samedi , 7 novembre 2020
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Médiocrité, non-État… : Surprise du Révérend Ekofo à la MP de « Kabila »

La majorité au pouvoir croyait si bien faire en se déplaçant en masse pour la cathédrale du Centenaire protestant, où elle avait choisi de commémorer les 17 ans de l’assassinat de M’Zée Laurent-Désiré Kabila. La cathédrale Notre-Dame du Congo qui leur a servi pendant plusieurs années, de cadre pour le culte en mémoire du  » soldat du peuple  » a été zappée au profit de la bâtisse du centenaire protestant. Objectif : se moquer de l’Eglise catholique et montrer à ses dirigeants que le pouvoir pouvait bien se passer d’elle et trouver mieux ailleurs. Le pouvoir croyait bien prendre sa revanche sur l’Église catholique. Comme, avec Mgr Pierre Marini Bodho, président honoraire de l’Eglise du Christ au Congo, le pouvoir s’était préparé à réserver une réplique en règle à l’église Catholique. A l’occasion, tous les ténors de la MP avaient fait le déplacement de la cathédrale du Centenaire protestant. Mal lui en a pris. Car, personne ne s’attendait à la surprise que leur réservait le révérend François-David Ekofo, officiant du jour. Dans une homélie qui n’était pas loin de la déclaration du 2 janvier du cardinal Laurent Monsengwo, François-David Ekofo a passé au crible la gestion de l’Etat par l’actuel leadership. Dans la salle, c’était le calme absolu. Tous ont eu la face tournée vers le sol, esquivant – avec pointe de dépit – les flèches mouchetées du prédicateur. Retransmis en direct à la télévision nationale, en toute innocence, le sermon du prédicateur du jour a pris au dépourvu les commanditaires du culte. Et dire que, comme elle en a l’habitude, la MP n’a pas pu couper à temps le signal de la chaine nationale suivie au niveau national et international via le satellite. Qu’est ce à dire ? Est pris qui croyait prendre. La majorité au pouvoir a reçu à brûle-pourpoint une douche froide en pleine figure. Elle a encaissé, sans broncher.

En froid avec l’Eglise catholique, c’est à la cathédrale du Centenaire protestant que la majorité au pouvoir est allée commémorer, mardi 16 janvier, les 17 ans de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Le pouvoir s’attendait à tout, sauf, bien sûr, à ce fameux réquisitoire de l’officiant du jour, le révérend François-David Ekofo, qui ne l’a pas ménagé en ce qui concerne la gestion désastreuse du pays. En clair, le pouvoir a vite été rattrapé par des Protestants qui n’ont visiblement pas leur langue en poche. Douche froide pour une MP désabusée.

La majorité au pouvoir croyait si bien faire en se déplaçant en masse pour la cathédrale du Centenaire protestant, où elle avait choisi de commémorer les 17 ans de l’assassinat de M’Zée Laurent-Désiré Kabila. La cathédrale Notre-Dame du Congo qui leur a servi pendant plusieurs années, de cadre pour le culte en mémoire du  » soldat du peuple  » a été zappée au profit de la bâtisse du centenaire protestant. Objectif : se moquer de l’Eglise catholique et montrer à ses dirigeants que le pouvoir pouvait bien se passer d’elle et trouver mieux ailleurs. En causse, les événements de ces derniers jours, notamment la marche du 31 décembre 2017, l’escalade verbale entre la majorité au pouvoir et le clergé. Bref, un large fossé entre la MP et l’Eglise catholique qu’elle accuse d’appuyer la politique de l’Opposition. Le pouvoir croyait bien prendre sa revanche sur l’Église catholique. Comme, avec Mgr Pierre Marini Bodho, président honoraire de l’Eglise du Christ au Congo, le pouvoir s’était préparé à réserver une réplique en règle à l’église Catholique. A l’occasion, tous les ténors de la MP avaient fait le déplacement de la cathédrale du Centenaire protestant.

Les présidents de deux Chambres du Parlement étaient présents, avec à leur côté, le Premier ministre Bruno Tshibala, le président du CNSA, Joseph Olenghankoy et les principaux cadors de la MP. Tous étaient là, pensant que le prédicateur protestant allait les caresser dans le sens du poil.

Mal lui en a pris. Car, personne ne s’attendait à la surprise que leur réservait le révérend François-David Ekofo, officiant du jour. Dans une homélie qui n’était pas loin de la déclaration du 2 janvier du cardinal Laurent Monsengwo, François-David Ekofo a passé au crible la gestion de l’Etat par l’actuel leadership.

Dans la salle, c’était le calme absolu. Tous ont eu la face tournée vers le sol, esquivant – avec pointe de dépit – les flèches mouchetées du prédicateur. Retransmis en direct à la télévision nationale, en toute innocence, le sermon du prédicateur du jour a pris au dépourvu les commanditaires du culte. Et dire que, comme elle en a l’habitude, la MP n’a pas pu couper à temps le signal de la chaine nationale suivie au niveau national et international via le satellite. Qu’est ce à dire ? Est pris qui croyait prendre. La majorité au pouvoir a reçu à brûle-pourpoint une douche froide en pleine figure. Elle a encaissé, sans broncher.

 » Chat échaudé craint l’eau froide « , la MP a pris les précautions pour ne pas tomber dans le même piège. Elle a refusé la retransmission en direct du culte de commémoration de la mort de Patrice-Emery Lumumba. Peine perdue car, en acceptant de revenir quand même à la cathédrale Notre-Dame du Congo, l’officiant, à l’instar du pasteur protestant François-David Ekofo, a fait une homélie qui s’est inscrite dans la droite ligne du message de libération du cardinal Laurent Monsengwo.

De la Cathédrale du Centenaire protestant à Notre Dame du Congo, le ton est resté le même. Lors de la messe de commémoration de la mort de Patrice Emery Lumumba, Mgr Jean Pierre Kuambamba a exhorté les dirigeants à ne pas être à la base des malheurs des Congolais.  » Lumumba est mort pour que les Congolais vivent dans de bonnes conditions. Il a utilisé sa force pour être au service de la nation. Il a ressorti le portrait de quelqu’un qui a reçu l’onction du Christ. Réfléchissons chacun selon son rang, qu’avons-nous fait des aspirations de Lumumba qui a sacrifié sa vie pour la libération du Congo ? Nous sentons-nous concernés par les souffrances du peuple congolais ? Ne soyons pas à la base des malheurs de nos frères « , a dit Jean-Pierre Kuambamba devant plusieurs officiels.

En définitive, la MP s’est trouvée prise entre deux feux. A quel Saint va-t-elle se vouer ? Difficile à dire pour l’instant. Sauf que l’énervement doit être à son comble quand on sait que dimanche le 21 janvier 2018 le Comité laïc de coordination (CLC).

LE RÉVÉREND EKOFO SUR LES PAS DE MONSENGWO

Après Mgr Marini, l’ancien patron de l’ECC, les protestants ont retrouvé leur marque. Sur la toile, Paul Diakiese, pasteur de l’ECC, résume l’attitude de l’Eglise protestante.  » Ils ont voulu opposer l’Eglise protestante à l’Eglise catholique, alors ils ont été servis … Protestants et Catholiques ont toujours été ensemble ! Et je tiens à vous dire que dans l’Eglise protestante, il y a pire que François-David Ekofo… Finalement, ce n’est plus un problème des Catholiques ou des Protestants, mais c’est désormais un mouvement citoyen… « .

Là où le cardinal Monsengwo a fait mention des  » médiocres « , le pasteur Ekofo est allé plus loin, en indexant l’absence de l’Etat. La RDC est un  » non-Etat « , a dit l’évêque protestant. Dans la cathédrale, où tout le gotha politique était rassemblé, personne n’a su relever sa tête. Autant dire que le cardinal a semé un grain qui commence à germer dans les milieux religieux congolais. En cette année 2018, la RDC est inscrite dans une dynamique de changement, plus que jamais irréversible.

RÉQUISITOIRE INÉDIT DE L’ECC

Dans une cathédrale du Centenaire protestant plein comme un oeuf, le courageux prédicateur a déroulé son réquisitoire. Sourire aux lèvres, le pasteur Ekofo a transformé le traditionnel message d’hommages à Laurent-Désiré Kabila en un véritable rappel à l’ordre.

D’abord, à l’égard du chef de l’État, au coeur de la crise politique que traverse le pays, pour n’avoir pas quitté le pouvoir à l’issue du second et dernier mandat. Sans citer le nom de Joseph Kabila, l’officiant fait appel à une métaphore sportive. Subtile et discrète :  » J’aime bien l’athlétisme où il y a des courses à pied, surtout. Et j’aime spécialement une course : la course de relais où une personne transmet le bâton à une 2e personne, à une 3e et à une 4e. Dans l’histoire du pays, c’est pareil aussi « , a déclaré, dès l’entame, ce membre du directoire de l’ECC.

L’histoire du pays, celle de la RDC est bloquée depuis le 20 décembre 2016, date à laquelle un passage du  » bâton  » entre le président sortant et son successeur élu était censé avoir lieu. C’était la première salve du pasteur titulaire de la Cathédrale du centenaire, qui n’avait jamais aussi bien porté son nom. Surtout lorsqu’il va aborder la problématique de l’État congolais. Un État  » inexistant « , a tranché avec insistance le prédicateur. Inexistant, car la loi n’y est pas respectée, si ce n’est qu’elle est appliquée de manière discriminatoire.

Pays où malgré la règlementation, les Congolais importent des véhicules à volant à droite pour des routes susceptibles de n’accepter que des volants à gauches. L’État regarde mais préfère fermer le yeux.  » J’ai l’impression que l’État n’existe pas vraiment. L’État n’existe pas réellement « , a-t-il persisté sur fond d’une anecdote du volant.

Pour enfoncer le clou, dans ce pays qui ne souffre pas seulement de la crise politique mais aussi de la situation socioéconomique désastreuse, le pasteur fait recours au livre de Deutéronome (Chapitre 10 :14) et évoque la terre, ce  » don de Dieu aux fils de l’homme « . Une référence biblique pour rappeler aux dirigeants congolais leur responsabilité dans la situation d’un pays immensément riche mais où le peuple croupit dans la pauvreté.  » Même Dieu se demande comment nous sommes pauvres « , a-t-il enchaîné. Cette pointe d’ironie n’a pas été relevée par l’assistance déjà mise mal à l’aise. Et de mettre en garde,  » Dieu a donné la gestion du Congo à nous Congolais. Et c’est nous Congolais qui, un jour, rendrons compte à Dieu de notre gestion de sa terre, de la RDC « .

Critique et direct, le pasteur protestant a peint le tableau socioéconomique et politique sombre du pays en présence de ceux qui assurent la gestion de l’Etat au quotidien. Devant lui le président de l’Assemblée nationale, représentant personnel du chef de l’Etat, le président du Sénat, des députés nationaux et sénateurs, le Premier ministre, les membres du gouvernement, les chefs des institutions d’appui à la démocratie, les autres chefs confessions religieuses, à savoir musulman et Armée du salut, les autorités coutumières et autres.

Dans la suite de son message interpellateur, le pasteur François-David Ekofo a endossé la lutte contre la balkanisation de la RDC. Aussi a-t-il appelé les politiques au sursaut d’orgueil:  » Nous ne devons pas transmettre un territoire désuni à nos enfants parce que nous-mêmes nous avons reçu un territoire uni. Nous ne devons pas céder un millimètre de notre pays à qui que ce soit… Nous devons transmettre à nos enfants un pays où l’État est réel où tout le monde est égal devant la loi « , a-t-il martelé.

Dans la suite du message qui appelle à ne jamais trahir le Congo, longtemps véhiculé par M’Zée Laurent-Désiré Kabila, le révérend Ekofo a encore lancé une pique vers la classe dirigeante.  » Dieu nous a donné beaucoup de richesses, il nous jugera sur base de ce qu’il nous a donné « , a lancé le pasteur protestant, devant une salle totalement médusée.

Mardi 16 janvier à la cathédrale du Centenaire protestant, le message du cardinal Monsengwo a trouvé du répondant auprès de la haute hiérarchie de l’ECC. L’archevêque de Kinshasa n’aura pas prêché dans le désert.

Après la  » médiocrité « , l’ECC évoque aujourd’hui un  » Non-Etat « . Ce qui met la majorité au pouvoir dans tous ses états, au moment où le Comité laïc de coordination annonce une nouvelle marche ce 21 janvier ; pour réclamer encore et toujours la mise en oeuvre intégrale de l’Accord politique du 31 décembre 2016.

[Le POTENTIEL]

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