samedi , 7 novembre 2020
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Première centrale électrique fonctionnant au gaz méthane dans le Lac Kivu.
Première centrale électrique fonctionnant au gaz méthane dans le Lac Kivu.

Lac Kivu : La RDC n’est pas encore dans l’exploitation du gaz méthane. Le Rwanda l’est déjà

Les sénateurs ont dénoncé, mardi 11 octobre 2016, ce qu’ils considèrent comme des « arrangements particuliers» entre la RD Congo et ses deux voisins : le Rwanda et l’Ouganda, concernant l’exploitation du gaz méthane dans le Lac Kivu et le pétrole dans le Lac Albert.

Au cours d’une séance plénière présidée par le speaker de la Chambre haute du Parlement, Kengo wa Dondo, les intervenants ont émis d’acerbes critiques contre l’exploitation de ces deux ressources « épuisables et négligées » par la RD Congo.

« La RD Congo n’est pas encore dans l’exploitation du gaz méthane. Le
Rwanda l’est déjà. Comment expliquer cette léthargie? », s’est interrogé le sénateur Jacques Djoli, relevant que le « Congo est un pays béni qui a toutes les richesses ».

« Je reviens sur la léthargie et l’opacité de l’exploitation du gaz méthane dans le bassin côtier », a-t-il souligné dans cette perspective à la tribune du Sénat. « Pourquoi le Rwanda exploite les 100 mégawatts du gaz méthane, alors que la RDC ne l’exploite pas. Il faut attendre l’horizon 2030, lorsque le Congo sera un pays émergent pour exploiter le gaz méthane », a-t-il indiqué à la faveur d’une question orale avec débat que le sénateur Michel Chiribagula Bulili a adressée au ministre des Hydrocarbures, Aimé Ngoy Mukena, sur le recrutement d’une société chargée d’exploiter le gaz méthane.

Il a notamment demandé au ministre « de ne pas faire la théologie » sur le fait que l’Ouganda exploite le pétrole exporté depuis déjà 4 ans et pourquoi pas la RD Congo.

« Le Congo, malgré ses richesses, est présenté comme le pays le plus pauvre. Nous sommes parmi les pays où le taux d’électricité est le plus faible. A Mbandaka, il n’y a pas d’électricité. Il y a l’obscurité. Le gouverneur se sert de l’eau dans des puits creusés dans sa résidence », a signalé le sénateur Djoli dans une intervention au débat parlementaire.

Ressources épuisables

Le sénateur Moïse Nyarugabo a mis un accent particulier sur le prix proposé par la société KLEC. Même si on parle des millions de dollars, il a fait savoir que le gaz méthane, « ce sont des ressources épuisables ».

« Pourquoi la RD Congo ne peut pas commencer à exploiter le gaz méthane dans le Lac Kivu, alors que le Rwanda l’exploite déjà ? », a encore interrogé Moïse Nyarugabo.« Que fait le gouvernement dans l’exploitation du gaz méthane dans le Lac Kivu ? », a interpellé le sénateur Sébastien Adambu.

« Au regard de la densité du gaz méthane, le bloc Goma ne produit que 5 mégawatts par rapport au Rwanda qui en exploite 100. Et pour les trois autres blocs, le gouvernement lance un appel d’offre restreint. Est – ce pour dire que la quantité de production de ce bloc ne va pas intéresser le grand public ? », a martelé Sébastien Adambu devant les sénateurs, réunis en séance plénière au Palais du peuple à Kinshasa.

« Le Rwanda exploite 100 mégawatts, alors que la RD Congo exploite à
Goma 5 mégawatts », a précisé le sénateur Adambu, relevant que le pétrole de la Cuvette centrale n’a pas encore eu des preneurs.Il s’est posé la question de savoir pourquoi le gouvernement n’attire pas les investisseurs dans l’exploitation du pétrole de la Cuvette centrale et s’arrête de soulever des questions de fonds sur le plateau continental.

Retrait de l’Accord de ZIC

De son côté, le sénateur Raphaël Siluvangi a noté que le gouvernement ne va pas mettre en place des appels d’offre restreints, au motif qu’il expédie les affaires courantes.« Au Congo central, l’Angola exploite le pétrole du plateau continental. Ce n’est pas une malédiction pour la RD Congo, qui est absente dans l’exploitation du pétrole, en mer, exploitée par l’Angola et le Rwanda ! », a interpellé Raphaël Siluvangi.

« Qu’en est-il du dossier de notre plateau continental déposé auprès des Nations Unies sur la mer ? », a encore interrogé le sénateur qui s’est donné la peine d’écrire à la COHYDRO pour transmettre les documents sur le plateau continental que cette entreprise commerciale a qualifié de « secrets ».

« Le Congo s’est retiré de cet accord le ZIC (Zone d’intérêt commun), en payant 150 millions USD auprès des sociétés privées », a-t-il regretté.

Secteur privé

« Il faut aider le secteur privé à participer à la production des richesses pour réduire la pauvreté d’ici à l’horizon de l’émergence en
2030 », a estimé le sénateur Thekis Mulaïla dans son intervention au débat parlementaire.

« Il faut créer, telle que proposée à l’époque, une cellule technique de passation des marchés dans chaque ministère », a-t-il rappelé.« Nous sommes dans un pays convoité. Avec le programme intégrateur PPP
(Partenariat public-privé), la RDC est devenue un pays moderne qui doit apprendre à chercher les ressources financières, en respectant les procédures du marché et à se diriger vers le droit chemin », a laissé entendre le sénateur Mulaïla.

« Le recrutement d’une société pour l’exploitation sécurisée du gaz méthane du Lac Kivu a été fait conformément aux lois et textes réglementaires en matière de passation des marchés publics », a rassuré le ministre dans sa réponse à la question orale.

Le gouvernement va procéder au lancement d’appels restreints pour les trois blocs Makelele, Lwanjofu et Idjwi, a-t-il annoncé, soutenant que l’Agence de régulation des marchés (ARMP) avait recommandé la réévaluation combinée des offres techniques et financières.

Le 27 avril 2016, à Goma, les autorités de deux pays avaient installé le Comité bilatéral ad hoc RDC-Rwanda chargé de la surveillance de l’exploitation sécurisée de ce gaz méthane.

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