samedi , 7 novembre 2020
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"Joseph KABILA" et Yoweri MUSEVENI
"Joseph KABILA" et Yoweri MUSEVENI

RDC : La CENI est sous la tutelle de la présidence de la République

Joseph Kabila a annoncé que les élections ne pourraient avoir lieu qu’après les opérations d’enrôlement des électeurs. C’était en marge d’une conférence de presse qu’il a animée conjointement avec son homologue ougandais Yoweri Museveni, dans la localité ougandaise de Kasese. Il n’en fallait pas plus pour enflammer le microcosme politique congolais, d’autant plus que cette institution d’appui à la démocratie n’est pas sous la tutelle de la présidence de la République. Quand on pense que la CENI ne peut techniquement boucler la révision du fichier électoral en moins de 16 mois, la conséquence immédiate à en tirer est que l’élection présidentielle ne peut pas être organisée avant 2018. Et si le cycle électoral doit obéir, comme ne cesse de l’exiger la Majorité présidentielle, au schéma du calendrier global publié en février 2015, avec les élections locales comme «tête de liste», le scrutin présidentiel ne pourrait intervenir, au mieux, qu’en 2019. C’est grave d’avoir un tel président incompétent qui ne sait pas pourquoi il est président et le rôle d’un président de la république. Il doit dégager cette année…

Ce n’est pas la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) mais bel et bien le Président de la République, Joseph Kabila, qui a annoncé que les élections ne pourraient avoir lieu qu’après les opérations d’enrôlement des électeurs. C’était en marge d’une conférence de presse qu’il a animée en fin de semaine dernière conjointement avec son homologue ougandais Yoweri Museveni, dans la localité ougandaise de Kasese.

Il n’en fallait pas plus pour enflammer le microcosme politique congolais, d’autant plus que cette institution d’appui à la démocratie n’est pas sous la tutelle de la présidence de la République. Quand on pense que la CENI ne peut techniquement boucler la révision du fichier électoral en moins de 16 mois, la conséquence immédiate à en tirer est que l’élection présidentielle ne peut pas être organisée avant 2018. Et si le cycle électoral doit obéir, comme ne cesse de l’exiger la Majorité présidentielle, au schéma du calendrier global publié en février 2015, avec les élections locales comme «tête de liste», le scrutin présidentiel ne pourrait intervenir, au mieux, qu’en 2019.

Autrement dit, le « glissement » que le Chef de l’Etat et sa famille politique n’ont pu obtenir ni par le référendum constitutionnel, ni par la révision de la loi électorale, ni par la révision de la Constitution et encore moins par une nouvelle transition, serait dans le sac, à moindre frais.

Mathématiquement parlant, le mandat du Président de la République est automatiquement prolongé d’au moins trois ans. Les députés nationaux voient la durée de leur mandat portée à 8 ans. Avec leur nouveau bonus de 3 ans, les députés provinciaux, les sénateurs et certains gouverneurs de provinces vont se taper 13 ans.

La question de fond reste de savoir si une prolongation du mandat présidentiel ainsi que de ceux des parlementaires et des gouverneurs de provinces de trois ans est la thérapie requise pour résoudre la crise politique congolaise. Manifestement, ce n’est pas l’option souhaitée pour désamorcer la bombe politique et sociale qui couve depuis novembre 2011.

L’autre interrogation qui continue de hanter les esprits consiste à savoir à quoi servirait encore le dialogue politique pour lequel le Chef de l’Etat avait passé la moitié de l’année 2015 à consulter toutes les forces vives de la Nation, allant jusqu’à dépêcher ses émissaires à Venise (Italie) et Ibiza (Espagne) pour convaincre l’UDPS et Etienne Tshisekedi d’y prendre part. Que deviennent le Facilitateur Edem Kodjo et le Groupe de Soutien des Nations Unies, de l’Union Européenne, de l’Union Africaine et de l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui se démènent depuis décembre 2015 pour éviter un « glissement » de calendrier électoral ou, à défaut, amener la Majorité Présidentielle et l’Opposition à adhérer à un schéma consensuel de prolongation des mandats du Président de la République, des sénateurs et députés ?

Ce qu’il faut craindre à présent est que le dialogue se transforme en véritable coquille vide et que la RDC ne fasse une entrée brutale dans une nouvelle spirale d’interminables contestations de la légitimité des animateurs des institutions de la République. Le sentiment de non respect de la Constitution par Joseph Kabila et son camp politique en matière de fin de mandat présidentiel et par ricochet d’alternance démocratique au sommet de l’Etat risque d’être si fort que le fossé de la méfiance va s’élargir davantage entre la Majorité présidentielle et l’Opposition. Comme le relevait il y a peu un éminent député, l’objectif du dialogue serait-il de prévenir le chaos ou de l’accompagner ? Par le temps qui court, la RDCongo a-t-elle besoin d’une nouvelle division de ses fils et filles ou de l’apaisement des cœurs et des esprits à travers un compromis politique autour du processus électoral ?

[Kimp]

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