samedi , 7 novembre 2020
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Alabama : Un prédateur sexuel risque d’être élu sénateur

L’avenir de la politique menée par le président américain Donald Trump est en jeu dans l’élection sénatoriale de l’Alabama mardi, un scrutin dominé par les accusations d’agression sexuelle à l’encontre du controversé candidat républicain, Roy Moore.

L’ancien conseiller présidentiel Stephen Bannon, gardien autoproclamé de la révolution trumpiste, viendra marteler ce message dans un coin rural de cet Etat conservateur du Sud, lundi soir, lors d’un meeting de soutien au candidat, un ancien magistrat ultra-conservateur et connu pour ses positions extrêmes sur les homosexuels, les musulmans et la place de la religion dans la politique.

Les électeurs éliront le remplaçant de Jeff Sessions, nommé ministre de la Justice au début de l’année.

« Nous avons besoin de Roy » sur l’immigration clandestine, la défense, les armes à feu et la lutte contre l’avortement, a dit le président américain dans un message téléphonique aux électeurs. « Roy Moore est l’homme qu’il nous faut pour rendre à l’Amérique sa grandeur ».

En réponse, les démocrates s’activent pour profiter à la fois de l’extrémisme de leur adversaire et du scandale créé par les allégations d’attouchements sur mineures à la fin des années 1970, que Roy Moore a rejetées en bloc. Jamais depuis 1992 les Alabamiens n’ont élu un sénateur démocrate.

« L’occasion est grave », a lancé l’ancien président Barack Obama dans son propre message téléphonique, selon des médias. « Vous ne pouvez pas rester chez vous ».

Les sondages sont partagés. Une enquête publiée lundi par Fox News donne Roy Moore perdant de 10 points… Mais une autre, réalisée par Emerson, produit un résultat inverse.

Vider le marigot

Agé de 70 ans, Roy Moore a été élu deux fois président de la Cour suprême de l’Alabama, fonction dont il a été déchu deux fois: la première en 2003 pour avoir refusé de retirer d’un bâtiment judiciaire une statue de deux tonnes en l’honneur des Dix Commandements; la seconde en 2016, après avoir défié la Cour suprême des Etats-Unis en refusant d’appliquer sa décision légalisant le mariage homosexuel.

Ici, l’establishment républicain et de nombreux habitants méprisent l’activisme religieux de l’ancien magistrat, désigné en août lors d’une primaire très disputée. Les soupçons de comportement déplacé ou pire avec des mineures ont érodé encore plus son socle électoral naturel.

Mais l’équilibre du Sénat américain est dans la balance, et l’occupant de la Maison Blanche, après avoir tergiversé, a apporté un soutien entier au « juge Moore » – une alliance pragmatique entre le populisme économique du président et la croisade de l’ancien magistrat, qui a habilement réorienté son message pour s’ériger en bête noire de « l’establishment ».

Le thème du meeting de lundi était d’ailleurs: « vider le marigot », c’est-à-dire nettoyer la capitale de ses élites. De faux alligators ont été installés à l’entrée.

Hésitations républicaines

Pour l’état-major républicain, à Washington, l’élection est perdante dans tous les cas. Si Roy Moore l’emporte, le parti craint d’être sali par association. Et s’il perd, la majorité actuelle du Sénat, de 52 sièges sur 100, passera à 51, une marge de manoeuvre extrêmement étroite.

« Roy Moore sera un cadeau pour les démocrates », reconnaît le sénateur républicain Lindsey Graham. « Il sera le sujet central des élections (législatives) de 2018 », a-t-il dit sur CNN.

« Il est choquant qu’un agresseur sexuel d’enfants soit soutenu par le président », déplore une électrice démocrate de Birmingham, Zandy Moyo, résumant le message de son parti.

Doug Jones est un ancien procureur fédéral de 63 ans, connu pour avoir fait condamner des membres du Ku Klux Klan dans l’incendie mortel d’une église noire à Birmingham. Pour l’emporter, il devra mobiliser la base démocrate et la minorité noire… et convaincre une partie des républicains modérés de franchir le Rubicon et de voter démocrate.

Mais sa position pro-avortement est anathème pour de nombreux républicains, qui pourraient préférer voter pour un candidat tiers.

Depuis le bord de la route à Midland City, Brent Marshall observe le va-et-vient des participants au meeting Moore/Bannon. Il n’a pas voté pour Roy Moore à la primaire mais lui donne le bénéfice du doute.

« Je ne connais pas Roy Moore personnellement », justifie ce propriétaire de 180 hectares, dont une partie est cultivée pour des cacahuètes et du coton. « Mais il a gagné la primaire républicaine, donc je vais rester fidèle aux républicains ».

[Afp]

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