samedi , 7 novembre 2020
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Bruxelles : Soutien à l’indépendance de la Catalogne

Environ 45.000 personnes, selon la police, ont manifesté jeudi dans le quartier européen de Bruxelles en soutien à l’indépendance de la Catalogne, à l’appel de deux associations indépendantistes souhaitant interpeller l’UE. Le cortège, qui devait parcourir pendant plusieurs heures le quartier des institutions européennes, était noyé sous une marée de drapeaux rayées rouge et jaune, aux couleurs de la Catalogne. A l’arrivée était prévue une série de discours de responsables indépendantistes catalans, notamment de Carles Puigdemont, le président destitué de la région, exilé en Belgique. « On est venu soutenir notre président qui a dû s’enfuir parce qu’il risquait la prison en Espagne (..) et pour demander à l’Europe de se réveiller et de voir qu’en Espagne il n’y a pas de démocratie », a expliqué à l’AFP Montserrat Mante, une retraitée de 73 ans venue de Badalona, non loin de Barcelone.

« Europe réveille-toi! » : des dizaines de milliers de Catalans pro-indépendance ont manifesté jeudi à Bruxelles pour interpeller l’UE, accusée de s’être rangée au côté de Madrid dans la grave crise politique qui secoue l’Espagne depuis deux mois.

Les manifestants étaient 45.000, selon un comptage de la police de Bruxelles, soit plus du double de l’estimation avancée la veille par les deux associations indépendantistes organisatrices.

Le président catalan Carles Puigdemont, destitué par Madrid après une tentative de sécession, s’est félicité de ce succès, dans une courte prise de parole à l’arrivée du cortège.

« Est ce que vous avez déjà vu quelque part dans le monde une manifestation comme celle-ci pour soutenir des criminels ? Non! », s’est exclamé le dirigeant indépendantiste, exilé en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires en Espagne.

Il est inculpé avec une douzaine de dirigeants et d’élus indépendantistes d’avoir préparé pendant deux ans une tentative de sécession, en ignorant la loi et les décisions de la justice espagnole, notamment en organisant un referendum d’autodétermination reprimé par la police le 1er octobre.

Ce rassemblement était convoqué à deux semaines des élections régionales du 21 décembre en Catalogne, où M. Puigdemont est à nouveau candidat.

« On est venu demander à l’Europe de se réveiller et de voir qu’en Espagne il n’y a pas de démocratie », a expliqué à l’AFP Montserrat Mante, 73 ans, venue de Badalona, près de Barcelone.

« Il faut que les pays de l’UE forcent un peu (le chef du gouvernement espagnol Mariano) Rajoy au dialogue et à accepter le résultat d’un référendum quel qu’il soit », ajoute cette retraitée, coiffée d’un bonnet en laine pour affronter le vent froid.

Les indépendantistes disent redouter la réaction de Madrid s’ils venaient à remporter les élections.

La foule, noyée sous une marée de drapeaux indépendantistes catalans –rayures jaune et rouge et étoile blanche sur fond bleu- s’est élancée peu avant midi (11H00 GMT) pour s’arrêter trois heures plus tard, toujours dans le quartier des institutions européennes.

« La démocratie? On la défend quand ça nous va bien », pouvait-on lire sous un portrait du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Les indépendantistes lui reprochent de s’être rangé au côté du gouvernement espagnol, qui a pris le contrôle de la Catalogne et destitué l’exécutif régional après la déclaration unilatérale d’indépendance du 27 octobre.

Une autre banderole établissait un parallèle entre l’attitude du chef du gouvernement Mariano Rajoy, en 2017, et celle de l’ex-dictateur espagnol Franco au début de la Guerre civile en 1936, interrogeant en anglais: « C’est ça les valeurs de l’UE ? »

Des électeurs en visite

Globalement, l’ambiance était bon enfant dans le cortège, d’où s’échappaient parfois des airs de bombarde traditionnels. La couleur jaune, symbolisant le soutien aux séparatistes « prisonniers politiques », était omniprésente.

Le numéro deux de la Commission européenne, Frans Timmermans, interrogé par la presse, a évoqué l’attitude « très positive » et « très déterminée » des manifestants.

Mais il a rappelé les lignes rouges de Bruxelles, affirmant que « ce qui n’est pas permis dans l’Etat de droit, c’est de simplement ignorer la loi ».

A Madrid, la vice-présidente du gouvernement conservateur espagnol, Soraya Saenz de Santamaria, a souligné que les indépendantistes catalans qui font appel à l’Union européenne « n’hésitaient pas à la critiquer quand elle ne les soutient pas » et a ironisé sur la campagne électorale de M. Puigdemont.

« Habituellement, a-t-elle dit, les candidats en campagne vont chercher les votes des électeurs, cette fois il semble que quelques électeurs de M. Puigdemont ont dû aller lui rendre visite ».

Carles Puigdemont et ses quatre ex-ministres réfugiés en Belgique ont annoncé mercredi leur intention d’y rester « pour l’instant ». Madrid a retiré les mandats d’arrêt européens qui les visaient mais il seraient arrêtés s’ils retournaient en Espagne.

Profitant de jours fériés en Espagne, les manifestants avaient rallié la capitale de l’Europe en avion, en bus, mais aussi en camping-car ou en voiture. Alors que les hôtels de Bruxelles ont été pris d’assaut, certains ont trouvé un toit chez l’habitant, dans des familles flamandes ou wallonnes.

[Afp]

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