samedi , 7 novembre 2020
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RDC : L’avenir semble prometteur… ?

L’ingéniosité de plusieurs congolais n’est plus à prouver. Ils écrivent sur leur pays pour participer à la réécriture de son histoire. Ils diversifient les sources d’informations en créant des médiats alternatifs aux médias dominants. De plus en plus, ils fabriquent eux-mêmes des documentaires permettant une lecture responsable de l’histoire, de la géopolitique et la géostratégique au Congo-Kinshasa. Les résultats produits par ce travail intellectuel ne tarderont pas sont de plus en plus visibles. Une certaine jeunesse congolaise (et africaine) commence à penser différemment sur les questions liées au Congo-Kinshasa et à l’Afrique. L’avenir semble prometteur…Cette jeunesse doit avoir compris que le Congo-Kinshasa et l’Afrique ne doivent cesser d’ être composés de ‘’populations esclavagisées’’.

Après la mise sur Internet de plusieurs documentaires sur le Congo-Kinshasa, Jean-Luc Kienge vient d’en ajouter un, riche en leçons d’histoire, de géopolitique et de géostratégie. Du point de vue de la richesse de son contenu, nous estimons que ce documentaire en six épisodes est comparable à ‘le conflit au Congo. La vérité dévoilée’’[1], à ‘’L’Afrique en morceaux’’[2], et à ‘’ Rwanda’s untold story’’[3].

Jusqu’à présent, nous n’avons vu que 5 épisodes de ce documentaire. Toutes confirment la thèse de son commentateur. La voici :

« À travers le monde, nous avons deux sortes de peuples, les peuples libres et les peuples esclaves. Les peuples libres sont ceux qui peuvent se doter des chefs, non seulement ils les choisissent, mais ils peuvent aussi contrôler leur gestion, et ils peuvent aussi sanctionner cette gestion. Les sanctionner de manière politique par les élections. Quand on réélit un gouvernement c’est pour dire qu’il a bien géré et quand on élit un autre, c’est pour dire que le précédent n’était pas bon ou, d’une manière juridique, vous gérez mal, vous êtes jugés et, au besoin la justice vous condamne. Tandis que les peuples esclaves ne peuvent pas se choisir des chefs, ils ne peuvent pas faire les lois, ils obéissent aux lois qu’on leur impose par leur maitres (sic) et ils ont des chefs qui sont, généralement, des esclaves parmi tant d’autres, choisis pour les gérer et souvent c’est ça la réalité de la plupart des pays africains dont fait partie la République Démocratique du Congo. » Cette thèse est partagée par plusieurs compatriotes (dont Mufoncol Tshiyoyo), même si elle peut être un peu revue à partir de la lecture de certains livres publiés par ‘’les citoyens issus des peuples dits libres’’[4].

Dans un texte publié sur son blog vendredi (05/02/2016), Mufoncol Tshiyoyo abonde à peu près dans le même sens que le commentateur du documentaire intitulé ‘’Joseph Kabila et la tragédie congolaise’’. Il écrit : « Qui parle d’abolition de l’esclavage quand l’esclavage a juste changé de forme. L’esclave est gardé chez lui, la nouvelle plantation, et où il sert mieux et plus. C’est ainsi que la RD-, il en est de même d’autres d’Afrique, sert de champ de coltan, d’uranium, de cuivre, de diamant, du bois, etc. Et des Congolais, ces nouveaux esclaves, travaillant mieux et produisant pour les maîtres et ce sont les mêmes. L’esclave a un drapeau, il a une hymne nationale, il bat ce qu’il considère être sa propre monnaie, mais dans un système où aucun espoir ne lui est permis. C’est pour dire qu’Il a juste suffi de modifier les conditions de l’esclave et de l’esclavage pour empêcher le nouvel esclave, le même, de ne rien pressentir. »

Le constat de Mufoncol Tshiyoyo peut être fait en regardant attentivement ce documentaire. Une inculture historique et une amnésie collective conduisent les Zaïro-Congolais à ne pas identifier ‘’les acteurs pléniers’’ de la tragédie congolaise. Ils ont de la peine à maîtriser la logique traversant le colonialisme, le néocolonialisme et la mondialisation ultralibérale. Instrumentalisés par les médias dominants, ils n’arrivent pas à se faire à l’idée qu’ils sont méprisés et niés dans leur dignité d’être humains par la logique raciste qui est au cœur de ces paradigmes négatifs et de leur néantisation. Ne pigeant pas grand-chose à la politique du ‘’diviser pour régner’’, ils sont prêts à verser dans le larbinisme tout en s’en prenant à leurs compatriotes. Ils n’arrivent pas à comprendre que pris au piège de la logique raciste et du mépris, ils ne peuvent pas devenir ‘’les donneurs de vie’’ à leur peuple. Et comme le dit si bien Camille Tshimanga dans le documentaire susmentionné, « dès que vous commencez à donner à votre peuple le droit à la vie pour qu’il cesse d’être esclave, vous n’êtes plus l’homme qu’il faut. On va vous chasser pour vous remplacer par un autre esclave parmi les autres esclaves pour faire le travail du maître… » L’inculture géopolitique et géostratégique de plusieurs compatriotes les ont conduits à avaliser un ‘’faux processus de démocratisation’’ en plébiscitant ‘’un Cheval de Troie’’ du Rwanda et de ‘’la communauté internationale’’ en 2001 après l’assassinat de Mzee Laurent-Désiré Kabila et en 2006 au cours des ‘’élections-pièges-à-cons’’.

Certains de ces compatriotes ont avoué avoir menti à nos populations sans qu’ils se départissent de leur rôle de ‘’larbins’’ et de ‘’nègres de service’’ ou de ‘’négriers des temps modernes’’. Pour eux, la relecture conséquente de notre histoire immédiate et collective est le moindre des soucis. Ils sont tellement des ‘’esclaves volontaires’’ qu’ils ont peur de rompre avec ‘’le larbinisme’’. Triste !

Mentionnons que le documentaire intitulé ‘’Joseph Kabila et la tragédie congolaise’’, à son cinquième épisode, n’a pas encore dit comment ce ‘’Cheval de Troie’’ participe de l’extermination des Congolais(es) après avoir été imposé au Congo-Kinshasa par ‘’la communauté internationale’’. Relisant Charles Onana, Luc Michel[5] nous rend un service énorme en écrivant ce qui suit :

« « Pour les dirigeants de Bruxelles, les millions de morts du Congo ont nécessairement moins d’importance que les « 800.000 » victimes tutsi du Rwanda. Ces victimes congolaises ont d’autant moins d’importance que leurs bourreaux sont précisément des rebelles tutsi du Rwanda. C’est ce parti pris obscène qui choque aussi les Congolais. Une victime quelle que soit son origine ethnique, son appartenance religieuse ou sa couleur mérite d’être considérée et respectée. Ce n’est pas le cas actuellement dans les Grands Lacs. Les victimes congolaises et hutu ne sont pas traitées à égalité avec les victimes tutsi, et ce, depuis bientôt vingt ans. Cela est inacceptable, pervers et dangereux pour l’avenir et pour l’histoire. Le comportement des dirigeants européens et celui des organisations internationales est, dans cette tragédie, contraire aux principes d’équité, d’impartialité et d’égalité de traitement » – Charles Onana.

L’UE mise en cause dans une perspective globale

Peu de journalistes, encore moins d’historiens ont analysé le génocide rwandais dans la perspective géopolitique globale de la déstabilisation de la région des Grands Lacs et de sa recolonisation rampante.

Mettre en rapport le génocide rwandais – élément déclencheur qui a permis l’arrivée au pouvoir de Kagame –, la crise du Congo, le régime Kabila, la crise de la région des grand lacs, et le régime Kagame qui en est l’acteur majeur, avec ses complicités dans l’UE et en Occident : c’est ce que fait le livre de Charles Onana, journaliste d’investigation franco-camerounais. Dont nous partageons les analyses.

« Je ne comprenais pas pourquoi l’Europe, qui prône la défense des droits humains et de la démocratie, s’accommode tant du trucage des élections au Rwanda et en RDC et de la violation des droits de la personne dans ces deux pays, dit-il. Je m’étonnais aussi du silence persistant en Europe sur le harcèlement des militants des droits humains et leur assassinat tant au Rwanda qu’en RDC. J’ai donc décidé d’enquêter dans « l’arrière-cuisine » de la diplomatie européenne ».

A partir des notes internes du Conseil de l’Europe, des rapports restreints de la Commission Européenne et des confidences de diplomates et de hauts fonctionnaires européens, Charles Onana dans son livre EUROPE, CRIMES ET CENSURE AU CONGO (Editions Duboiris) (1) apporte de nombreuses preuves sur la bienveillance des institutions européennes à l’égard du régime de Paul Kagame dans ses actions criminelles en RDC.

Dans ce livre riche en révélations et documents inédits, on découvre notamment :

  • Comment Joseph Kabila a été imposé à la tête de la République Démocratique du Congo (RDC) en 2006 par George Bush et de Jacques Chirac au moyen d’élections truquées et financées par l’Union Européenne (UE) ;
  • que la condition exigée à Joseph Kabila pour rester au pouvoir était qu’il se taise sur les incursions rwandaises à l’Est de la RDC et sur les atrocités commises par les hommes de Kagame ;
  • que malgré la multiplication des rapports internes attestant clairement de la présence des soldats rwandais à l’Est de la RDC, l’UE nie officiellement l’invasion du Congo par le Rwanda et censure tout discours mettant en cause Paul Kagame et ses hommes ;
  • que l’Union Européenne a dépensé plusieurs millions d’ euros pour bâtir une armée congolaise avec des truands, des violeurs et des criminels contre l’Humanité, malgré les inquiétudes de certains hauts fonctionnaires sur ce « brassage » périlleux.

Au terme de cette enquête délicate et dérangeante, qui nous mène des bureaux feutrés de Bruxelles, où l’on étouffe surtout les scrupules, aux dangereuses forêts de l’Est du Congo peuplées de réfugiés, de tortionnaires, d’enfants-soldats et de chercheurs de coltan, en passant par les salles de réunion de l’ONU, on mesure à quel point l’écart est grand entre les valeurs proclamées par l’Union Européenne et la réalité de ses interventions sur le terrain. Un tableau terrifiant qui met à mal le prestige des institutions européennes, qui pose questions sur l’idéologie de l’UE et qui peut légitimement inquiéter le contribuable européen quant au bien-fondé et aux véritables objectifs de la diplomatie de Bruxelles en Afrique et au Congo.

« L’Union européenne censure l’implication du Rwanda dans la crise congolaise »

Lors d’une interview exclusive accordée à JamboNews à Bruxelles (2), Charles Onana, avait répondu aux questions autour de son livre consacré à la RDC et au Rwanda. Il a notamment évoqué le rôle du Rwanda dans la crise congolaise ainsi que le silence de l’Union européenne au vu de tous les épisodes tragiques observés en République démocratique du Congo depuis le début des hostilités en 1996.

Charles Onana part d’une constatation simple selon laquelle l’Union européenne parle moins de l’implication du Rwanda dans les conflits armés qui secouent le Congo. Tout récemment, suite aux rapports des experts de l’ONU accusant le Rwanda de soutenir des rebellions en RDC, Charles Onana dit avoir constaté que le discours de l’Union européenne ménageait beaucoup Kigali et l’épargnait d’une interpellation directe sur son rôle dans la déstabilisation de la RDC. « C’est la raison pour laquelle j’ai enquêté sur les processus de décision au sein de l’Union européenne. Qui influence qui et dans quel but ? » a t-il notamment déclaré.

Dans le cadre de ses investigations, Charles Onana confie avoir obtenu plusieurs documents tenus secrets des institutions européennes, documents parfois issus des rapports des envoyés spéciaux de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs. Sans doute des pièces à conviction. « En effet, ces documents n’étaient pas destinés à être rendu public. En ayant ces documents, j’ai pu reconstituer les pièces manquantes du puzzle. En outre, les témoignages des diplomates m’ont aidé », a indiqué Charles Onana. Ce dernier a également révélé l’échange qui a eu lieu en 2003 entre le président de la RDC Joseph Kabila et Javier Solana, Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne.

Selon Charles Onana, Joseph Kabila avait écrit à Javier Solana pour mettre en place une police intégrée en vue d’assurer la sécurité du processus électoral en RDC. Onana déplore que cette initiative ne fût guère pour l’intérêt de la population congolaise. Décriant par ailleurs la passivité et l’incompétence de Joseph Kabila, Charles Onana a affirmé que le président congolais est une émanation de l’AFDL et du Rwanda.

Kagame, ombre et lumière

Côté lumière, le président Kagame est largement crédité de la spectaculaire transformation du pays depuis 20 ans avec une incontestable réussite économique et la forte éradication de la corruption. Dévasté et traumatisé lorsque les rebelles du FPR prirent le pouvoir en 1994, mettant fin à un génocide qui venait de faire environ 800.000 morts essentiellement dans la minorité tutsi, le Rwanda a enregistré ces dernières années la croissance la plus forte d’Afrique de l’Est.

Mais détracteurs du régime et observateurs dénoncent un monopartisme de fait – bien que onze partis soient enregistrés officiellement – et l’absence de liberté d’expression. Côté ombre, les critiques visent la démocratie de façade, mais aussi et surtout la politique extérieure du régime Kagame et ses interventions chez ses voisins. Et particulièrement le rôle du Rwanda dans la crise congolaise.

Ainsi Charles Onana met en cause à la fois l’interventionnisme déstabilisateur du Rwanda dans la région des Grands Lacs et singulièrement au Congo (RDC), mais aussi son rôle comme agent des multinationales… »

Vouloir bâtir sur ‘’le faux’’, c’est-à-dire sur ‘’une démocratie de façade’’, semble être le théâtre politique où ‘’les négriers des temps modernes’’, en costume et cravate, sont en train d’entraîner nos populations. (à suivre)

[Mbelu Babanya Kabudi] [1] https://www.youtube.com/watch?v=NMtgHzXZnIg
[2] https://www.youtube.com/watch?v=QaJu_AiqULU
[3] http://vigile.net/Appel-pour-la-verite-et-la-justice
[4] Lire P. de Villiers, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Paris, Albin Michel, 2015. Suivre ce entretien : https://www.youtube.com/watch?v=Ppiqbjix7JA. Lire aussi A. Deneault, La médiocratie, Québec, Lux, 2015.
[5] # Eode Think Tank / Géopolitique & Idéologies / Du génocide rwandais au millions de morts du Congo: Manipulations et responsabilités occidentales| Luc Michel’s Transnational Action

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