samedi , 7 novembre 2020
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Une transition en RDC relève de l’utopie

A l’approche du dialogue national dont l’organisation demeure encore un suspense, certains acteurs politiques perdent de plus en plus la tête. C’est le cas notamment des membres d’une petite frange de l’opposition dite  » opposition nationaliste « . Ceux-ci viennent de se retrouver quelque part à Kinshasa pour réfléchir sur le sujet qu’ils veulent soumettre au débat lors du dialogue national. Il s’agit de la proposition d’instaurer une énième transition en République démocratique du Congo (RDC) alors que depuis les élections de 2006, le pays est inexorablement entré dans la phase de démocratisation qui ne doit en aucun cas être remise en question. Après la longue transition post Conférence nationale souveraine (CNS), parler encore d’une transition en RDC relève de l’utopie.

Ce qui étonne plus d’un Congolais lucide dans cette prise de position de ceux qui se réclament de l’opposition nationaliste, c’est le fait qu’ils n’aient pas tenu compte de la désapprobation générale qui a suivi la déclaration de Ne Muanda Nsemi sur ce même sujet et qui lui a coûté son avenir politique.

Ce qui est aussi surprenant c’est le fait que ces acteurs politiques aient oublié que la Majorité présidentielle et l’Opposition avec l’UDPS en tête se sont accordées sur le principal objet de ce forum à savoir : le processus électoral. Qu’aujourd’hui les membres de la sous plate-forme dite opposition nationaliste viennent soulever une question totalement dépassée au sein de l’opinion congolaise, prouvant à suffisance qu’ils sont tout simplement déconnectés de la majorité populaire. De là conclure qu’ils ne sont que des opportunistes en quête du sensationnel il n’y a qu’un pas que nous pouvons vite franchir.

En effet, lorsque ces gens proposent qu’au terme du dialogue national, il y ait formation d’un gouvernement de transition présidé par un Premier ministre issu de l’Opposition, ils soulèvent là inconsciemment ou par ignorance la délicate question de la révision constitutionnelle qui a fait couler tant de salive et d’encre, et même de sang dans le pays.

Par rapport à quel article de l’actuelle constitution ce groupe de politiciens se réfèrent-ils pour faire une proposition si abracadabrante ? C’est tout de même curieux de la part des gens qui tiennent mordicus au respect de la constitution et qui vouent aux gémonies les membres de la Majorité présidentielle (MP) accusés de vouloir tripatouiller la loi des lois, de se fourvoyer de cette manière-là. Ce genre de proposition réconforte davantage la position de ces politiciens qui rejettent le dialogue au motif que derrière ce forum se cachent des velléités du fameux glissement auquel veulent aboutir quelques opportunistes en quête du bien-être personnel.

Les propos de ceux qui se réclament de l’opposition nationaliste révèlent que ce n’est pas uniquement du côté de la MP qu’il faut chercher les  » révisionnistes  » , mais aussi dans le camp de ceux qui se disent officiellement opposés à la Kabilie. Ce sont ces situationnistes qui, le jour disent une chose, et la nuit se retrouvent dans certaines officines pour percevoir des prébendes.

De quelle opposition viendrait ce Premier ministre ?

L’histoire récente des oppositions congolaises ou mieux ex-Zaïroises renseigne qu’à chaque fois que le Maréchal voulait diviser ceux qui contestaient son pouvoir, il recourait à des débauchages dans leurs rangs. Rappelons-nous des épisodes Birindwa, Nguz-a-Karl I Bond et la troisième voie avec Léon Kengo wa Dondo.

En ce temps-là, il n’y avait pas une constitution au vrai sens du terme. Le dictateur pouvait se permettre n’importe quoi. Mais depuis 2006, la RDC est dotée d’une loi suprême que personne ne doit violer au risque d’être accusé de haute trahison. Les  » opposants nationalistes  » veulent-ils pousser le président de la république à une telle infraction ? Personne ne leur donnera pareille opportunité.

D’ailleurs, en leur sein, des voix se sont élevées pour dénoncer cette proposition considérée comme une imposture. Il est évident que dans les jours à venir cette petite sous plate-forme va imploser comme l’ont été bien d’autres avant elle. Lorsqu’on manque d’idéal dans la vie, on ne doit que connaître pareille mésaventure.

Mais en tout état de cause, si par malheur le rêve de ces illuminés devenait une réalité, dans quelle opposition le chef de l’Etat puiserait-il ce Premier ministre ? Car la constitution actuelle stipule que c’est au sein de la majorité parlementaire que le Président de la république désigne le chef du gouvernement. Comme on le voit, cette voie des  » opposants nationalistes  » compliquerait davantage la situation précaire de la RDC plus qu’elle ne la résoudrait.

A ce propos, le bon sens veut qu’au lieu de provoquer des remous inutiles au sein de la population avec des propositions aussi farfelues, la classe politique (si nous en avons encore une) devrait se faire violence pour adopter un calendrier électoral réaliste afin de doter le pays des dirigeants ayant une légitimité incontestable. Agir autrement notamment en mettant en place une transition avec un gouvernement dirigé par un Premier ministre issu de l’opposition serait planter le décor de l’inanition de l’Etat congolais avec toutes les conséquences possibles et inimaginables, des dégâts collatéraux incommensurables.Le jugement de la postérité sera implacable pour les auteurs d’une telle forfaiture.

[Rombaut Ot]

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