samedi , 7 novembre 2020
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Roumanie : Démission du Premier ministre Tudose

« Je pars la tête haute », a déclaré M. Tudose, 50 ans, à l’issue d’une réunion d’urgence à Bucarest des responsables du PSD, où ceux-ci lui ont retiré leur soutien. Cette démission intervient à la veille d’une visite historique en Roumanie du Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui devait être accueilli mardi par M. Tudose, dans le cadre d’une tournée en Europe de l’Est du chef de gouvernement nippon.

En moins de sept mois la gauche roumaine a déjà fait chuter deux Premiers ministres : Mihai Tudose a été acculé à son tour à la démission lundi après un conflit avec l’homme fort de son Parti social-démocrate (PSD) Liviu Dragnea.

« Je pars la tête haute », a déclaré M. Tudose, 50 ans, à l’issue d’une réunion d’urgence à Bucarest des responsables du PSD, où ceux-ci lui ont retiré leur soutien. M. Tudose a précisé qu’il n’assurerait pas l’intérim.

Cette démission intervient à la veille d’une visite historique en Roumanie du Premier ministre japonais Shinzo Abe, qui devait être accueilli mardi par M. Tudose, dans le cadre d’une tournée en Europe de l’Est du chef de gouvernement nippon.

Vainqueur des élections législatives de décembre 2016, M. Dragnea n’a pas pu briguer le poste de Premier ministre en raison d’une condamnation à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale. Mais il conserve le contrôle du parti, au prix de frictions à répétition avec les chefs de gouvernement.

Lors d’une interview télévisée, M. Tudose avait récemment implicitement accusé M. Dragnea de prendre des décisions sans consulter les autres responsables du parti.

Ancien titulaire du portefeuille de l’Economie dans deux précédents gouvernements, M. Tudose avait été proposé au poste de Premier ministre par le chef du PSD en juin.

Tendues depuis plusieurs mois, les relations entre les deux hommes se sont encore dégradées ces derniers jours autour du cas de la ministre de l’Intérieur Carmen Dan, une proche de M. Dragnea dont M. Tudose avait demandé la démission après un cas de pédophilie qui a éclaboussé la police.

Forte du soutien de M. Dragnea, Mme Dan avait ignoré cet appel à quitter ses fonctions, un camouflet pour le chef du gouvernement, qui avait clairement indiqué qu’il ne pouvait plus travailler avec elle, l’accusant de lui avoir « menti ».

« La conclusion de la réunion a été que l’on ne peut plus continuer comme ça, car il y a une situation conflictuelle entre le parti et le gouvernement ainsi qu’au sein du gouvernement même », a souligné M. Dragnea lundi.

Il y a trois mois, M. Tudose avait déjà provoqué le courroux du patron du PSD en imposant de son propre chef un remaniement ministériel.

Le scénario se répète

M. Dragnea pour sa part avait déjà fait tomber en juin le gouvernement du social-démocrate Sorin Grindeanu, devenu « trop indépendant » à ses yeux.

« Malgré des différences, le scénario se répète », estime le rédacteur en chef du site d’informations HotNews.ro, Cristian Pantazi, évoquant « le conflit entre Liviu Dragnea, qui veut contrôler le gouvernement, et un Premier ministre (Grindeanu ou Tudose), qui refuse d’obéir à tous ses ordres ».

Interrogé par les journalistes, M. Dragnea a estimé lundi avoir « fait deux mauvais choix » de Premiers ministres, assurant qu’il ne referait pas la même « erreur ». Les sociaux-démocrates devaient se réunir mardi matin pour proposer un nouveau chef de gouvernement.

Le départ de M. Tudose doit cependant encore être formellement entériné par le président de centre droit Klaus Iohannis.

Suite aux crises politiques répétées au sein de la majorité, le chef de l’Etat avait exprimé en octobre des doutes quant à la « capacité du PSD de gouverner », laissant entendre qu’il pourrait refuser de charger un nouveau membre de ce parti de former le gouvernement.

Le PSD, héritier de l’ancien parti communiste, avait provoqué une vague de contestation sans précédent en Roumanie l’hiver dernier quand il avait tenté d’assouplir la législation anticorruption. Confronté à des manifestations géantes, le gouvernement avait fait machine arrière.

La majorité a toutefois fait passer en décembre une réforme controversée de la justice faisant craindre, selon ses détracteurs, une réduction de l’indépendance des magistrats et une restriction des prérogatives du Parquet anticorruption (DNA).

Actuellement jugé pour abus de pouvoir dans une affaire d’emplois fictifs, M. Dragnea est par ailleurs soupçonné de détournement de fonds européens. Ses avoirs ont été placés sous séquestre.

[Afp]

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