de la Russie depuis plus de 18 ans multiplie les apparitions publiques en tant que chef d’Etat mais se garde bien de toute promesse, de tout bain de foule ou de tout meeting électoral.

« Poutine ne mène pas une campagne électorale. Il remplit ses obligations présidentielles et cela constitue sa campagne », résume le politologue Andreï Kolesnikov, du centre Carnegie. « C’est le seul candidat sans programme. C’est très alarmant, c’est une preuve de mépris envers son peuple ».

L’issue du scrutin, dont le principal opposant Alexeï Navalny a été écarté en raison de condamnations judiciaires, fait peu de doute: sauf énorme surprise, Vladimir Poutine sera réélu pour un mandat courant jusqu’en 2024, près d’un quart de siècle après avoir été désigné successeur de Boris Eltsine.

A un mois du scrutin, il est crédité de plus de 71,5% d’intentions de vote par un sondage publié mercredi par l’institut VTsIOM proche du gouvernement. C’est plus que son score de 2012 (63,6%) et très loin devant ses concurrents.

Vladimir Poutine a décliné tout débat avec ses opposants et a refusé d’utiliser le temps d’antenne à disposition des candidats. Il reste cependant omniprésent sur les chaînes de télévision qui suivent ses faits et gestes.

Dans les rues, quelques affiches de campagne le montrent posant sobrement devant une carte de la Russie avec pour slogan « Un président fort pour un pays fort ».

Elles sont moins nombreuses que celles de la commission électorale qui encouragent les Russes à aller voter en proclamant « Notre pays, notre président, notre choix! ».

Le principal défi de Vladimir Poutine est d’assurer un taux de participation suffisamment élevé pour donner une légitimité aux résultats d’une élection qui semble jouée d’avance.

« Nous sommes revenus à ce que nous avions espéré laisser derrière nous après la chute du pouvoir soviétique: des élections rituelles où le résultat est programmé », a écrit le chroniqueur politique Fiodor Kracheninnikov dans l’hebdomadaire d’opposition New Times.

Campagne civilisée

Dans cette campagne électorale dénuée de suspense, l’image la plus mémorable reste celle de Vladimir Poutine se baignant dans un étang glacé pour l’Epiphanie orthodoxe.

Chaque événement auquel il a participé a été organisé de près, avec la presse maintenue à distance et des invités convaincus, telle sa venue à une réunion de maires de petites villes, dont l’un a annoncé avec émotion que ses jumeaux étaient nés le même jour que le président.

Pour le journaliste Oleg Kachine, du site d’informations Republic.ru, Vladimir Poutine « n’a pas réellement envie de faire quoi que ce soit, et c’est la principale information de cette présidentielle ».

Du côté des observateurs pro-Kremlin, le politologue Nikolaï Kalmikov se félicite d’une campagne « civilisée ».

Le président réalise « un vrai travail concret qui montre de meilleurs résultats que des sorties populistes visant à gagner un ou deux points de plus », juge cet expert de l’université Ranepa.

Nouveaux rivaux

En l’absence d’Alexeï Navalny, qui a fait descendre des dizaines de milliers de jeunes dans la rue l’an dernier et a appelé à boycotter le vote, Vladimir Poutine doit composer avec deux nouveaux rivaux: l’opposante libérale Ksenia Sobtchak et Pavel Groudinine, un homme d’affaires millionnaire désigné par le parti communiste.

Ancienne vedette de la télé-réalité devenue journaliste d’opposition, Ksenia Sobtchak propose de réunir les mécontents du système Poutine en incarnant le « vote contre tous ».

Si elle reconnaît ne miser que sur 3% des voix, elle s’est illustrée par des critiques très dures du président russe, inhabituelles dans les médias grand public.

Candidat du Parti communiste, Pavel Groudinine, directeur du « Sovkhoze Lénine », une ferme de fruits et de produits laitiers près de Moscou, se place actuellement en deuxième place malgré une couverture très négative dans les médias. Il est crédité de 7,3% des intentions de vote par l’institut VTsIOM.

Pour l’expert Andreï Kolesnikov, l' »intrigue » réelle de cette campagne réside dans ces deux personnalités: la capacité de Ksenia Sobtchak à créer un parti libéral après la présidentielle, et celle de Pavel Groudinine à prendre le relais à la tête du parti communiste de Guénnadi Ziouganov, son leader depuis la chute de l’URSS.

[Afp]

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