samedi , 7 novembre 2020
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La crise politique en RDC tue la musique congolaise

Quand la politique ne marche pas dans un pays, il est aussi difficile que d’autres secteurs de la vie puissent connaître l’essor. Puisque tout dépend d’elle. Au Congo-Kinshasa, la musique subit impérativement les conséquences de cette crise économico-politique dont les répercussions directes se font sentir dans la société où les professionnels de l’art d’Orphée ne savent même plus à quel saint se vouer.

2017 n’a pas été une année riche en événements culturels, particulièrement la musique, en République démocratique du Congo où l’attention du peuple est complètement captivée par la crise politique et sociale grave. D’où, l’art l’Orphée a d’office perdu sa pertinence, contrairement au football, qui attire davantage la curiosité des congolais. Au-delà des polémiques entre musicien, jeunes ou vieux, il ne s’est produit aucun évènement de grande envergure en 2017 dans l’ex-Zaïre. Or, le pays de Franco Luambo était réputé, à une certaine époque, comme terre et plaque tournante de la musique en Afrique. Par ailleurs, la disparition de la légende de la chanson française, Johnny Halliday, a dominé les lignes de médias et surtout a mis en émoi les fans du rock à travers le monde.

Quand la politique ne marche pas dans un pays, il est aussi difficile que d’autres secteurs de la vie puissent connaître l’essor. Puisque tout dépend d’elle. Au Congo-Kinshasa, la musique subit impérativement les conséquences de cette crise économico-politique dont les répercussions directes se font sentir dans la société où les professionnels de l’art d’Orphée ne savent même plus à quel saint se vouer.

Qu’à cela ne tienne, certains artistes ont tenté de se faire entendre grâce à leurs actions spectaculaires et œuvres posées dans le bon ou mauvais pour se défendre et éblouir la scène sur place, tout comme à l’extérieur du pays.



Ferré-Fally-Fabrigas et Karmapa se distinguent !

Sur le plan discographique, on a noté la sortie d’une dizaine d’albums sur le marché du disque congolais dont 80% de chansons sont passées inaperçues dans les oreilles des mélomanes. Dans la minorité, on retrouve quelques musiciens qui ont distingué grâce à leurs œuvres et ont aussi marqué le public durant toute l’année. Par exemple : l’album « Qu’est-ce que j’avais dit » de Ferré Gola,  » Cursus  » de Fabregas et son groupe Villa Nova,  » Tokoss  » de Fally Ipupa, « 7 jours de la semaine » de Werrason avec son titre phare  » Zenga Loketo  » ainsi que « Caligula  » de Karpama et  » 6ème volume de la série de classiques de la rumba de la chanteuse Faya Tess.

Par ailleurs, certains leaders de la chanson n’ont pas été présents sur le marché mais très performants en terme de productions scéniques dans la capitale. Citons le cas de JB MPIANA qui a revu à la hausse la bourse lors de la soirée marquant la célébration de son cinquantenaire d’âge où le patron de Wenge BCBG a joué jusqu’à 200$ le coût du billet à la porte, à Rottana New Plan où la salle avait même refoulé du monde.

Il y a Koffi Olomidé qui a également bougé la ville avec son spectacle « Koffi à la carte « , en la salle Show Buzz, au cours duquel il avait invité Werrason qui, malheureusement, n’a pas répondu à cette invitation.

Dans le même cadre, la Diva Barbara Kanam s’est fait aussi remarquer à travers son concept  » Je vous dis oui  » qui a été formidable au cours d’une soirée exceptionnelle où la chanteuse a été accompagnée par un groupe d’instruments (violoniste, contre-basiste…), sur scène.

Toujours au chapitre des événements, Kinshasa a abrité la 1ère édition du Festival International de la Rumba et de l’Elégance,  » FIRE « , avec la participation d’une grande icône de la musique africaine, Sam Mangwana, qui n’a plus joué au Congo, après plus de 20 ans d’absence.

Pendant ce temps, les combattants (opposant au régime de Kinshasa) se radicalisent davantage contre les productions scéniques de Fally IPUPA en la salle La Cigale et d’Héritier Watababe Moto na tembe, à l’Olympia de Paris. Tous les deux rendez-vous seront annulés par le Préfet de Paris, pour des raisons de débordement des manifestants (congolais de la diaspora) qui estiment que l’heure n’est pas encore venue pour qu’ils acceptent la reprise des concerts de musiciens Kinois en Europe, aussi longtemps que la situation sociopolitique restera inchangée au Congo-RDC.



Affaire  » Guegue » !

Par contre, le pasteur Moise Mbiye a fait parler de lui dans une polémique démesurée à cause d’une parole placée dans son nouvel album « Héros » sorti sur le marché du disque chrétien. C’est la chanson  » Tango na ye « , dans laquelle le public croit écouter le chantre crié avec ardeur:  » sort au nom de Guegue  » au lieu de sort au nom de Jésus « . Cette phrase à confusion ne laisse pas indifférent les chrétiens et païens jusqu’à tel point que le jeune pasteur va sortir de son silence, au cours d’une conférence de presse pour tenter de convaincre, mais en vain.

Entretemps, la presse Kinoise va, par ailleurs, révéler une altercation entre l’artiste musicien Koffi Olomidé et la garde rapproché du Général Charles Bisengimana, à l’époque numéro Un de la Police nationale. L’affaire s’est déroulée sur le Boulevard du 30 juin vers le tronçon Socimat jusqu’au croisement Komorico, à quelques mètres de l’école Loupiots, dans la commune de Ngaliema.

De l’autre côté, on a vécu des tensions dans les relations entre musiciens qui ne manquent jamais depuis des temps immémoriaux. Cette année, le public a été surpris par l’arrestation du chanteur Ferré Gola sur une plainte de Koffi pour diffamation, injure et imputation dommageable. Après deux confrontations directes, le Parquet n’a trouvé aucune pièce à conviction et a jugé bon de lui accorder une liberté provisoire après avoir passé 24 heures en détention dans un cachot au casier judiciaire à Kinshasa.



Cardinal Monsengwo et les musiciens à la Une !

Comme toujours, il y a eu quelques départs en foison enregistrés dans certains groupes musicaux à Kinshasa où certains chanteurs ont abandonné leurs leaders. Cette année, c’est le Wenge Maison Mère qui a connu plus des départs dans son attaque chant. Les chanteurs Olivier, Anaclet R-Kelly, Eboa Lotin, Gabanna et Tadet ont signé leur divorce avec Werrason. Hormis Olivier et Anaclet qui rejoignent l’orchestre d’Héritier Wanatabe, il faut dire que les autres ont décidé d’évoluer en cavalier solitaire.

Autre fait marquant, il faut souligner la rencontre de son Eminence le Cardinal Monsengwo et les artistes congolais, toute discipline confondue, à la cathédrale Notre Dame du Congo. Cet événement a non seulement suscité la polémique dans la sphère politique, mais aussi il a été considéré parmi les grands sujets ayant défrayé la chronique dans les médias en RDC. Au-delà de toute interprétation, l’idéal était de responsabiliser et interpeller les artistes par rapport à leur travail. Le Prélat catholique leur a surtout exhorté de rester dignes d’honneur dans leurs créations. Car, leur vocation est de faire honneur à la société.

Contrairement aux années antérieures, le Dieu, créateur a été clément et miséricordieux vis-à-vis de la grande famille musicale congolaise qui n’a pas connu beaucoup de cas de décès parmi les musiciens. On compte deux musiciens qui ont quitté la terre des vivants en 2017. Il s’agit de Jonathan Likompa Linda Likia, jeune guitariste accompagnateur du groupe Villa Nova de Fabregas qui est décédé à fleur d’âge. Et la mort du chanteur Mathieu KUKA, un des ancêtres de la rumba, qui avait évolué aux côtés de Joseph Kabasele dit Grand Kalé. Notons aussi le décès du chanteur Bipoli na Fulu. Au plan international, c’est la disparition de la star du rock, Johnny Halliday, qui a fait la Une dans le monde musical, où toute la France lui rendu des hommages dignes de son rang.

Qui dit mieux !

[Jordache Diala]

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