samedi , 7 novembre 2020
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Vital KAMERHE LWA KANYINGINGYI et "Janet KABILA"
Vital KAMERHE LWA KANYINGINGYI et "Janet KABILA"

BGFI – Egal : La corruption de la famille « KABILA » exposée

Le dossier du Soir est une véritable bombe qui place la famille et des proches du président congolais Joseph Kabila au cœur d’un grand scandale financier. Des révélations qui sont le fait d’un homme, un petit neveu de Patrice Lumumba, le héros de l’indépendance de la République démocratique du Congo, qu’il considère comme son grand-père spirituel. « C’est une histoire d’un monsieur qui est employé de très haut niveau, chef du département dans une banque de Kinshasa, donc qui appartient au chef du frère de l’Etat, explique Colette Braeckman, qui a coécrit l’article. Et ce monsieur Lumumba a vu passer des détournements de sommes que lui ne s’expliquait pas, des affectations, bref de la corruption. Et à un moment donné, il en a eu assez. Il a fait des photocopies de tous ces documents. Il est venu au Soir. Il a déposé ça à la rédaction du journal en disant, voilà moi je ne peux pas cautionner des opérations comme ça parce que c’est l’argent du peuple qui part, en particulier des sommes qui sont détournées à la Céni, la Commission électorale indépendante ».

Jean-Jacques Lumumba, un cadre dirigeant de la BGFI (première banque d’Afrique centrale), a claqué la porte de cette banque de Kinshasa, banque proche de la famille du président congolais, après avoir refusé de se rendre complice d’opérations douteuses. Il est allé ensuite livrer de nombreux et très compromettants dossiers a un quotidien belge.

Au cœur de ces révélations, il y a une banque, la BGFI. Elle est dirigée par un ami d’enfance de Kabila, Francis Selemani Mtwale, un très proche qui a grandi avec lui pendant les années d’exil en Tanzanie.

Un des documents rendus publics par le quotidien belge Le Soir montre par exemple que l’un des comptes de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Congo, qui abritait de l’argent destiné à financer des élections en RDC, a été régulièrement ponctionné, et cela dans des conditions très louches. La Ceni a obtenu un crédit de 25 millions de dollars auprès de la BGFI Bank alors qu’elle disposait de plus de 55 millions sur un compte parallèle. Elle invoquait toutefois un manque de moyens pour justifier son incapacité à organiser les scrutins qui étaient prévus le mois prochain en RDC.

Un autre scandale révélé par l’enquête est celui du financement d’une société d’importation alimentaire qui s’appelle Egal, dirigée par Albert Yuma, qui est un autre proche de Kabila, un « presque frère » du président, comme le dit la journaliste belge qui a écrit cet article. Quelque 43 millions de dollars ont atterri sur ses comptes qui sont logés à la BGFI Bank, quatre mois après sa constitution en 2013. C’est la provenance de ces versements qui pose question, car c’est la Banque centrale du Congo qui a versé ces fonds au motif de provisions d’investissements, des fonds qui n’ont jamais été remboursés.

Enfin, il y a la Gecamines, c’est la plus grosse compagnie d’Etat du Congo, qui est dirigée, elle aussi, par Albert Yuma. Cette société a ouvert une ligne de découvert de 30 millions de dollars, toujours auprès de la BGFI qui revient systématiquement dans cette affaire. Et surprise, les intérêts remboursés par la Gecamines ont été prélevés à deux reprises par la banque.

Le dossier du Soir est une véritable bombe qui place la famille et des proches du président congolais Joseph Kabila au cœur d’un grand scandale financier.

Des révélations qui sont le fait d’un homme, un petit neveu de Patrice Lumumba, le héros de l’indépendance de la République démocratique du Congo, qu’il considère comme son grand-père spirituel.

« C’est une histoire d’un monsieur qui est employé de très haut niveau, chef du département dans une banque de Kinshasa, donc qui appartient au chef du frère de l’Etat, explique Colette Braeckman, qui a coécrit l’article. Et ce monsieur Lumumba a vu passer des détournements de sommes que lui ne s’expliquait pas, des affectations, bref de la corruption. Et à un moment donné, il en a eu assez. Il a fait des photocopies de tous ces documents. Il est venu au Soir. Il a déposé ça à la rédaction du journal en disant, voilà moi je ne peux pas cautionner des opérations comme ça parce que c’est l’argent du peuple qui part, en particulier des sommes qui sont détournées à la Céni, la Commission électorale indépendante ».

« Il est le petit-fils de Patrice Lumumba, poursuit Colette Braeckman. Et lui, c’est un économiste, un banquier, et il n’a aucune allégeance politique. Simplement, il dit : « je me suis rappelé de mon grand-père et je me suis dit, tout de même en mémoire de mon grand-père, je ne peux pas laisser passer des choses pareilles ». Et il a pris sa décision ».

La journaliste assure que les montants en jeu ne sont pas colossaux. Ils sont de l’ordre de dizaines de millions de dollars, mais ils révèlent surtout combien l’entourage du président congolais Joseph Kabila serait corrompu. Et cela en toute impunité.

Contactées par RFI, les autorités congolaises n’ont pas souhaité réagir. Le porte-parole du gouvernement évoque ce samedi soir une affaire qui est à première vue « une légende d’un individu qui tente de profiter de la situation pour se faire une notoriété ».

Des extraits de compte mentionnés par M. Lumumba illustrent « de multiples retraits douteux, allant parfois jusqu’à 1,5 million de dollars ».

« Des chèques non justifiés qui se succèdent à un rythme infernal », écrit le journal en citant l’ex-banquier, qui parle clairement de « détournement de fonds publics » et accuse le patron de la BGFI Bank, Francis Selemani, « de s’en mettre plein les poches au passage ».

Ces nombreux chèques inexpliqués concernent des montants de 350.000 dollars, de 750.000 dollars, voire de 1,5 million de dollars la fois suivante. Entre mai et septembre 2016, la Ceni a procédé à des retraits par chèque pour un montant total de 7,5 millions de dollars sans que l’on sache à quoi ont servi ces chèques. « Il flotte un parfum de corruption », souligne ‘Le Soir’.

L’une des deux journalistes auteurs de l’article, Colette Braeckman, a précisé samedi à l’agence Belga que les documents fournis par M. Lumumba ont été expertisés par des spécialistes indépendants, de bons connaisseurs de la RDC. « L’authenticité des documents ne fait aucun doute. C’est explosif, c’est du béton », ont-ils conclu.

[avec levif]

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Montages grossiers et ridicules

La présidence de la République démocratique du Congo vient de réagir aux récentes publications du quotidien belge Le Soir sur de présumées détournements dans une banque congolaise gérée par un proche du président Kabila.

La présidence congolaise qualifie donc de « montages grossiers » les révélations faites le week-end dernier par le quotidien belge sur des présumées malversations financières dans une banque tenue par un proche du président Joseph Kabila.

« Ce sont des montages grossiers et ridicules pour tout simplement nuire aux autorités » congolaises, a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Kambila, directeur de cabinet-adjoint du président Kabila.

« Aucun détournement, aucune infraction dans les révélations » de Jean-Jacques Lumumba, ex-employé de la BGFI Bank cité par Le Soir, a-t-il ajouté.

« La Céni dénonce les liens établis abusivement entre les transactions effectuées à BGFI Bank et la non-tenue des élections. C’est un discours malhonnête », a déclaré pour sa part à l’AFP Corneille Nangaa, président de la Céni.

Cette affaire survient alors que la RDC est minée par une crise politique liée au report à avril 2018 de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin de cette année. La majeure partie de l’opposition congolaise exige le départ du président Kabila à la fin de son mandat le 20 décembre.

La BGFI est une banque dirigée par un proche du chef de l’Etat congolais et réputée proche des hommes du pouvoir.

Dans son « éditorial », la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC) a fait valoir que « la culture du cash » est une pratique courante en RDC. Pour ce média public, « au-delà d’un complot contre les institutions », les révélations du journal belge sont un « complot contre le peuple congolais » conçu selon des « méthodes impérialistes ».

Deux organisations congolaises ont appelé le procureur général de la République à ouvrir promptement une enquête sur cette affaire, comme il le fait avec les défenseurs des droits de l’homme.

Le sénateur d’opposition Jacques Djoli a appelé à l’institution rapide d’une « commission d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière » en vue de donner « une suite judiciaire ».

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BGFI Bank : ALLÉGATIONS TENDANCIEUSES ET NON VÉRIFIÉES

Au cours d’un point de presse tenu, mercredi 02 novembre 2016 à Kinshasa, le Directeur général adjoint de BGFIBank, Abdel Kader Diop, est parti des accusations imputées à son Institution par le journal belge, en expliquant, au cas par cas, les rapports entre ses clients et les différentes transactions effectuées.

L’affaire a fait couler beaucoup d’encre et de salive dans les médias. Et à Kinshasa le dossier ne laisse personne indifférente. En effet, la Direction générale de BGFIBank en République démocratique du Congo (RDC) a été citée nominativement dans Le Soir. Dans son édition du samedi 29 octobre 2016, ce périodique a fait une appréciation défavorable de BGFIBank qui aurait été à l’origine des transactions bancaires douteuses et frauduleuses.

Respect des indicateurs règlementaires de gestion

Face à cette atteinte portée contre elle, la BGFIBank affirme « entretenir des relations clientèles saines avec les institutions citées dans ledit article et déclare que les transactions entretenues avec sa clientèle se conforment avec ses missions, en tant que banque commerciale : la collecte de l’épargne et le financement de l’économie nationale tout en assurant un strict respect des indicateurs règlementaires de gestion de risques auxquels les établissements de crédit sont soumis », a déclaré Abdel Kader Diop.

« BGFIBank s’est toujours démarquée par son indéfectible engagement en faveur de la lutte anti-blanchiment et anti-corruption. C’est ainsi qu’elle a été l’un des premiers acteurs financiers africains à avoir signé le Pacte mondial adhoc des Nations Unies », a-t-il ajouté.

La BGFIBank considère que les allégations rapportées par Le Soir font l’objet d’une « vaste opération de tromperie, manipulation et mystification de l’opinion et de la conscience des citoyens, en accord avec l’ensemble des institutions intentionnellement discrédites dans le dossier de presse de ce journal », lit-on dans un communiqué de BGFIBank publié mercredi 02 novembre. Ainsi, la direction générale de BGFIBank en RDC tient à apporter un démenti formel face à toutes les accusations portées à son encontre.

Ligne de crédit à la Ceni

Concernant le dossier CENI, la Banque relève qu’elle fait partie des banques en relation avec la centrale électorale pour l’exécution de ses opérations bancaires correspondant au déploiement de son programme congolais. Dans ce cadre, note-t-on, la Ceni reçoit  du gouvernement central, des approvisionnements en Franc congolais. Dans le but de faire face à ses besoins d’exploitation qui s’expriment, principalement en dollars américains, BGFIBank a consenti, à la Ceni, une ligne de crédit en l’équivalent en franc congolais (FC) disponible sur les comptes du client.

Cette offre, selon le Dga de BGFIBank, consiste à permettre à la Ceni de poursuivre ses besoins d’exploitation sans se buter aux difficultés d’opérations de change observées sur le marché depuis plusieurs mois.

Et la banque s’est engagée à accompagner la Ceni à obtenir des devises américaines, en fonction de leur disponibilité sur le marché de change afin de poursuivre son programme de dépense car, elle dispose des avoirs en FC. Ce faisant, la devise des avoirs de la Ceni telle que rapportée par Le Soir, était « trompeuse et malveillante ».

Abdel Kader Diop considère que c’est « ridicule », le fait que Le Soir qualifie de blanchiment des capitaux, les transactions de retrait opérées sur le compte de la Ceni quand il est « certain, prouvé et affirmé par le périodique que les fonds y logés proviennent du gouvernement ».

Et d’ajouter que « si c’était le cas, la Ceni aurait réagi et n’aurait pas attendu que la Belgique l’informe », arguant que s’ils affirment qu’ils ont des documents, « pourquoi ils ne nous ont pas attendus pour confronter avec la réalité des choses avant de publier. Pourquoi ils se sont précipités à publier », s’est-il interrogé.

Démenti de la Ceni

Même son de cloche du côté de la Ceni qui affirme qu’il s’agit de « transactions normales ». Selon le président de la Ceni, Corneille Nangaa, ces transactions « normales » se sont faites par des gens ayant qualité à le faire pour le compte de la CENI. Comme son partenaire BGFIBank, la Ceni rejette également le lien entre les transactions révélées par Le Soir et la non-tenue des élections en RDC. « On fait le lien pour dire que, du fait qu’il y a eu ces retraits, c’est ce qui justifierait la non tenue des élections en 2016. C’est ce qui est dangereux. On a mélangé le vrai du faux », dénonce-t-il.

Pour le dossier GECAMINES, le directeur adjoint la BGFIBank indique qu’en 2015, la banque avait, de manière régulière, approuvé le dossier de financement présenté par sa cliente dans le but de financer ses besoins d’investissement. Le taux d’intérêt appliqué représente, en soit une tarification cohérente sur un marché où le coût d’intermédiation peut dépasser les 18%.

La procédure interne de la revue périodique des comptes, menés en juillet 2016, avait révélé une erreur technique qui avait entrainé la réception des intérêts perçus. Ce doublon é été « immédiatement rectifié », a affirmé Abdel Kader Diop. Par conséquent, il n’y a eu aucune mauvaise intention de la banque.

De ce qui précède, la BGFIBank considère que le journal Le Soir a fait des allégations « tendancieuses et non vérifiés », ce qui va à l’encontre de la déontologie journalistique.

Par ailleurs, ce feuilleton est loin de se terminer dans la mesure où une motion d’information est initiée à la chambre basse du Parlement, invitant le président de la Ceni d’amener des éléments d’explication sur cette affaire, en vue d’éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale.

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