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« Joseph KABILA » : 15 ans d’imposture et des mensonges

Absence de stratégies, manque d’anticipation, jusqu’auboutisme aveugle … sont là quelques-unes de nombreuses « fautes » commises par la Majorité présidentielle ces 15 dernières années. Elles sont susceptibles d’annihiler les hauts faits d’armes engrangés par le fils à M’zee depuis sa prise de pouvoir en janvier 2001. Face au bilan de son règne, Joseph Kabila risque de paraitre comme un homme bien seul.

« Notre plus grande erreur, c’est que nous n’avions pas trouvé assez de temps pour transformer et former nos propres cadres. On n’a pas besoin d’un millier de personnes pour transformer un pays. Non, on n’a besoin que de 3, 4, 10, 15 personnes avec des convictions, déterminées et résolues. Ai-je ces 15 personnes? Probablement, 5, 6, 7 mais pas encore 15 », s’était désolé Joseph Kabila dans un entretien au journal américain New York Times, publié le 15 avril 2009.

Le président de la République s’était ainsi plaint de n’avoir pas suffisamment de compétences susceptibles de l’aider à transformer en profondeur la République démocratique du Congo. Depuis ces déclarations, Joseph Kabila ne s’est jamais dédit

La RDC dans l’impasse ?

A scruter de près la situation sociopolitique de la RDC à l’aube de 2016, censée être une année de la fin du deuxième et dernier mandat présidentiel de Joseph Kabila, on note que le pays est dans une impasse : pas de calendrier électoral ; pas d’argent pour financer le cycle complet des élections ; le clivage politique est à son comble ; risque d’affrontement entre forces politiques ; faiblesse des Institutions de la République ; réduction des droits et des libertés des personnes ; le programme quinquennal du gouvernement ne devrait être atteint qu’à 60 % ; l’insécurité persiste dans la partie Est du pays. Comme si cela ne suffisait pas, Kinshasa est en froid avec la communauté internationale. Tous ces éléments mis ensemble placent la RDC dans une incertitude.

Seul face à son bilan

Quelle que soit l’incertitude qui plane sur 2016, cette année reste celle du bilan du chef de l’Etat de son deuxième et dernier mandat constitutionnel. Il est le seul qui devra défendre son bilan devant le peuple.

Sachant que l’œuvre politique n’est pas solitaire, peut-on se demander si la situation calamiteuse dans laquelle se trouve la RDC atteste bien que le chef de l’Etat n’est jamais parvenu à trouver des collaborateurs suffisamment outillés, qu’il cherche depuis 2009, et qui auraient pu lui dispenser d’un si sombre tableau ?

En effet, ces deux dernières années, la Majorité présidentielle a commis tellement de fautes d’appréciation que le président aura du mal à normaliser la situation sans y laisser des plumes.

Déjà, l’année 2016 s’annonce agitée. La Majorité présidentielle devrait éviter les fautes commises en 2015 et imaginer d’autres stratégies de gestion des situations susceptibles de provoquer des affrontements sur la place publique.

Dès lors, la décision de la Majorité présidentielle d’organiser une marche le 16 février 2016 pour contrer celle programmée le même jour par l’Opposition politique serait une « faute » que le pouvoir devrait éviter. Puisque, en cas de dégâts collatéraux, ceux-ci seraient mis à charge du chef de l’Etat en tant que « garant de la nation ».

Tout autant, le refus du gouvernement de faire mea culpa, en reconnaissant sa « responsabilité » de n’avoir pas mis de côté des fonds prévus dans les différents budgets depuis 2012, est aussi une « faute » de stratégie. A l’analyse, on se rend compte que le pouvoir a commis plus de bourdes en 2 ans que durant les 13 premières années du régime Joseph Kabila.

Les hauts faits du Raïs

Arrivé au pouvoir le 26 janvier 2001, Joseph Kabila a promis de s’investir dans la pacification et la réunification de la RDC. Il a accepté la tenue du dialogue inter congolais de Sun City alors qu’il n’en était pas l’initiateur.

Bien plus, le Raïs a accepté les résolutions du dialogue inter congolais, notamment le partage de son pouvoir avec 4 vice-présidents de la République dans une transition de 2003 à 2006. Un acte d’humilité qui sera salué dans l’histoire politique de la RDC.

Durant les 5 premières années de son règne, Joseph Kabila a su maitriser des situations plus catastrophiques que celles que la RDC vit maintenant. Il a convaincu les partenaires extérieurs dans la reprise de la coopération structurelle avec les institutions de Bretton Woods. Et l’économie du pays a connu une croissance continue pendant plus de dix ans.

Il a pu organiser, par deux fois, les élections démocratiques en RDC, même si elles ont été entachées d’irrégularités. En 2006, en tant que président élu, il est allé saluer le perdant Jean-Pierre Bemba dans sa résidence privée à Gombe. Faisant ainsi montre d’un sens élevé d’humilité.

Pendant toute cette période, on sait qui entouraient le président de la République. Ils n’étaient pas 5 conseillers connus sur qui le chef de l’Etat comptait. On sait que Guillaume Samba Kaputo et Augustin KatumbaMwanke étaient les hommes clés du Raïs. Sans oublier Vital Kamerhe qui a joué un rôle non moins négligeable dans son élection de 2006.

Et, puis, patatras. L’absence de ces conseillers de poigne se remarque par les « fautes » que sa famille politique ne cesse de commettre ces derniers temps. Le pouvoir réagit aux évènements alors qu’il a tous les moyens légaux de les prévenir.

Au regard de la situation bouillante de la RDC, on est en droit de dire que ce qui se passe actuellement est la preuve que le président de la République n’est pas suffisamment aidé. C’est un homme seul. 2016 aurait pu être une année paisible pour le chef de l’Etat. Malheureusement, plusieurs problèmes minent le pays tant à l’interne qu’à l’externe.

L’impuissance des animateurs des institutions

A ce jour, la CENI est incapable de produire un calendrier électoral. Le financement des élections passe pour une montagne infranchissable pour l’Exécutif national alors que « gouverner, c’est prévoir ».

De son côté, le parlement a failli dans la mise en place des lois nécessaires pour la tenue, dans le temps, des élections. Ce même parlement s’est compromis dans des votes de certaines lois, notamment la loi sur la répartition des sièges qui est totalement en déphasage avec la sociologie électorale.

Surtout, le Parlement ne s’est jamais fait violence pour sanctionner « son » gouvernement. En 2014, le gouvernement a exécuté 1 milliard Usd de projets hors budget sans qu’un de ses membres « coupable » ne soit sanctionné.

Au lieu d’être un temple de la démocratie, l’Assemblée nationale est devenue un lieu par excellence de la dictature de la Majorité. Plusieurs lois importantes, nécessitant un compromis entre forces politiques, ont été votées sans la participation des députés de l’Opposition.

Or, toutes ces « fautes » n’incombent pas directement au chef de l’Etat mais à ses collaborateurs qui ont bafoué des valeurs de la démocratie et de bonne gouvernance. Au point qu’à l’Assemblée nationale, notamment, les députés de la Majorité et de l’Opposition se regardent en chiens de faïence.

L’« erreur » du chef de l’Etat c’est de ne pas avoir sanctionné tous ces mauvais agissements de sa famille politique, en dépit de maigres résultats dans ses différentes stratégies. Tenez.

Les concertations nationales, convoquées tambour battant en 2013, n’ont accouché que d’une petite souris au point que la Majorité elle-même est incapable d’élaguer même les 100 mesures prioritaires.

Les coups bas s’accumulent

Erigée en « véritable dialogue » devant traiter de tous les sujets sans tabou, les Concertations nationales sont jetées dans les oubliettes. Ironie du sort, la Majorité présidentielle, qui hier était opposée à un dialogue inclusif dans le cadre de l’Accord Addis-Abeba, en devient la défenseure acharnée au point de l’ériger en « passage obligé » pour l’avenir de la RDC. Ce, au grand dam des institutions de la République rendues inopérantes avant la tenue du dialogue.

Les coups bas deviennent monnaie courante. Le député national Charles MwandoNsimba a été empêché de se rendre dans son fief de Moba au Katanga alors qu’il est en pleine vacances parlementaires. Le jet privé de Moïse Katumbi a été empêché d’atterrir à l’aéroport de la Luano en mi-janvier, sans aucune raison. L’ex-gouverneur du Katanga était obligé de regagner la capitale du cuivre par un vol régulier.

Le parti politique « Envol » de Delly Sesanga a été empêché de tenir son congrès politique à Nioki dans la province du Kwango. Tout le monde assiste médusé au dédoublement des partis politiques en violation de la loi. Tous ces faits attestent de la restriction des droits et libertés des personnes alors que la RDC ne se trouve ni en Etat d’urgence encore moins en Etat de siège.

A cause de toutes les « fautes » de la Majorité présidentielle, le chef de l’Etat hérite d’un pays sur pied de guerre. Tous ceux qui n’acceptent pas le dialogue sont taxés de « comploteurs contre la République ».

La Majorité présidentielle promet même que « s’il n’y a pas le dialogue, ça serait le chaos ». Un slogan qui rappelle mieux le livre du professeur Boshab intitulé « La révision constitutionnelle ou l’inanition de la nation ».

[Amédée Mwarabu Kiboko]

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