samedi , 7 novembre 2020
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La RDC doit contrôler ses minerais comme les arabes avaient profité du contrôle du pétrole

La RDC est souvent comparé à un  » scandale  » d’abondance géologique qui côtoie un autre scandale, la pauvreté d’une grande partie de ses 80 millions d’habitants. Après bien des péripéties, le gouvernement congolais a présenté en décembre au Parlement une révision du code minier datant de 2002 pour  » faire des mines un véritable moteur de développement du pays « , a déclaré le ministre des Mines.  » L’ancien code de 2002 se voulait attractif pour les investisseurs parce que nous étions dans une situation de guerre « , explique Henri Muhiya, du très influent épiscopat congolais. Une référence aux conflits qui ont ravagé la RDC de 1997 à 2003, notamment les régions minières de l’est.  » Nous nous sommes rendus compte que les investisseurs sont effectivement venus, mais que les bénéfices n’ont pas été répartis de façon équilibrée entre eux et le pays. On va essayer d’équilibrer « , ajoute le secrétaire de la commission « ressources naturelles » de la conférence épiscopale. Le Parlement n’a plus que quelques jours devant lui pour clôturer la session extraordinaire, convoquée spécialement par le gouvernement le 2 janvier 2018. Axé essentiellement sur des matières économiques, dont la révision du Code minier, cette session extraordinaire du Parlement a été occultée par des tensions politiques, exacerbées, notamment par la marche lancée le 31 décembre 2017 par le Comité laïc de coordination. Mais, au Parlement, la révision du Code ne fait pas l’unanimité dans les milieux des opérateurs miniers. Les frustrations sont bien visibles. Et les miniers ne s’en cachent pas. Certains vont plus loin et dénoncent une forte détérioration du climat des affaires qui risquent d’estomper l’élan de reprise que l’on observe depuis un temps dans l’industrie minière. La révision du Code minier de 2002 est passée en phase finale. Après l’adoption en première lecture du projet gouvernemental à l’Assemblée nationale, le projet se trouve présentement au Sénat où les sages du Parlement font le dernier toilettage, avant de transmettre le texte adoptée au président pour promulgation. Lancé depuis 2012, à l’occasion de 10 ans du Code minier, ce processus a connu des moments fortement agités, dus notamment aux nombreuses divergences entre les parties en discussion, à savoir le gouvernement, la Société civile et les opérateurs miniers. Finalement, le gouvernement a décidé d’y aller en solitaire en faisant fi de nombreuses recommandations des opérateurs miniers et de la Société civile. Au moment où la reprise se lit déjà dans l’industrie minière, à la suite d’un vent de reprise des cours de principaux métaux, principalement le cuivre et le cobalt, en RDC, on craint que le pays ne soit pas en mesure d’en tirer profit. Dans l’industrie minière, la panique gagne déjà du terrain. Certains opérateurs miniers n’excluent plus la possibilité de revoir, voire suspendre momentanément leurs investissements. Il faut donc craindre que les miniers optent pour la délocalisation, notamment vers la Zambie pour l’industrie cuprifère du Grand Katanga. Par la faute du gouvernement, qui a décidé d’imposer son point de vue dans la révision du Code minier de 2002, le désespoir commence à gagner l’industrie minière. Le pire est à venir, commentent des spécialistes du secteur. Ce qui serait préjudiciable pour l’Etat, au moment où, en cette année électorale, il fonde tous ses espoirs dans l’industrie minière pour faire face aux nombreuses priorités inscrites dans le budget 2018, dont le financement des élections de décembre 2018. Avec l’enlisement de la crise politique, combinée à l’incertitude qui gagne le secteur minier, il faut craindre qu’en 2018, l’Etat congolais se retrouve dans une situation de banqueroute.

LA RDC DOIT CONTRÔLER SES MINERAIS

La République démocratique du Congo, qui regorge de matières premières, s’apprête à réviser son code minier jugé trop favorable aux capitaux étrangers, pour que son économie profite aussi de l’envolée des cours du cobalt et du cuivre. Le boom mondial des batteries de smartphones et de voitures électriques a provoqué une flambée de prix du cobalt à 75 000 dollars la tonne (+127% en un an). Premier producteur mondial : la République démocratique du Congo. La RDC est aussi le premier producteur africain de cuivre, qui s’échange sur le marché des métaux à Londres à plus de 7 000 dollars la tonne pour la première fois depuis trois ans et demi. La production congolaise de cuivre a explosé de 27 000 tonnes en 2002 à plus d’un million de tonnes en 2016, indique le préambule du nouveau code minier. Du Katanga (Sud-est) aux régions du Kivu (Est) en passant par le Kasaï (centre), le sous-sol offre aussi à l’économie mondiale de l’or, du diamant, du coltan… L’ex-Zaïre est souvent comparé à un « scandale » d’abondance géologique qui côtoie un autre scandale, la pauvreté d’une grande partie de ses 80 millions d’habitants. Après bien des péripéties, le gouvernement congolais a présenté en décembre au Parlement une révision du code minier datant de 2002 pour  » faire des mines un véritable moteur de développement du pays « , a déclaré le ministre des Mines Martin Kabwelulu, chargé du dossier depuis février 2007.  » L’ancien code de 2002 se voulait attractif pour les investisseurs parce que nous étions dans une situation de guerre « , explique à l’AFP Henri Muhiya, du très influent épiscopat congolais. Une référence aux conflits qui ont ravagé la RDC de 1997 à 2003, notamment les régions minières de l’est.  » Nous nous sommes rendus compte que les investisseurs sont effectivement venus, mais que les bénéfices n’ont pas été répartis de façon équilibrée entre eux et le pays. On va essayer d’équilibrer « , ajoute le secrétaire de la commission « ressources naturelles » de la conférence épiscopale, qui a amendé le texte.

PATRIOTISME ÉCONOMIQUE

Le texte, adopté par l’Assemblée et en discussion au Sénat, prévoit  » l’élargissement de l’assiette et le relèvement des taux de la redevance minière « . Il prévoit des taux allant jusqu’à 5% pour les « métaux stratégiques » (dont probablement le cobalt) et 6% pour les pierres précieuses. La loi fixe actuellement un taux de 1% mais qui a été relevé à 2,5% dans certaines entreprises. Kinshasa abat aussi la carte du patriotisme économique : relèvement de la participation de l’État dans le capital des sociétés minières et sous-traitance exclusivement réservée  » aux seules sociétés dont la majorité du capital est détenue par des Congolais « . La RDC veut enfin la mise en oeuvre effective du rapatriement de 40% des recettes des ventes de minerais à l’exportation. Les multinationales ont estimé que ce nouveau code minier allait  » affaiblir significativement la confiance des investisseurs « , dans une lettre aux présidents de deux Chambres du Parlement. Les signataires sont les filiales congolaises des géants du secteur, China Molybdenum, le Suisse Glencore, Rangold, l’Australo-Chinois MMG.  » Nos partenaires depuis quinze ans nous ont – le mot n’est pas fort – trompés et nous ont volés. Cela doit s’arrêter « , avait tempêté en novembre le PDG de la toute puissante société publique congolaise Générale des carrières et des mines (Gécamines, capital 100% étatique), Albert Yuma.

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La RDC doit contrôler ses minerais comme  » nos frères arabes avaient profité du contrôle du pétrole « , avait ajouté M. Yuma, à la tête du patronat congolais et proche du président Joseph Kabila. Dans l’esprit du nouveau code minier, la Gécamines annonce aussi des nouveaux partenariats avec une  » répartition actionnariale plus égalitaire  » en augmentant la part de l’Etat, actuellement de 17%, et l' » implication réelle et croissante des cadres congolais ». Ce nouveau code et ces nouveaux partenariats suffiront-il pour que les richesses de la République démocratique du Congo soulagent la pauvreté des Congolais, qui se demandent parfois résignés :  » Mais où va l’argent du pays ?  » [F.K./AFP/LP]

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