samedi , 7 novembre 2020
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RDC : Les recettes des exportations vont s’accroître de 20 à 30% en 2018

Notre pays est producteur de plusieurs métaux dont les cours sont aujourd’hui en hausse. Les prix de ces matières précieuses vont croissant dans la mesure où il s’agit principalement des métaux liés à la fabrication des voitures électriques. Une technologie qui soutiendra davantage la demande des métaux pendant les dix ou quinze prochaines années. Une voiture électrique consommera quatre fois plus de cuivre que le véhicule traditionnel. La RDC doit s’attendre à une forte demande. Aussi, faudra-t-il remplacer partout au monde des stations d’essence par des bornes électriques, en y plaçant tout un système ou câblage électrique. A l’instar du cobalt dont 80% de stocks fournis sur le marché mondial proviennent de la RDC, la demande en cuivre va exploser. Les recettes des exportations vont s’accroître de 20 à 30% en 2018. Elles passeront de 10 ou 12 milliards de dollars à 15, voire 16 milliardsde dollars. Les 30% des chiffres d’affaires revenant à l’Etat devront se situer à 5 milliards de dollars, rien que pour les recettes fiscales minières.

Dans son dernier rapport sur l’économie mondiale, la Banque Mondiale a annoncé la hausse des cours des matières premières dès le 1er trimestre de l’année 2018. Quelle pourra être l’incidence de cette hausse sur le budget de la RDC ? Ingénieur de l’Ecole des Mines de Nancy, en France, et ancien ADG du Centre d’Expertise et d’Evaluation des matières précieuses et semi-précieuses (CEEC) de 2008 à 2010, Léonide Mupepele fait l’état des lieux. Interview.

En quoi la hausse des prix des matières premières peut-elle être bénéfique à la RDC ?

Notre pays est producteur de plusieurs métaux dont les cours sont aujourd’hui en hausse. Les prix de ces matières précieuses vont croissant dans la mesure où il s’agit principalement des métaux liés à la fabrication des voitures électriques. Une technologie qui soutiendra davantage la demande des métaux pendant les dix ou quinze prochaines années. Une voiture électrique consommera quatre fois plus de cuivre que le véhicule traditionnel. Les véhicules électriques s’installeront aussi dans la durée. C’est, par exemple, la firme allemande BMW qui a annoncé la fin de la fabrication des voitures à carburant pour favoriser la construction des véhicules électriques à partir de 2019.

Enquoi cette innovation pourrait-elle nous être utile ?

Principal producteur du cobalt (matière capitale pour les voitures électriques), la RDC doit s’attendre à une forte demande. Aussi, faudra-t-il remplacer partout au monde des stations d’essence par des bornes électriques, en y plaçant tout un système ou câblage électrique. A l’instar du cobalt dont 80% de stocks fournis sur le marché mondial proviennent de la RDC, la demande en cuivre va exploser. Notre pays peut donc tirer profit de cette majoration des prix, en mettant en place une cellule de réflexion, car je n’en ai jamais vu une à chaque fois qu’il y a eu hausse. Le changement se fera sentir sur le plan fiscal, puisque les recettes peuvent subir un certain accroissement.

La Centrale électorale a sollicité 10% du budget 2018 pour la poursuite du processus électoral.Peut-elle compter sur cette hausse des cours pour trouver des ressources supplémentaires ?

Normalement, c’est l’ensemble du budget national qui devra connaître une hausse. Sur le plan fiscal, en m’appuyant sur l’ancienne loi minière, si tous les droits revenant à l’Etat sont bien canalisés, les caisses publiques seront renflouées. À l’époque, les exportations étaient chiffrées à 10 milliards de dollars. En principe, c’est 3 milliards de dollars qui devraient revenir à l’Etat congolais, mais c’est juste 1 milliard ou 1,5 milliard qu’on pouvait à peine percevoir dans les caisses de l’Etat. Suite à la corruption et au manque d’expertise des services mobilisateurs de l’Etat, des privés mieux aguerris leur cachent un certain nombre d’informations et de droits…

Est-ce tout de même possible d’avoir des fonds supplémentaires ?

Bien sûr ! Les recettes des exportations vont s’accroître de 20 à 30% en 2018. Elles passeront de 10 ou 12 milliards de dollars à 15, voire 16 milliardsde dollars. Les 30% des chiffres d’affaires revenant à l’Etat devront se situer à 5 milliards de dollars, rien que pour les recettes fiscales minières. Malheureusement, il y a coulage de recettes et le trésor ne peut recouvrer que 2,5 milliards USD. L’impact sur le budget devra se faire sentir et l’Exécutif doit pouvoir être capable de financer le processus électoral.

À part le cuivre et le cobalt, sur quelles autres matières premières la RDC peut espérer pour rebondir ?

Au niveau du grand Katanga, il y a aussi le zinc et le plomb qui sont les composantes dans la fabrication des voitures électriques. Plusieurs sociétés également exploitent l’or dans le pays. Par ailleurs, le coltan est exploité d’une manière artisanale dans le Nord-Kivu. Le maximum des productions dont devrait bénéficier la RDC lui échappe, malheureusement, pour des raisons sécuritaires.

Pourquoi le secteur minier congolais n’arrive pas à bien jouer son rôle de grand pourvoyeur du budget national ?

Il y a un certain nombre de lacunes. Dans le cas de la redevance minière, pour que l’Etat bénéficie correctement de ses ressources, il faut d’abord que les services de l’Etat commis au contrôle des exportations s’assurent de la déclaration du tonnage brut. Si un minier dit exporter 10 tonnes, il faut être réellement sûr de cette quantité déclarée. Chose dont je doute fort de nos services… Le fait que le Gouvernement provincial du Haut-Katanga, appuyé par l’Exécutif central, persiste dans leur exigence à pouvoir disposer d’un pont bascule à Kasumbalesa signifie que les services en amont ne travaillent pas avec lucidité. La RDC manque d’assurance en ses propres agents.

Y a-t-il une autre raison qui explique le dysfonctionnement de notre secteur minier ?

Eh oui ! Il y a, en outre, un grand problème de teneur. Tous les produits exportés ne sont pas purs à 100%. Les teneurs déclarées par les sociétés minières ne sont pas toujours vraies : il y en a celles qui, chaque année, n’exportent que la même quantité. Le stock demeure invariable. Les services de l’Etat ne sont pas complètement bien équipés pour contrôler efficacement tous les produits à l’exportation…

La RDC ne souffre-t-elle pas d’un déficit d’expertise en matière minière ?

L’expertise manque cruellement dans le secteur minier congolais. Par exemple, avec ce fameux problème de taux d’humidité. Les poids déclarés sont des poids secs. Or, les matières premières provenant de la RDC sont humides, mais ces sociétés vont jusqu’à déclarer 50% de taux d’humidité d’un concentré dans une bague. C’est une escroquerie qui fait perdre à l’Etat congolais beaucoup d’argent. En ce qui concerne l’impôt sur les bénéfices, il faut savoir que 85% des sociétés minières congolaises déclarent nuls leurs bénéfices. Elles les cachent. Ce qui n’est pas normal !Il appartient donc à l’Etat congolais de se montrer ingénieux pour démasquer cette fraude fiscale. Il faut ainsi une administration vertueuse pour lutter contre la fraude.

Propos recueillis par Glody PINGANAY

Tiré du Journal du citoyen/Elections n°6 (du 23 au 29 décembre 2017)

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