samedi , 7 novembre 2020
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Partisans de Joseph Kabila lors d'une manifestation
DRC president supporters.

RDC : Les Congolais rejettent l’idée d’une transition sans « Kabila »

Un sondage qui tombe à pic ! C’est celui sur la  » Transition sans Kabila  » brandie par l’Opposition radicale. Une formule qui, du point de vue du Rassop/Limete et alliés, devait avoir commencé le 1er janvier 2018. Mais que pense le Congolais lambda de cette  » recette  » de l’Opposition ? 66% des sondés rejettent l’idée d’une transition sans Kabila. C’est du moins ce qui ressort du sondage Les Points. Cette institution spécialisée dans l’étude d’opinions annonce avoir interrogé des Congolais à travers les 26 provinces que compte la RDC.

ENSEIGNEMENTS GENERAUX

1. Introduction

L’actualité politique en République Démocratique du Congo est occupée depuis quelques semaines par le débat autour de l’instauration ou pas d’une « transition sans Kabila » (TSK) au-delà du 31 décembre 2017, date prévue pour la tenue des élections conformément à l’accord politique du 31 décembre 2016. Cette idée a été lancée par le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop) par son aile dite de Limete. Elle a aussi été récupérée par une frange des mouvements citoyens qui se sont réunis voici près de deux mois à Chantilly, dans la région parisienne, où ils ont adopté un manifeste qui y fait allusion.

Le Rassop/Limete justifie cette formule par le fait qu’il est convaincu que contrairement au timing de l’accord politique, les élections ne pourront plus avoir lieu à la date prévue et en attribue la responsabilité à la majorité, plus particulièrement au Président de la République qu’il accuse de ne pas vouloir organiser les élections pour s’éterniser au pouvoir. Convaincu donc qu’avec Kabila il ne saurait y avoir des élections, le Rassop/Limete préconise donc une transition sans lui et sous la Présidence d’une personnalité apolitique qui s’engagerait à ne pas se présenter aux élections à venir. Pendant cette transition, toutes les institutions actuelles seraient gelées au profit d’un régime spécial dont la structuration n’est, cependant, pas encore définie.

Depuis son annonce, cette formule d’une transition sans Kabila fait l’objet de plusieurs débats dans les médias, essentiellement autour de sa faisabilité sur le plan pratique et surtout constitutionnel. De tous ces débats, il s’observe des points de vue largement diversifiées selon les différentes tendances sociopolitiques en présences.

2. Tendances des opinions

Dans le souci d’avoir une idée de ce que le Congo réel pense de cette formule d’une transition sans Kabila, l’Institut de sondage Les Points a mené une enquête d’opinion effectuée les 3 et 4 octobre 2017 dans les chefs-lieux des 26 provinces de la République autour d’un échantillon de 1.000 personnes représentatives de la population congolaise répartie dans trois couches sociales, à savoir :

  1. La classe politique en général, à raison de 13% de l’échantillon pour l’opposition et 11% pour la majorité
  2. La société civile (5% de l’échantillon)
  3. La population en général (71%). Cette couche est constituée des personnes n’appartenant à aucune formation ni tendance politique et n’étant engagée dans aucun mouvement associatif.

De cette enquête, il se dégage les résultats suivant :

2. Au sein de la classe politique

2.a. Dans l’opposition

Au sein de l’opposition, il se dégage des clivages d’opinion qui assoit un net déficit de consensus autour de l’idée d’une transition sans Kabila. En effet, sur les 13% de l’échantillon de l’opposition (graphique 1), 54% des sondés sont favorables à l’idée d’une transition sans Kabila. Les tenants de cette opinion la justifient par le fait que les négociations ont échoué avec la violation de l’accord du 31 décembre 2016. Ils se disent aussi convaincus qu’avec Joseph Kabila au pouvoir, les élections ne sauront pas se tenir.

Par contre, 38% de l’échantillon rejettent cette formule. Les personnes interrogées estiment qu’elles n’engagent que leurs auteurs (le Rassop/Limete), étant donné qu’ils ignorent d’où elle vient, qui l’a conçue et pourquoi, et quelles intentions elle cache.

Enfin, 8% de l’échantillon de l’opposition se sont abstenus.

2.b. Dans la majorité

La Majorité présidentielle, du moins les 11% de l’échantillon (graphique 2), se montre très soudée et rejette en bloc l’idée d’une transition sans Kabila qu’elle trouve sans aucun fondement, alors que, selon la Majorité, le processus électoral est bel et bien en cours avec l’enrôlement des électeurs, et que l’accord du 31 décembre est en application effective. Pour preuve, la Majorité avance qu’une tripartite doit avoir lieu pour évaluer ce processus et, éventuellement, réaménager le timing d’organisation des élections qui, toujours selon la majorité, auront bel et bien lieu.

3. La société civile

La société civile est, quant à elle, également divisée au sujet d’une transition sans Kabila. En effet, 57% de l’échantillon de 5% (graphique 3) soutiennent cette idée, contre 39% qui s’y opposent alors que 4% s’abstiennent.

Cette stratification épouse les tendances au sein de la société civile dont une bonne partie se montre très active aux côtés de l’opposition, tandis qu’une autre a choisi l’indépendance et la neutralité.

4. La population en général

Tout l’enjeu de l’opinion sur l’idée d’une transition sans Kabila se joue au sein de cette couche de la population, 71% de l’échantillon générale (graphique 4) sans aucune appartenance politique ni attache au sein de la société civile et constituant donc la majorité silencieuse. 66% de cette couche sociale rejettent cette idée d’une transition sans Kabila. Ils disent ne pas comprendre cette formule qu’ils attribuent aux combines des politiciens assoiffés du pouvoir sans aucune considération du peuple qui n’y trouve pas son intérêt. Ce rejet se justifie aussi par le fait que cette couche sociale, du moins sa majorité, considère qu’une transition sans Kabila est une formule qui violerait la constitution et ils suggèrent, d’ailleurs, que l’idée soit soumise à l’interprétation de la Cour constitutionnelle.

18% de la population non alignée sont, cependant, favorables à l’idée et avancent les mêmes justifications que la frange de l’opposition qui y est favorable.

Enfin, 16% des personnes interrogées au sein de la population ont réservé leurs opinions.

Il faut noter que cette configuration des opinions au sein de la population épouse la tendance générale et récurrente de ce groupe social par rapport à tout ce qui est politique. Cette tendance se traduit aussi par le rejet de plus en plus grandissant des mots pour des manifestations tels que l’observation des villes mortes. Si celles-ci tendant parfois à donner l’impression d’être suivis, c’est parce que la population préfère garder la maison pour se préserver des violences qui accompagnent souvent ces manifestations.

5. Stratification globale

Au terme du dépouillement et du traitement des différentes opinions récoltées, les données stratifiées présentent les tendances suivantes (graphique 5) :

  • 64% des personnes interrogées sont contre l’idée d’une transition sans Kabila
  • 23% sont pour
  • 13 % s’abstiennent.

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